Nice: ce que l'on sait de l'incendie d'un appartement qui a fait sept morts dans le quartier des Moulins

Le 18/07/2024 à 09h42 - mis à jour le 18/07/2024 à 18h52

Sept personnes sont mortes dans la nuit de mercredi 17 à jeudi 18 juillet à Nice, dans l'incendie d'un appartement du quartier des Moulins. Trois enfants, un adolescent, deux femmes et un homme se trouvent parmi les victimes, tous membres d'une même famille.

Un drame dans le quartier des Moulins. Sept personnes sont mortes après l'incendie d'un appartement dans la nuit de mercredi 17 à jeudi 18 juillet à Nice. Parmi les victimes, se trouvent notamment trois enfants et un adolescent. La piste criminelle est envisagée à ce stade.

· Dix personnes dans un appartement

Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers 2h30, des flammes ont touché un appartement au 7e étage de cet immeuble du quartier des Moulins à Nice. Trois départs de feu ont été constatés aux 1er, 2e et 3e étages. "Cette pluralité de mises à feu ayant contribué à la propagation très rapide des flammes", indique le parquet.

Au moment des faits, dix personnes se trouvaient dans ce logement, a détaillé le préfet des Alpes-Maritimes Hugues Moutouh. Toutes sont de la même famille, d'origine comorienne, ou ont des "liens familiaux".

Trois enfants âgés de 5, 7 et 10 ans, un adolescent de 17 ans et deux femmes âgées de 46 et 22 ans sont morts dans l'incendie de l'appartement, a détaillé le procureur de la République de Nice. Une personne âgée de 45 ans est morte des suites de ses blessures après avoir sauté par la fenêtre.

Deux personnes, âgées de 19 et 17 ans et présentes dans l’appartement, ont été secourues par les pompiers. Une autre personne, âgée de 23 ans et ayant aussi sauté par la fenêtre, a été prise en charge en urgence absolue par les secours.

· La mère de famille "est repartie dans le brasier"

Au micro de BFMTV, le préfet des Alpes-Maritimes est revenu sur le déroulé des faits. Les deux personnes qui se sont défenestrées se sont "accrochées à leurs matelas", a-t-il précisé. "On est tous sous le choc (...). On est très émus."

Selon un témoignage qui lui est parvenu, "la mère de famille a été prévenir ses enfants pour les mettre à l'abri et elle est repartie dans le brasier pour aller chercher ses trois petits. Elle n'est pas revenue."

Iftahu Toliha, ami de la famille, a été appelé sur place dans la nuit et a constaté l'appartement en feu, raconte-t-il à BFMTV. "Aussitôt que je suis arrivé, j'ai vu les pompiers sur place. Ils ne pouvaient rien me dire, ils m'ont juste dit qu'il y avait deux personnes qui avaient survécues."

L'une d'entre elles, lui explique que lorsqu'elle dormait, "sa maman est entrée dans la chambre et lui a dit qu'il y avait le feu". "Ils sont sortis sur le balcon, mais ils n'avaient pas les moyens de sortir hors de l'appartement."

· Cinq personnes sauvées par les pompiers

Cinq personnes ont pu être sauvées par les sapeurs-pompiers, d'après René Dies, directeur du SDIS des Alpes-Maritimes, au micro de BFMTV. "Quand nous sommes arrivés, trois grandes échelles sont arrivées très rapidement", déroule-t-il.

Avant d'ajouter: "Ça nous a permis de faire un sauvetage de cinq personnes qui se trouvaient sur le bord des fenêtres, notamment un couple avec un enfant. On les a sortis, ils étaient près de se jeter. On a sauvé cinq personnes."

Quatre policiers sur place sont sous le choc après des "scènes d'une extrême violence", a également indiqué le directeur du SDIS des Alpes-Maritimes.

Les sapeurs-pompiers, qui sont intervenus en moins de dix minutes, ont procédé à l'évacuation des lieux, 33 personnes ont été mises en sécurité. Le feu a été éteint vers 7 heures et ne s'est pas propagé dans les autres appartements. Le Samu était également sur place.

· Christian Estrosi fait part de son "immense émotion"

Le maire de Nice Christian Estrosi a réagi tôt ce jeudi matin à ce drame sur son compte X. "Immense émotion après l’incendie dramatique aux Moulins qui a coûté la vie à 7 personnes", a-t-il écrit, ajoutant: "Toutes mes pensées vont vers les familles et proches des victimes."

"La ville de Nice ouvre une cellule de crise à la salle Nikaia pour accueillir les familles", a-t-il annoncé.

"C'est l'émotion qui domine chez tous les Niçois", a réagi Christian Estrosi, maire de Nice, plus tard sur BFMTV. "Nous sommes particulièrement bouleversés." "Il s'agit d'une famille que je connaissais très bien, depuis très longtemps", a-t-il ajouté.

Le président de la République Emmanuel Macron, a réagi sur X: "Émotion avec Nice après l’incendie meurtrier du quartier des Moulins. Je remercie les services de l’État et les secours pour leur action. Nos pensées vont aux proches des victimes. Nous sommes à leurs côtés et aux côtés de tous les Niçois. Unis."

Éric Ciotti, le député des Alpes-Maritimes, mentionne de son côté une "immense émotion à la suite d’un terrible incendie rue de la Santoline dans le quartier des Moulins à Nice".

"Solidarité, et grande émotion : la Région Sud de tout cœur aux côtés des Niçois après le terrible incendie aux Moulins", indique de son côté Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, salue de son côté "l’action rapide des sapeurs-pompiers" qui "a sans doute permis d’éviter de nombreuses victimes supplémentaires".

· La piste criminelle privilégiée, trois individus recherchés

Le procureur de la République de Nice a indiqué qu'à ce stade de l'enquête, la piste "criminelle" est privilégiée. "Au regard des premiers éléments, j'ai ouvert une enquête pour des faits d'incendie volontaire ayant entraîné la mort", a-t-il ajouté.

"S’il convient à ce stade de faire preuve d’une particulière prudence sur le mobile du passage à l’acte criminel, la piste de faits intervenant dans le cadre d’un conflit sur fond de trafic de stupéfiants, sans lien avec les victimes et leur famille, est explorée", a annoncé le procureur dans un communiqué en fin de journée.

L’exploitation des images de vidéosurveillance de la ville de Nice a fourni "des éléments utiles à l’enquête". Une "voiture de couleur sombre de type citadine" a stationné entre 2h12 et 2h17 à l’angle de la rue de la Santoline et de l’avenue Giroud à proximité du lieu des faits. "Après avoir quitté les lieux, ce même véhicule était revu sur place à 2h24", explique le parquet.

Trois jeunes hommes "aux visages non dissimulés, vêtus simplement de tee-shirts et de shorts" sont constatés sur les images sortant de ce véhicule. "Les images ne permettaient pas de mettre en évidence le port d’objets volumineux", précise le procureur.

Les trois mis en cause ont cassé la porte d’entrée de l’immeuble pour y pénétrer. "Ils en ressortaient très peu de temps après et prenaient la fuite. Le feu se déclarait juste après", explique le procureur.

"Nous avons des images qui montrent trois individus cagoulés s'introduire dans le bâtiment juste avant les faits. Avec Christian Estrosi, nous demandons des moyens importants pour sécuriser le quartier face à des faits d'une telle barbarie", a indiqué sur X Anthony Borré, premier adjoint à la mairie.

Sur place à la mi-journée jeudi, Gabriel Attal a indiqué que "trois individus sont recherchés", précise-t-il ajoutant que "tous les moyens sont mis en œuvre pour les retrouver".