Auchan plombé par ses hypers et par la crise sanitaire

Auchan a vu son chiffre d'affaires se contracter de 2% au premier semestre. - AFP
Auchan peine à relever la tête. Le groupe nordiste plombé depuis quelques années par la désaffection des Français pour les hypermarchés a de nouveau reculé en 2021. Au premier semestre de l'année, le chiffre d'affaires d'Auchan retail s'est établi à 14,8 milliards d'euros, soit un recul de 3,2%.
A périmètre comparable (sans tenir compte des ouvertures et cessions de magasins), le recul n'est que de 2% mais il s'agit d'une contreperformance pour le groupe de distribution. Sur la même période, son concurrent Carrefour a vu son chiffre d'affaires bondir de 3,9% à périmètre comparable.
Il s'agit de deux groupes de distribution relativement comparables. Les deux sont des enseignes intégrées (à la différence de Leclerc ou Intermarché) et les deux sont très dépendants des très grands formats de magasins, les hypermarchés. Mais alors que Carrefour a vu ses ventes en hypermarchés progresser de 4,3% au deuxième trimestre, Auchan lui a vu l'activité des siens reculer de 4,2%.
La faute aux centres commerciaux dans lesquels la plupart des Auchan sont implantés. 60% de l'activité d'Auchan est en effet réalisée dans des centres de plus de 20.000 m². Or ces centres ont subi de plein fouet les restrictions sanitaires au premier semestre. Près de 400 de ces centres ont été fermés et ce dès le 31 janvier pour plusieurs mois. Si les hypers Auchan sont restés ouverts, ils ont pâti de la chute de fréquentation de ces centres durant la période. Ainsi que de celles des rayons non essentiels durant le troisième "confinement" d'avril.
La rentabilité en forte hausse
Pour autant, Auchan reste optimiste sur son avenir. D'abord parce que la rentabilité est au rendez-vous malgré ce contexte défavorable. Le bénéfice d'exploitation a progressé pour la troisième année consécutive à 594 millions d'euros au premier semestre (+3,7% sur un an).
"Auchan revient dans la course, se félicite Yves Claude, nouveau président non-exécutif d’Auchan Retail cité dans La Voix du Nord. Avec une solidité financière qui redonne de nouvelles marges de manœuvres."
De quoi financer la transformation de son modèle pour être moins dépendant du format des hypermarchés (75% de son chiffre d'affaires actuellement). Le groupe veut ainsi faire de ses hypers moins fréquentés des marketplaces physiques en accueillant notamment des producteurs et en s'appuyant sur des corners comme Boulanger, Kiabi ou encore Decathlon qui appartiennent eux aussi au groupe Mulliez.
Auchan qui accuse un fort retard sur ses concurrents fait aussi le pari de la proximité. Le groupe compte ouvrir 75 drives piétons dans les semaines qui viennent, ce qui portera à 200 sa présence dans les centres-villes.
Des pistes de développement pour compenser les baisses d'activités de ces dernières années qui ont aussi été alimentées par de cessions d'activité. Le groupe compte économiser 1,4 milliard d'euros d'ici la fin de l'année 2022 et a cédé pour y parvenir ses filiales en Chine, en Italie et au Vietnam, a fermé 11 magasins en France et compte supprimer près de 1500 emplois au sein du groupe.
