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Opéra de Nice: la venue d'une cheffe d'orchestre italienne qualifiée de "néofasciste" vivement critiquée

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Beatrice Venezi a donné un premier concert ce jeudi 21 décembre à l'opéra de Nice, puis donnera ceux de Noël et du Nouvel An. Une mobilisation a eu lieu à l'appel d'associations et de syndicats.

"Si on avait su, on n'aurait pas pris nos places." Ce jeudi 21 décembre, devant l'opéra de Nice, une mobilisation réunissant une cinquantaine de personnes a été organisée contre la venue de la cheffe d'orchestre italienne, Beatrice Venezi, proche de l'extrême droite.

Certains spectateurs ont été étonnés de ce choix et déplorent un manque d'information. "On fera peut-être plus attention aux membres qui constituent l'orchestre quand on viendra voir une représentation à l'opéra", affirme Selena, une étudiante, au micro de BFM Nice Côte d'Azur.

"Difficile à vivre"

Dès le mois de juillet dernier, une dizaine d'associations et de syndicats se sont élevés contre l'annonce de la venue de Beatrice Venezi qualifiant la cheffe d'orchestre italienne de "néofasciste". Ils ont demandé au maire de Nice, Christian Estrosi, d'annuler cette invitation.

"Malheureusement, il ne l'a pas fait", déplore Violène Darmont, représentante de la CGT à Nice, qui s'est mobilisée jeudi soir. Elle regrette que la cheffe d'orchestre ait été choisie pour les concerts de Noël et du Nouvel An et s'oppose déjà à une future nouvelle invitation qui aurait été donnée, selon elle, pour un opéra en 2024.

"Certains d'entre nous et certains musiciens, par exemple, ont eu leurs grands-parents rescapés des camps fascistes. C'est quelque chose qui est très difficile à vivre", poursuit-elle au micro de BFM Nice Côte d'Azur.

L'opéra veut "transcender les clivages"

Au cœur de ces critiques, le parcours de Beatrice Venezi, qui est la fille de Gabriele Venezi, ancien dirigeant du parti néofasciste Forza Nuova dans les années 2000. Elle est aussi actuellement conseillère du ministre italien de la Culture, Gennaro Sangiuliano, dans le gouvernement de Giorgia Meloni.

"Elle a des choix politiques d'extrême-droite néofasciste qui sont connus. Elle est invitée dans des événements politiques en profitant de son statut culturel. Par cette invitation, la ville de Nice tend la main en quelque sorte au néofascisme italien", affirme David Nakache, président de l'association Tous citoyens, auprès de BFM Nice Côte d'Azur.

Ce n'est pas la première fois qu'un concert dirigé par la cheffe d'orchestre italienne suscite une vive opposition en France. Sa venue à l'opéra de Limoges, en avril dernier, avait déjà suscité un mouvement de protestation, mais le concert avait été maintenu.

À Nice, le directeur de l'opéra, Bertrand Rossi, avait justifié son choix en juillet dernier. "La musique ayant le pouvoir de transcender les clivages et de rassembler les individus autour d'une expérience commune, il est essentiel de séparer l'art de la politique", avait-il expliqué dans une réponse transmise à l'AFP. Beatrice Venezi s'était déjà rendue à l'opéra de Nice pour un concert en 2022.

Arthur Descudet avec Amaury Tremblay