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"Incurie et gestion chaotique": Stellantis visé par une action de groupe en raison des airbags Takata

Le logo de l'équipementier automobile japonais Takata est visible à côté d'une voiture dans un showroom à Tokyo, le 23 juin 2017.

Le logo de l'équipementier automobile japonais Takata est visible à côté d'une voiture dans un showroom à Tokyo, le 23 juin 2017. - Behrouz MEHRI / AFP

L'association de consommateurs UFC-Que choisir annonce le lancement d'une action de groupe de propriétaires de véhicules équipés d'airbags Takata contre Stellantis.

L'UFC-Que Choisir a annoncé ce mardi 22 juillet avoir lancé une action de groupe visant le constructeur automobile Stellantis pour réclamer le versement d'indemnités aux propriétaires de véhicules équipés d'airbags Takata faisant l'objet d'une immobilisation forcée.

L'association de consommateurs a décidé de saisir le tribunal "afi que les préjudices causés aux automobilistes victimes des rappels sous stop drive (arrêter de conduire, ndlr), opérés depuis 2023 de façon totalement anarchique et déraisonnée, soient réparés", a-t-elle indiqué.

"Nous avons adressé plusieurs mises en demeure au groupe Stellantis pour que l'indemnisation des consommateurs puisse être traitée rapidement, nous n'avons jamais obtenu de réponse précise sur ce point", a estimé Magali Buttard, la responsable juridique d'UFC-Que Choisir, sur BFMTV.

Si l'action de groupe venait à aboutir, Stellantis pourrait être contraint de verser jusqu'à "plusieurs milliers d'euros" à chaque propriétaire concerné, selon Magali Buttard.

L'association demande une série d'indemnités pour divers préjudices, notamment une indemnité journalière pour toute la durée de l'immobilisation du véhicule, pour préjudices moraux subis par les consommateurs "transportés dans des automobiles équipés d'équipements mortels", les frais engagés en location de voiture ou encore les vacances qui auraient été annulées.

Accident mortel

Fin juin, le gouvernement français a ordonné aux constructeurs automobiles toutes marques confondues d'immobiliser 800.000 véhicules supplémentaires équipés d'airbags Takata, potentiellement défectueux, portant à 1,7 million le nombre de véhicules visés par une interdiction de circuler pour cette raison, jusqu'à remplacement du dispositif.

C'est une mauvaise nouvelle de plus pour Stellantis, qui a annoncé lundi une perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre.

Cette décision a été prise après l'accident mortel d'une automobiliste survenu à Reims en raison de l'explosion de son airbag lors d'un choc avec un autre véhicule.

"Ces mesures de stop drive sont les conséquences directes et certaines du manquement, de par l'incurie et la gestion chaotique de Stellantis et Citroën, dans l'exécution de leur obligation générale de sécurité, constituant une faute du constructeur, et ouvrant ainsi le droit à réparation", développe l'UFC-Que Choisir.

Au moins trois des automobilistes tués ces dernières années conduisaient une Citroën C3.

Enquête judiciaire

C'est la première action de groupe intentée en France au sujet de ces airbags défectueux, responsables d'au moins 60 morts dans 11 pays ces 15 dernières années, dont 18 en France.

Aux États-Unis, pays le plus touché avec 28 morts, Ford, Toyota, Honda, BMW, Nissan et Mazda ont versé un total d'1,5 milliard de dollars d'indemnisations aux victimes.

Les airbags Takata sont responsables d'explosions mortelles ou provoquant de graves blessures à cause d'un gaz, le nitrate d'ammonium, qui se dégrade avec le temps, particulièrement dans les climats chauds et humides.

Les coussins de sécurité se déclenchent alors même en cas de collision mineure, provoquant une explosion identique à celle d'une grenade et projetant dans l'habitacle des pièces de métal et de plastique, souvent fatales au conducteur.

L'entreprise japonaise Takata, fabriquant mondialement connu de systèmes d'airbags et de ceintures de sécurité, n'a pas survécu au scandale et a déclaré faillite en 2017.

En France, des juges d'instruction enquêtent sur des soupçons de tromperie aggravée et mise en danger de la vie d'autrui.

P.L avec AFP