"Manque de cohérence", "fait du prince": réactions mitigées après l'interdiction des gros bateaux de croisière à Nice

Un navire de croisière de 150 mètres en rade de Villefranche-sur-Mer le 29 septembre 2010 (Illustration) - VALERY HACHE / AFP
Christian Estrosi a mis à exécution ses annonces en prenant ce vendredi 25 janvier un arrêté interdisant les escales de gros bateaux de croisière dans les eaux de la métropole de Nice. L'édile Horizons justifie cette décision par une volonté de privilégier un "tourisme choisi" face à la menace du "surtourisme".
Cette annonce survient moins d'une semaine après la déclaration surprise du maire prononcée le 20 janvier. "Je ne veux pas que des hôtels flottants jettent l'ancre devant Nice", avait-il lancé lors d'une soirée avec son association de soutien. Il était alors question d'une interdiction à partir du 1er juillet.
L'interdiction a fait l'effet d'un coup de massue aux professionnels du secteur de la croisière rassemblés au sein de l’association internationale CLIA.
"Nous sommes stupéfaits par la décision du maire de Nice d’interdire le débarquement de certains navires de croisières, d’autant plus qu’aucun grand navire n’est prévu pour faire escale au port de Nice en 2025", signale l'association.
Les professionnels dénoncent une stigmatisation
"En effet, seulement trois grands navires de croisière et 34 navires de taille moyenne sont programmés pour mouiller au large de Villefranche-sur-Mer au cours de l’année 2025", affirme l'association qui demande aux autorités de revoir sa copie "dans l'intérêt des acteurs de l'économie locale et des voyageurs", poursuit-elle.
Cette dernière estime que ce type de mesure est stigmatisante pour l'industrie des croisières "et n'apporte rien pour promouvoir un tourisme durable, une cause que CLIA et ses membres défendent activement en partenariat avec les acteurs du tourisme en Méditerranée".
Cet arrêté est salué par l'élue d'opposition écologiste Juliette Chesnel-Le Roux. "C’est une première victoire des écologistes. Cela fait des années que nous demandons la fin de ces paquebots qui polluent notre air, notre eau, saccagent notre biodiversité unique et accentuent le surtourisme. Tout ça pour des retombées économiques dérisoires", rappelle-t-elle tout en pointant la faiblesse de la mesure.
"Cette annonce est limitée aux bateaux de plus de 900 passagers, ce qui signifie que les grands yachts sont toujours les bienvenus à Nice et dans la baie de Villefranche-sur-mer. Un premier pas, mais insuffisant”.
Un "contre-feu" après l'extension des vols à l'aéroport
Des propos complétés par Robert Injey, ancien dirigeant maralpin du PCF qui déplore sur son blog "une annonce sans la moindre concertation avec le principal maire concerné (celui de Villefranche), bien dans le style de la gouvernance de la métropole dominée par le 'fait du prince'".
L'ex-responsable communiste voit dans cette soudaine décision "un contre-feu" après avoir autorisé l'aéroport de Nice à étendre son activité de plusieurs dizaines de milliers de vols annuels.
Après la décision de Christian Estrosi, les navires de moins de 900 passagers, généralement beaucoup plus luxueux que ceux de plus grande capacité, restent autorisés à entrer dans le port de Nice, où des aménagements sont en cours pour mieux les accueillir, avec en particulier une électrification qui devrait permettre de les obliger à stopper leur moteur pendant l'escale.
Au total, 124 escales de ces navires d'une capacité allant de 32 à 700 passagers sont programmées pour 2025 à Nice. En revanche, les navires d'une capacité supérieure, qui mouillent actuellement dans la rade voisine de Villefranche-sur-Mer, ne seront plus les bienvenus.