"Un jour, ils vont bouffer les chiens": à Champcella, l'inquiétude après une attaque de loups

À Champcella, dans les Hautes-Alpes, 28 brebis ont été tuées par des loups dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 octobre 2024. - BFM DICI
Quatre brebis éventrées et 24 agneaux tués. Le bilan de la dernière attaque de loup dans les Hautes-Alpes, survenue dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 octobre, est lourd. Au moins deux loups s'en seraient pris à un troupeau sur la commune de Champcella, profitant de l'absence inhabituelle des chiens de protection pour surveiller le troupeau.
"Si un jour un loup croise un gamin, il se passe quoi ?"
"On nous demande d'enlever les chiens au prétexte que les troupeaux sont proches des villages" déplore le berger Jean-Christophe Abrard victime de l'attaque.
Face à la recrudescence des plaintes de promeneurs et la condamnation en 2021 d'un éleveur haut-alpin pour "blessures involontaires" après que ses patous ont mordu des passants, les maires des Hautes-Alpes tenteraient de plus en plus de dissuader les éleveurs de garder les chiens de protection.
Pour Jean-Christophe, c'est certain, le loup a de moins en moins peur de l'homme, mais aussi des chiens de protection: "Au début, les chiens de protection les calmaient mais hier soir, les loups n'ont pas eu peur, si ça continue comme ça un jour ils vont bouffer les chiens".
Selon le berger, un loup aurait même été aperçu récemment près de l'ancienne poste de Saint-Crepin à 5 heures du matin, preuve selon lui d'une évolution des comportements: "Si un jour un loup croise un gamin il se passe quoi? S'ils n'ont pas peur des chiens de protection qui peuvent les tuer, alors imaginez face à un chien domestique ou à un gamin".
Le déclassement du statut du loup comme solution
Pour Patrick Gelato, membre de la fédération de chasse des Hautes-Alpes, il est clair que le loup a changé son comportement mais c'est surtout son augmentation croissante qui pose problème.
"La vallée de la Guisane avec Névache avait une population de 280 bêtes en 2018, actuellement et à cause du loup il n'en reste qu'une quinzaine, cela pose des problèmes de consanguinité, ça va faire des animaux dégénérés" explique-t-il.
Patrick Gelato se questionne sur l'efficacité d'un déclassement du statut du loup pour en diminuer le nombre.
"Pourquoi ne pas le faire passer de "très protégé" à "protégé" et ensuite charger les chasseurs de réguler, c'est d'ailleurs leur rôle et ça coûterait bien moins cher à l'Etat," s'interroge-t-il.