Déstockage, occasion... Comment les parents tentent de limiter la facture de la rentrée scolaire

Cette année, le fils de Stéphanie Schreiber redouble sa troisième. Alors pour limiter les effets de la hausse des prix, elle a décidé de miser sur la récupération. "On n'achète que le strict minimum, c'est-à-dire des cartouches d'encres, des effaceurs et quelques cahiers", explique-t-elle. "Pour le reste, on va réutiliser les affaires qui ne sont pas trop usées, notamment pour tout ce qui est classeurs, trousses et sacs."
Car à une semaine de la rentrée et dans un contexte de forte inflation, les mines des parents ne sont pas forcément réjouies dans les rayons des papeteries et des grandes surfaces: à l'image de nombreux autres produits, une "forte" hausse de 4,25% du coût des fournitures scolaires a été constatée par la fédération nationale Familles de France dans sa 38e enquête annuelle sur le coût de la rentrée en classe de sixième.
"L'inflation n'épargne pas l'école et concerne l'intégralité de la scolarité, des fournitures à la restauration", a expliqué Éric Labastie, secrétaire général de la FCPE, première organisation de parents d'élèves.
"Le contexte est particulier", abonde Émilie, qui a dépensé environ 150 euros cette année pour sa fille qui va rentrer en sixième à Arvillard (Savoie). Auparavant, elle avait plutôt l'habitude de débourser une trentaine d'euros. "La nourriture, l'essence, l'électricité, tout a augmenté. Je sens déjà que nous consommons différemment par la force des choses, mais à un moment donné, on ne peut pas faire plus que ce que l'on fait déjà."
"Petits arrangements" pour éviter de surconsommer
Si le ministère de l'Éducation nationale a demandé aux établissements scolaires de "s'attacher à produire des listes de fournitures raisonnables afin de limiter le coût financier pour les familles", Stéphanie Schreiber estime que "les professeurs en demandent toujours beaucoup trop". "Par exemple, chaque année on nous demande des gouaches, mais jamais ils ne les ont utilisées..."
"J'ai appris à déchiffrer les listes", assure-t-elle. "Maintenant je récupère ce que je peux des années précédentes et je n'achète que le strict nécessaire."
"Je préfère attendre que mon fils me réclame en milieu d'année s'il lui manque quelque chose", poursuit la mère de famille installée à Niort (Deux-Sèvres). "Ça permet d'éviter la surconsommation inutile, et puis ça apprend aux adolescents à respecter leur matériel, à en prendre soin pour qu'il dure plus longtemps."
Laëtitia Charfi, Atsem dans une école maternelle du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), ne respecte, elle aussi, plus à la lettre les listes. "Lorsqu'ils demandent un cahier à la couverture noire et qu'il m'en reste à la couverture bleu marine, je ne fais pas la fine bouche. Je fais en sorte de prendre quelque chose qui se rapproche de ce qui est demandé, mais j'adapte, je fais des petits arrangements."
Sauter sur les lots de produits à prix cassés
Pour atténuer la note, Laëtitia Charfi a une autre technique imparable: cette mère de trois enfants de 17, 8 et 5 ans échelonne les achats des produits basiques tout au long de l'année afin d'étaler les dépenses. "Ça fait cher de devoir débourser au dernier moment, surtout quand on a plusieurs enfants", explique-t-elle. "Quand on est seule avec trois enfants, on est obligée de faire la chasse aux bons plans, surtout en ce moment."
"Je garde un œil toute l'année et quand je vois des promos ou de ventes de lots, je saute sur l'occasion", affirme Laëtitia Charfi.
Quelques semaines avant la rentrée, la mère de 43 ans a par exemple renouvelé son stock de gommettes et de pochettes de crayons de couleur en commandant des lots sur Showroomprivé ou Veepee, des sites d'e-commerce qui proposent des réductions sur des produits de marque.
Des ventes solidaires pour de bonnes affaires
Pour limiter la facture, certains parents préfèrent se tourner vers des enseignes de déstockage ou de ventes à prix réduits comme Action, Lidl, Stockomani, Noz ou encore Costco. "Je pense qu'il faut se détacher un peu de la dictature des marques si on ne veut pas se faire dépouiller", témoigne Maïté Balart, mère d'une adolescente. D'autres, à l'image d'Audrey Dimier, privilégient les achats d'occasion.
L'assistante maternelle au Bourget-du-Lac (Savoie) a par exemple trouvé le cartable de son fils (qui va rentrer en CP) sur la plateforme d'occasion Vinted. "Je cherchais un modèle bien particulier, qui soit ergonomique. Au final j'en ai trouvé un neuf pour 30 euros, contre 80 en magasin.
Pour le reste, cette mère de deux enfants s'est rendue début août à une vente solidaire de fournitures scolaires organisée par Emmaüs. Chaque été un peu partout en France, des antennes locales attirent des milliers de Français avec leurs ventes de matériel scolaire à prix cassé, issu de dons et d'invendus.
"On ne va pas se mentir, ça prend un peu plus de temps que de se rendre en grande surface parce qu'il faut un peu fouiller, mais ça vaut le coup. On trouve de tout, on peut faire sa liste à moindre coût et pour tous les niveaux", se réjouit la mère de 37 ans, qui a passé 1h30 sur place.
"Pour seulement 10,50 euros, je suis partie avec trois trousses, des ramettes de papier A4, des règles en métal et en plastique, des feutres, trois classeurs à anneaux et du papier de couleur", liste-t-elle.
En plus de l'allocation de rentrée scolaire (376,98 euros par enfant de 6 à 10 ans, jusqu'à 411,56 euros de 15 à 18 ans), versée en ce mois d'août sous conditions de ressources, quelque 10,8 millions de foyers modestes percevront à partir du 15 septembre une aide exceptionnelle de 100 euros, plus 50 euros par enfant à charge.