"Ma colère est immense": le report de l'ouverture du tunnel de Tende se confirme, élus et commerçants exaspérés

Comme au mois de décembre, la mauvaise nouvelle est venue de la presse italienne. Après La Stampa, c'est La Guida qui annonce un nouveau report de trois mois de l'ouverture du tunnel de Tende, du mois de juin au mois de septembre. En cause: des difficultés techniques.
La livraison de cet ouvrage, qui assurera la jonction entre les Alpes-Maritimes à la Vermenagna n'a cessé de connaître des contrariétés. Lancés en 2013, les travaux de percement n'avaient pu aboutir en 2020 à cause des dégâts causés par la tempête Alex.
Depuis, les reports s'enchaînent, les manifestations également car les élus enragent contre l'Anas, la société des routes italiennes, maîtresse d'ouvrage du chantier.
Le maire de Tende en appelle à État français
"Je ne suis pas surpris parce que je m'y attendais un peu", soupire Jean-Pierre Vassallo, maire sans étiquette de Tende, au micro de BFM Nice Côte d'Azur ce mercredi 24 janvier. Ça fait longtemps que je dis qu'on ne doit plus croire aux annonces qui nous sont faites par l'Anas."
L'élu local est d'autant plus dépité qu'il n'a pas été informé de source officielle. "Ma colère est immense. Ce coup-ci, j'en appelle à l'État français", alerte-t-il. "Parce que l'État français paye 42% de cette opération. Et on n'arrête pas de renvoyer, de renvoyer l'ouverture."
Au mois de décembre pourtant, "la commission intergouvernementale nous avait annoncé l'ouverture du tunnel au mois de juin", rappelle Jean-Pierre Vassallo. Compte tenu du calendrier promis, "j'ai encouragé les commerçants à ouvrir des commerces ici, à Tende. On a ouvert cinq commerces. Et maintenant, on s'aperçoit qu'ils ne vont pas ouvrir", se désespère-t-il.
"On ne prend pas de salaire"
À Tende, l'activité des commerces repose grandement sur le flux amené par le tunnel du col. Si une augmentation de "20%" a été observée cet été, la livraison sans délai de l'ouvrage reste "indispensable". Nadège Pastorelli, commerçante à Tende et à Breil-sur-Roya, n'y va pas par quatre chemins: "Pour nous, ça devient usant et je dirais même que c'est une catastrophe".
Si l'activité économique s'est avérée "assez soutenue" dans les mois qui ont suivi la tempête Alex en raison de la reconstruction de la vallée de la Roya, depuis la fin du chantier, elle est "complètement au ralenti."
En attendant l'ouverture du tunnel, "on tient bon. On se donne à fond. On ne prend pas de salaire et on essaie de faire tourner l'économie", résume Nadège Pastorelli, amère.
Le tourisme pénalisé
Dans le village de Fontan, le bilan n'est pas beaucoup plus reluisant, même si l'impact reste moindre qu'à Tende ou Breil-sur-Roya. "Les commerçants du village, qui malheureusement travaillaient avec le passage, ont une baisse de chiffre d'affaires. Au moins deux personnes. Ça peut poser des problèmes à certains commerçants", expose Philippe Oudot, maire sans étiquette de Fontan.
Dans ce village, c'est surtout l'activité touristique qui porte encore les stigmates de la tempête Alex. "Nous avons perdu énormément d'hébergements", poursuit l'élu local.
Et l'absence de tunnel n'arrange pas les choses. "Si demain, comme beaucoup de maires, j'ai la volonté de relancer le tourisme et l'hébergement, c'est vrai que ça pourrait poser un problème pour des personnes qui voudraient investir dans la vallée de la Roya."
Mais ce n'est pas la seule problématique à laquelle Fontan doit faire face. La commune est, encore aujourd'hui, en quête de financements pour réaliser les travaux de protection du village. Il manque à Philippe Oudot 10% de l'enveloppe nécessaire, estimée à un peu plus de 11 millions d'euros. L'édile espère qu'ils prendront fin en 2026, soit six ans après le passage de la tempête Alex.