Procès de l'attentat de la basilique de Nice: après avoir longtemps plaidé l'amnésie, l'accusé "reconnaît les faits"

Ce dessin réalisé le 10 février 2025 montre Brahim Aouissaoui lors de son procès au Palais de justice de Paris dans lequel il est accusé d'être l'auteur de la l'attentat de la basilique de Nice 2020, dans le cadre d'une entreprise terroriste. - Benoit PEYRUCQ / AFP
Retournement de situation lors du procès de l'attentat de la basilique de Notre-Dame de Nice. Depuis l'ouverture du procès devant la cour d'assises spéciale de Paris le 10 février, le principal suspect avoue chaque jour un peu plus son implication dans l'attentat. Ce lundi 24 février, pour son premier jour appelé à la barre, Brahim Aouissaoui a avoué avoir tué trois personnes, pour la première fois depuis les faits.
"Oui, je reconnais les faits", a-t-il lancé dès les premières minutes d'interrogatoire.
De quoi déclencher la stupeur, alors qu'il y a quelques jours seulement, l'accusé soutenait avoir totalement perdu la mémoire et clamait ainsi son innocence. "Je ne me souviens pas des faits, je n'ai rien à dire, comment aurais-je pu tuer trois personnes?", assurait-il au premier jour du procès.
Deux jours plus tard, Brahim Aouissaoui avait déjà quelque peu modifié sa version en avouant s'être "reconnu" sur les photos, sans pour autant reconnaître l'attentat. Une évolution de ses propos qui déjà avait été notée par le président de la cour d'assises.
Des assassinats que le suspect jugent "légitimes"
"Je ne suis pas un terroriste, je suis un musulman", a poursuivi Brahim Aouissaoui ce lundi. Il explique avoir agi pour "venger les musulmans", a rapporté l'AFP présente sur place. L'accusé s'exprime en arabe et est traduit par un interprète.
Le jeune homme, très maigre, a justifié son acte en expliquant que "tous les jours il y a des musulmans qui meurent". "Tous les jours, vous tuez des musulmans et cela vous est égal. Vous n'avez aucune empathie pour ces gens", a-t-il ajouté.
"L'Occident tue aveuglément" les musulmans "innocents" et "se venger" est "un droit et une vérité", a-t-il asséné.
Le choix de ses victimes, les tuer dans une église, relèvent du "hasard", a également affirmé Brahim Aouissaoui.
Sur certains détails encore, Aouissaoui ne se "souvient pas"
Toutefois selon lui, rien n'était "préparé" ou "programmé" mais les assassinats étaient "légitimes". Le 29 octobre 2020, la paroissienne Nadine Devillers, 60 ans, le sacristain Vincent Loquès, 54 ans, et la mère de famille Simone Barreto Silva, 44 ans ont été tués avec un couteau de cuisine.
À chaque question concernant les personnes avec qui il était en contact, le principal suspect de l'attentat a répondu par les mêmes mots: "Je ne me souviens pas. Je n'ai rien à dire."
Au fil de son interrogatoire et après avoir reconnu les faits, Brahim Aouissaoui reste en effet encore flou sur certains points. "Je ne me souviens pas avoir eu trois couteaux", a-t-il notamment déclaré. Il dit également ne pas se souvenir des blessures mortelles infligées à une des victimes.
"Je ne me souviens pas avoir fait ça (...). Je trouve ça vraiment étrange qu'un être humain puisse tuer un autre être humain en lui affligeant 24 coups de couteau", a-t-il estimé.
Au moment des faits, le principal suspect avait été jugé sain d'esprit. "Une personne saine d'esprit qui veut tuer ne tue pas un autre homme avec autant de coups de couteau", a-t-il pourtant expliqué à la barre.
L'interrogatoire de Brahim Aouissaoui est encore prévu pour toute la journée, tandis que son procès doit s'achever ce mercredi 26 février.