Comment la Belgique est devenue le verrou des milliards d'euros russes

Il faut prendre la mesure de l'annonce: la Belgique a bloqué, depuis le début des sanctions contre la Russie, pour 200 milliards d'avoirs russes. En comparaison, la France n'a gelé "que" pour 22 milliards d'actifs de la banque centrale russe.
Le chiffre est un peu trompeur: certes, les douanes belges ont intercepté des biens pour une valeur de 2,7 milliards d’euros, selon les chiffres communiqués par le ministre des Finances à la RTBF. Cela concerne 877 personnes et 62 entités sanctionnés par l'Europe, principalement des produits de luxe qui parfois ne faisaient que transiter par les ports belges.
En réalité, la Belgique a surtout bloqué des transactions financières équivalentes à 196,4 milliards d'euros. La présence d'une institution financière majeure, Euroclear, n'y est pas étrangère. Installée à Bruxelles, l'entreprise est devenue un maillon indispensable de la finance européenne. Son rôle – comme celui de son concurrent luxembourgeois Clearstream – consiste à certifier les transactions à l'échelle internationale.
"Euroclear veille en effet, à travers son système de règlement/livraison de titres, à ce que toutes les transactions financières soient menées à bien" explique le site économique belge L'Echo.
De nouvelles sanctions attendues
Avec près de 300 millions de transactions par an pour près d'un million de milliards d'euros, le groupe joue aussi le rôle de dépositaire central, un des trois principaux au monde (avec Clearstream et le dépositaire américain). En ce sens, Euroclear s'occupe donc de conserver les titres financiers des institutionnels, notamment de la banque centrale russe. C'est la raison pour laquelle la Belgique a pu geler de telles sommes.
Euroclear n'est pas la seule institution en Belgique a joué un rôle central dans les sanctions économiques. Le pays accueille aussi le désormais célèbre réseau Swift, qui permet les transactions financières. En bloquant l'accès de certaines banques russes à ce réseau, l'occident a mis un sérieux coup à l'économie russe qui ne peut pratiquement plus commercer avec les pays étrangers. Certaines institutions financières échappent encore à cette exclusion – notamment Gazprombank, qui permet l'envoi du gaz et Sberbank, première banque du pays – mais l'Union européenne planche sur de nouvelles sanctions contre la Russie.