Cahiers, crayons... Les prix des fournitures scolaires en nette hausse

Plus de 3 millions de familles ont perçu cette semaine l’allocation de rentrée scolaire. Une aide financière bienvenue pour les foyers les plus modestes à l’heure où l’inflation rogne le pouvoir d’achat des Français.
A cet égard, le ministère de l'Education Nationale, conscient des difficultés à venir, avait adressé dès la fin juin une lettre aux directeurs d'écoles pour les intimer à "produire des listes de fournitures raisonnables afin de limiter le coût financier pour les familles".
Une demande d'autant plus légitime que les fournitures scolaires n’ont pas été épargnées par les pressions inflationnistes des derniers mois. Il y a quelques semaines les fabricants annonçaient déjà la couleur en tablant sur des hausses de prix en rayons allant jusqu’à 25% pour les articles à base de papier. "On n’a jamais connu une telle hausse des prix entre deux rentrées", soulignait auprès du Figaro le président de Clairefontaine, Guillaume Nusse.
A quelques jours de la rentrée, l’envolée des prix des fournitures composées de papier se vérifie dans les enseignes de grande distribution. Chez Leclerc, le cahier Oxford de 96 pages en format 24x32 est passé de 1,08 à 1,26 euro* entre août 2021 et août 2022, soit une augmentation de près de 17%. Tandis que le bloc de bureau Esquisse (marque distributeur) de 160 pages et le cahier de même marque de 48 pages encaissent une hausse respective de 38,1 et 25,6%.
Constat identique chez Carrefour où des paquets de copies doubles et copies simples Oxford voient tous deux leurs prix progresser de 20%. Sans carte de fidélité, le lot de 3 blocs Rhodia (groupe Clairefontaine) de 160 pages qui ne bénéficie plus de remise immédiate pour tous contrairement à l’an passé augmente lui de 59%, passant de 3,46 euros à 5,50 euros. Les détenteurs de la carte Carrefour seront toutefois moins pénalisés avec une hausse limitée à 11%.
Moindre hausse des articles de papeterie hors papier
Si les cahiers et autres paquets de copies simples et copies doubles sont les premiers touchés par la flambée des prix, c’est en raison de l’explosion du coût de l’énergie mais surtout des matières premières, dont la pâte à papier qui a vu son prix bondir de 70% sur un an.
Résultat, alors que l’inflation de l’ensemble des produits de papeterie et matériel de dessin était estimée à 6,3% par l’Insee en juillet, celle des seuls articles en papier atteignait déjà 10,9%.
Hors produits en papier, certaines augmentations sont tout de même spectaculaires. Dans la grande distribution, les lots de 8 et 6 surligneurs Boss et l'agenda L'Etudiant ont par exemple vu leur prix enfler d’environ 27 et 11%. Mais la hausse reste globalement plus modérée que celle observée pour les cahiers et feuilles de papier. Avec, pêle-mêle, des augmentations de 7,53% pour le lot de 3 Tipp-Ex de Bic, de +8,47% pour les 10 crayons à papier BIC, de +4,7% pour la boite de 12 crayons de couleur Bic, de +3,85% pour le coffret compas Maped, de +5,33% pour les 6 bâtons de colle Uhu…
De nombreux produits sont aussi stables dans ces deux enseignes. C’est par exemple le cas du lot de 4 stylos-bille 4 couleurs, des 18 feutres de coloriage Bic, ou de la gomme Zenoa Maped. D’autres sont même en baisse à l’image du kit de traçage (règle, équerre, rapporteur) Maped (-11,8%) chez Leclerc ou des 10 effaceurs Paper Mate (-35.6%) chez Carrefour. Au final l’augmentation moyenne des prix des articles de papeterie hors papier s’élevait à 4,2% en juillet sur un an, selon l’Insee. Un niveau moindre que l’inflation globale, estimée à 6,1%.
"La rentrée à prix qui clac!"
Il faut dire que la rentrée scolaire est une période propice aux stratégies de prix agressifs pour la grande distribution. "La rentrée à prix qui clac!", "Pour une rentrée des classes accessible à tous", "La rentrée à prix qui déchirent"… Dans leurs catalogues respectifs aux titres toujours accrocheurs, les enseignes multiplient dès qu'elles le peuvent les "remises immédiates" allant de 20 à 65% et autres rabais accordés aux détenteurs de carte de fidélité. Sans compter les offres type "2 + 1 offert". De quoi limiter la facture pour le consommateur.
Et quand Leclerc promet un "maintien des prix de 2021 sur 200 fournitures scolaires 2022" et des produits "indispensables à moins de 2 euros", Carrefour et Auchan rivalisent avec "un cartable rempli pour moins de 15 euros" et "les essentiels de la rentrée à moins de 1 euro".
Face à ces mastodontes de la grande distribution, l’enseigne Bureau Vallée spécialisée dans la papeterie n’est pas en reste: "On met des opérations en place depuis la fin du mois de juin", explique Sylvie Camus, responsable de magasin chez Bureau Vallée. Il y a d’abord eu la liste de produits "100% remboursés" puis l’opération "un acheté, un gratuit" et désormais "les très incontournables de la rentrée qui sont à moins de 1 euro. C’est-à-dire qu’on peut avoir 13 produits à 8,90 euros", poursuit Sylvie Camus.
Des augmentations encore plus fortes attendues en 2023
Selon l’enquête de l’association Familles de France dévoilée mardi, le coût global de la rentrée scolaire augmentera cette année de 4,5% par rapport à l’année dernière. Pour un enfant entrant en classe de 6e, il s’élèvera à 208,12 euros, articles de sport compris. Résultat, 78% des parents prévoient de restreindre leurs dépenses liées à la rentrée scolaire (habillement, activités extra-scolaires, fournitures…) cette année et 37% disent vouloir réduire leur budget consacré à l’achat de fournitures, d’après une enquête CSA Research pour Cofidis.
Une modération qui s’observe déjà en magasin. Selon les chiffres de l’institut GFK relayés par Le Monde, les ventes de fournitures scolaires ont certes progressé de 5,9% en juillet sur un an mais ont reculé de 2% en volume.
Et le pire est à venir, à en croire les fabricants. Car les prix actuellement en rayons ont été négociés avec la grande distribution en 2021, avant le début de la guerre en Ukraine. Autrement dit, toutes les hausses de coûts n’ont pas encore été répercutés. De nouvelles négociations vont avoir lieu dans les prochains mois et, "sauf retournement de situation, ce sera des hausses colossales", annonçait en juin Guillaume Nusse dans Le Figaro. Attendez-vous donc à une facture encore plus salée pour la rentrée 2023.
*Les prix tiennent compte des "remises immédiates" appliquées par les enseignes de grande distribution. Les rabais accordés grâce aux cartes de fidélité ne sont en revanche pas pris en compte.