Affaire Legay: le commissaire jugé pour avoir ordonné la charge nommé directeur adjoint de la police municipale de Nice

Un badge de la police municipale. - DENIS CHARLET / AFP
Le commissaire de police Rabah Souchi, dont la décision de justice est attendue en mars prochain dans le cadre de l'affaire des blessures infligées à la manifestante Attac Geneviève Legay, a été nommé directeur adjoint de la police municipale de Nice ce jeudi 8 février par Christian Estrosi, a annoncé la ville dans un communiqué.
Il était auparavant chef du pôle voie publique de la police nationale.
Rabah Souchi, poursuivi par le tribunal correctionnel de Lyon, est accusé d'avoir ordonné une charge de policiers "inadaptée" en mars 2019 pour disperser une manifestation interdite de gilets jaunes à Nice, place Garibaldi. Six mois de prison avec sursis ont été requis contre le policier. Le jugement a été mis en délibéré.
Le commissaire divisionnaire Rabah Souchi, 54 ans, devait, en tant que "chef tactique" du dispositif sécuritaire, répondre de "complicité de violence par une personne dépositaire de l'autorité publique".
Lors de cette manifestation interdite par la préfecture, des CRS avaient été sommés de procéder à une charge envers les manifestants. Celle-ci avait directement provoqué les blessures d'une manifestante, Geneviève Legay, qui avait subi de multiples fractures et un traumatisme crânien.
Dans le communiqué officialisant la nomination de Rabah Souchi, la ville de Nice explique que les nominations (dont celle du commissaire Souchi) "visent à faire appel à plusieurs cadres de haut niveau pour porter les priorités fixées en matière de sécurité, de rayonnement international, d’activités portuaires et mener à bien les grands projets en cours qui seront livrés dans les prochaines années."
"Un ordre mal donné"
Les images de la septuagénaire violemment poussée par les policiers avaient fait le tour des réseaux sociaux, notamment par des lanceurs d'alerte spécialisés sur les violences policières.
Au cours du procès du commissaire Rabah Souchi à Lyon, les juges d'instruction ont estimé que seul le commissaire portait une responsabilité pénale dans une charge qui n'était "ni nécessaire, ni proportionnée au regard du but à atteindre: disperser une foule calme composée de manifestants pour certains âgés, de journalistes et de simples badauds".
Le procureur de la République Alain Grellet avait de son côté estimé que la charge représentait "un ordre mal ordonné et donc mal exécuté qui conduit à ces blessures", en notant la "confusion" autour de la préparation de la manœuvre.
"L'ordre donné est totalement légal", a argumenté de son côté l'avocat de la défense Me Laurent-Franck Liénard, qui a demandé la relaxe de son client. Le jugement a été mis en délibéré au 8 mars à 14h.