Comment le Rafale est enfin devenu un succès à l'export

Après des années, sans enregistrer aucune vente à l'export, l'avionneur a signé pour 336 appareils dont 144 à l'export depuis 2015.

"On a le meilleur avion du monde, le Rafale", assurait en 2011 Serge Dassault, l'ancien PDG du constructeur Dassault Aviation décédé en mai 2018. Lancé en 1986 et mis en service en 2002, le Rafale a en effet mis du temps à séduire les armées du monde.

Les ventes export démarrent seulement en 2015. Aujourd'hui, Dassault Aviation affiche un score de 144 appareils vendus à l'export et 192 aux armées françaises (Air et Marine).

Dassault a vendu ses avions dans 5 pays en plus de la France © BFM Business

La dernière commande avec l'Egypte, date du 26 avril et a été confirmée le 4 mai. Elle porte sur 30 appareils. En 2015, l'Egypte a été le premier client de Dassault Aviation avec 24 Rafale. Après cette commande, le Qatar a signé pour 36 appareils, l'Inde également pour 36 et 18 pour la Grèce, dont 12 d'occasion prélevés sur les stocks de l'Armée française. A ce jour, 24 ont été livrés à ces quatre clients, nous a confirmé Dassault Aviation.

En 2021, d'autres contrats pourraient être signés notamment avec les Emirats arabes unis et l'Indonésie pour 36 appareils. En Inde, Dassault Aviation espère remporter des appels d'offres pour 110 Rafale pour l'Indian Air Force et 57 pour la Marine, selon l'AFP. Une possible nouvelle commande de 36 Rafale par New Dehli est également régulièrement évoquée dans la presse indienne.

Ce succès à l'export est crucial pour notre souveraineté et le maintien de 7000 emplois industriels en France pendant 3 ans", a déclaré Florence Parly, minitre des Armées dans une publication sur Twitter.

Dassault fait actuellement participer le Rafale dans 6 appels d'offre © BFM BUSINESS

Le Rafale et l'Europe

En Europe, seule la Grèce a jusqu'à présent opté pour l'avion européen. En 2018, la Belgique aurait dû être le premier pays de l'Otan à s'équiper de l'avion européen, mais elle a préféré signer pour des F-35 de Lockheed Martin. L’Italie et les Pays-Bas ont aussi fait le choix de l'avion américain plutôt que le Rafale.

Désormais, la France veut réorienter ses exportations d'armements vers l'Europe. Dassault est en compétition pour vendre son avion en Suisse (36 à 40 appareils) et en Finlande (jusqu'à 64 appareils). La Croatie est intéressée par 12 appareils d'occasion qui seront prélevés sur le parc de l'armée de l'Air française.

La France devra alors remplacer ces appareils ce qui devrait porter à 204 Rafale utilisés par l'Armée de l'Air et la Marine Nationale.

En attendant le Scaf en 2040

Au départ, cet avion ne semblait pas séduire. Son efficacité au combat dès 2007 en Afghanistan, puis en Libye, au Sahel et au Levant lui ont permis de bâtir une réputation internationale.

Capable de mener différentes missions au cours d'un même vol, le Rafale est qualifié pour des opérations de défense aérienne, de bombardement stratégique et d'appui au sol, de lutte antinavires et de reconnaissance aérienne. L'appareil de 10 tonnes, qui est au coeur de la dissuasion nucléaire française, est le seul à pouvoir emporter 1,5 fois son poids en armements et carburant.

Construit en collaboration par Dassault Aviation, qui supervise 60% de la valeur de l'avion, Thales (22%) et Safran (18%) qui fournit le moteur M-88, le Rafale est destiné à être opérationnel jusqu'en 2040.

Il sera ensuite remplacé par le New Generation Fighter (NGF), l'avion de combat connecté au SCAF, le "système des systèmes des combats aériens du futur". Le programme Scaf, qui comprend le NGF et des escadrilles de drones est un système connecté avec les forces terrestres et navales via un réseau de satellites.

https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco