"La dette, c'est chacun d'entre nous": Bayrou déplore un endettement "consommé en dépenses courantes et protection des concitoyens"

C'est un "danger immédiat". Le Premier ministre François Bayrou alerte une nouvelle fois sur le surendettement qui guette la France, indiquant que la dette a augmenté de 2.000 milliards d'euros ces vingt dernières années. "Les sommes que nous devons rembourser chaque année ont inexorablement augmenté dans l'indifférence générale. (…) Notre pays est en danger car nous sommes face au risque du surendettement", a mis en garde François Bayrou au cours d'une conférence de presse ce lundi.
"La dépendance à la dette est devenue chronique en France (…) et cet argent n'a pas été utilisé comme il aurait fallu", a-t-il ajouté.
Selon le Premier ministre, "la charge de la dette va devenir cette année le budget le plus important de la Nation". "Et ça va croître chaque année", prévient-il. François Bayrou chiffre à 60 milliards d'euros la charge de la dette pour l’année 2024, 66 milliards pour cette année et 75 milliards "au mieux" pour 2026, voire 107 milliards en 2029 "si nous ne corrigeons pas". Il regrette que sur les 50 milliards d'euros de richesses nouvelles produites par la France, 10 milliards "sont captés par la charge de la dette".
"La France ne peut pas ignorer ce danger, elle ne peut pas ne rien faire, elle court à l'accident si elle ne prend pas des décisions courageuses mais encore supportables qui s'imposent", a-t-il martelé. "La mauvaise dette chasse la bonne."
"Il aurait pu y avoir une dette utile"
Le Premier ministre a également tenu à mettre l'ensemble des Français face à leurs responsabilités : "Cette dette colossale a été année après année consommée en dépenses courantes et protection de nos concitoyens. Je pense au Covid, aux retraités pour quelques 600 milliards, aux consommateurs en TVA réduites, aux fonctionnaires en salaires, aux assurés sociaux massivement, aux entreprises en baisses de charges."
"La dette, c'est chacun d'entre nous. Et si je m'en réfère aux interventions dans les débats parlementaires, l'immense majorité des interventions étaient pour demander davantage de dépenses, chacun pour le secteur qui les concerne."
François Bayrou regrette aussi que l'endettement français n'ait pas été flêché correctement au cours des dernières décennies : "Il aurait pu y avoir une dette utile [...] Nous n'avons pas choisi l'investissement mais pour l'essentiel pendant des décennies les dépenses courantes." D'autant plus que les conditions d'emprunt étaient plus avantageuses il y a quelques années, avant l'explosion des taux d'intérêt : "Cela signifie qu'il devient trop cher de construire, d'acheter un appartement, qu'il est impossible d'acquérir une voiture ou d'équiper la maison. C'est la conséquence familiale directe. L'explosion c'est l'asphyxie générale de l'économie."
Des économies massives
François Bayrou avait déjà prévenu début août dans sa première vidéo explicative sur Youtube que le surendettement était le principal danger menaçant la France, afin de justifier son plan d'économies et de restrictions budgétaires.
Il avait présenté à la mi-juillet un plan pour économiser 44 milliards d'euros, concernant aussi bien la santé et les collectivités territoriales que le gel des prestations sociales, ainsi que le projet de supprimer jusqu'à deux jours fériés – tout en maintenant l'augmentation du budget de la défense de 3,5 milliards d'euros.