"On ne sait plus quoi faire": à Nice, des riverains excédés par les nuisances sonores d'un hôtel cinq étoiles

Ils sont excédés et ne voit aucune solution. Des voisins de l'hôtel Anantara Plaza, un établissement cinq étoiles à Nice (Alpes-Maritimes), se plaignent de nuisances sonores particulièrement importantes.
C'est le cas de Paul, un Niçois, qui a contacté la rédaction de BFM Nice Côte d'Azur. Lui et d'autres riverains de l'hôtel ont décidé de créer un collectif anti-bruit. Sur des vidéos envoyées à la rédaction, on entend bien une musique très forte qui émane du toit de l'hôtel.
"On a des nuisances sonores incessantes de jour comme de nuit. Il y a de la musique sur le rooftop, du personnel s'est approprié la cour [des immeubles], devenue une cafétéria à ciel ouvert, puis des bruits d'équipements comme la climatisation. C'est constant, on est tout le temps dans le bruit", raconte-t-il à BFM Côte Nice d'Azur.
Une plainte déposée à l'été 2024
Les riverains indiquent que ce bruit est même audible à l’intérieur de leur appartement les fenêtres fermées. "Il y a un limiteur qui fait 82 décibels. Ça veut dire qu'à quelques mètres de ma chambre, on joue une discothèque à ciel ouvert. C'est quand même incroyable, c'est le bruit d'un train qui arrive en gare et ces bruits durent toute la soirée, jusqu'à deux ou trois heures du matin", ajoute Paul.
La police ainsi que la ville de Nice ont été contactées par les riverains excédés, mais cela n'aurait pas eu d'impact. Une plainte a d'ailleurs été déposée par un habitant durant l'été 2024, sans qu'aucune solution ne soit proposée.
Paul, de son côté, a envisagé de vendre son logement, mais il estime que ça n'est pas possible actuellement, justement à cause des nuisances. "Je ne peux pas vendre mon appartement à cause de ce problème car l'acquéreur pourrait se retourner contre moi", précise-t-il.
Les voisins, qui disent ne plus dormir depuis plusieurs années, sont à bout de nerfs. D'ailleurs, tous ceux rencontrés aux abords des immeubles par BFM Nice Côte d'Azur ont dit qu'ils ne comprennaient pas pourquoi l'hôtel se considérait dans la légalité.
"Je vais m'immoler par le feu"
Ces nuisances auraient de grosses conséquences sur la santé physique mais aussi mentale des riverains.
"On a une voisine qui était tellement desespérée l'année dernière, qu'elle disait 'je vais aller dans l'hôtel et je vais m'immoler par le feu'. Elle devenait folle en fait. On ne sait plus quoi faire. Nous, on demande juste que la loi soit respectée, qu'il n'y ait pas de tapage nocturne et que ça soit la fin de l'impunité. On ne comprend pas pourquoi la mairie et la police ne font pas le nécessaire", ajoute Paul à BFM Nice Côte d'Azur.
Selon les riverains, le bruit est bien au-delà de la limite légale. Que faire alors? D'après Me David-André Darmon, avocat spécialiste en troubles du voisinage au barreau de Nice, "la première étape c'est que la police dresse des contraventions si les faits sont fondés. Il y a l'article 626-23 du Code pénal qui prévoit qu'il y a une contravention possible, donc ils peuvent solliciter les services de la police municipale ou nationale".
Ensuite, il conseille de faire appel à un avocat. Ce dernier pourra "mettre en demeure l'hôtel de faire cesser de telles nuisances". Enfin, si elles continuent, "il y a la voie de la justice pour faire cesser de tels troubles anormaux de voisinage", poursuit l'homme de loi, interrogé par BFM Nice Côte d'Azur.
L'une des solutions consiste donc à saisir le procureur de la République. Pour cela, il faut réunir le plus de preuves possibles, notamment des vidéos et des enregistrements des nuisances. Me David-André Darmon explique, par ailleurs, que "la notion la plus essentielle est que la preuve ne soit pas obtenue de manière déloyale. Néanmoins, tous les commencements de preuve sont les bienvenus".
Une condamnation de l'hôtel possible?
Les riverains disent avoir tenté à maintes reprises d'entrer en contact avec l'établissement: relances, courriers, mails, demandes de rendez-vous... En vain. Selon l'avocat, si les faits sont avérés, "l'hôtel peut être condamné sous astreinte à faire cesser les troubles anormaux de voisinage, à des dommages et intérêts et à réparer les frais de justice."
En effet, comme l'indique l'article 1253 du Code civil, "le propriétaire, le locataire [...] qui est à l'origine d'un trouble excédant les inconvénients normaux de voisinage est responsable de plein droit du dommage qui en résulte". Il est considéré, par la justice, qu'un bruit qui va de 60 à 80 décibels est fatigant et donc peut causer des dommages.
La direction de l'hôtel, de son côté, se défend. Contactée par BFM Nice Côte d'Azur, elle estime être dans son droit et dit faire attention au voisinage. "L'hôtel Anantara Plaza Nice prend très au sérieux le bien-être de ses voisins et du quartier où il est situé et s'efforce de maintenir de bonnes relations avec eux", souligne le directeur général, Gauderic Harang.
"Un limiteur sonore a été installé"
"À cet égard, l'hôtel a collaboré avec les autorités locales et les services municipaux en 2023 pour s'assurer que toutes les mesures possibles soient respectées en ce qui concerne la loi et les exigences sonores de la zone. À la suite de cela, un limiteur sonore a été installé avec une limite fixée à 83 décibels, sur la base des recommandations des autorités", poursuit-t-il.
Interrogé sur l'impact du bruit sur le voisinage, il n'a cessé de répéter la même réponse, ne voulant visiblement pas donner plus de détail: "L'hôtel Anantara Plaza Nice prend très au sérieux le bien-être de ses voisins et du quartier."