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Finances publiques

Budget 2025: le Haut Conseil des finances publiques juge les prévisions du gouvernement "un peu optimistes"

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L'institution estime que le projet de loi de finances "amorcerait l’indispensable trajectoire de réduction du déficit mais offre peu de marges de sécurité". Elle appelle le gouvernement "à être prêt à prendre les dispositions nécessaires en cas de moins-values de recettes ou de dérapage de certaines dépenses en cours d’année".

Comme l'exige la Constitution, le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 concocté par François Bayrou a été soumis aux experts du Haut Conseil des finances publiques, qui dépend de la Cour des comptes, pour avis.

Pour l'institution, les prévisions de croissance et d'inflation évaluées par le gouvernement, à la base des décisions budgétaires, sont "un peu optimistes".

"Le Haut Conseil estime que la prévision de croissance du PIB pour 2025 (+0,9%), supérieure à celle du consensus des économistes (+0,7%), est atteignable mais un peu optimiste au vu des indicateurs conjoncturels les plus récents. De même, la prévision d’inflation (+1,4%) paraît un peu élevée au vu des tendances récentes et de l’atonie de la demande", peut-on lire.

"La prévision de masse salariale des branches marchandes est un peu optimiste pour 2024 (+3,0%), compte tenu des données déjà disponibles, et pour 2025 (+2,5%), compte tenu du ralentissement de l’activité et de la baisse de l’inflation anticipés en 2025", peut-on lire dans le rapport.

En définitive, le Haut Conseil estime que "ce PLF amorcerait l’indispensable trajectoire de réduction du déficit (6% du PIB en 2024 et 5,4% en 2025), mais offre peu de marges de sécurité. Celle-ci repose en effet sur des mesures à confirmer dans le cadre du débat parlementaire en cours et dans des textes ultérieurs".

Des réductions de dépenses de santé "à étayer"

Explications. "La prévision de déficit repose sur un net ralentissement des dépenses des collectivités locales et une forte maîtrise des dépenses d’assurance-maladie qui doivent être étayées par des mesures plus efficaces que celles qui ont été déployées jusqu’à présent, ainsi que sur une gestion stricte des crédits de l’État", souligne le Haut Conseil.

Et de rappeler que "le respect de la cible de déficit de 5,4 points de PIB cette année, dont l’ambition a déjà été réduite par rapport à l’automne dernier, est un impératif dans le contexte d’urgence lié au dérapage des finances publiques en 2023 et 2024. Compte tenu de l’urgence à réduire le déficit, le Gouvernement doit être prêt à prendre les dispositions nécessaires en cas de moins-values de recettes ou de dérapage de certaines dépenses en cours d’année".

À plus long terme, "il est indispensable que la France tienne son objectif de retour du déficit sous 3 points de PIB en 2029, comme prévu dans son plan budgétaire et structurel à moyen terme, pour garder le contrôle de ses finances publiques et maîtriser son endettement, tout en finançant les investissements prioritaires et en veillant à ne pas affecter son potentiel de croissance".

Gaëtane Meslin avec Olivier Chicheportiche