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"Tout peut basculer": les hôpitaux des Alpes-de-Haute-Provence vigilants face à l'épidémie de grippe

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"Quand on parle en phase épidémique d'une situation où on est relativement bien, il faut faire attention, car on peut rapidement se retrouver débordé", rappelle Stéphane Sauvat, anesthésiste réanimateur au centre hospitalier intercommunal de Manosque.

Comme chaque hiver, les épidémies sont redoutables et les départements alpins n'y échappent pas. Pour l'instant, en comparaison aux autres établissements de santé de la région Sud, la situation dans les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence est maîtrisée en ce qui concerne l'accueil des patients atteints de symptômes grippaux.

Parmi toutes les épidémies de l'hiver, la grippe est celle qui est la plus présente dans les Alpes-de-Haute-Provence. À Manosque, si la fin de l'année a été plutôt clémente, la première semaine de janvier a vu une évolution significative de l'épidémie de grippe. 8,5% des passages à l'hôpital étaient liés à la grippe la semaine du 30 décembre 2024 au 5 janvier 2025 soit 103 passages. Ils représentaient 4,4% la semaine précédente.

Malgré cette hausse, aujourd'hui, les centres hospitaliers du département sont toujours en capacité de gérer les patients comme l'explique Jean-Marc Bargier, directeur délégué du centre hospitalier intercommunal de Manosque et directeur des affaires médicales du GHT 04.

"Les hôpitaux qui ont connu des tensions importantes entre Noël et jour de l'an sont aujourd'hui en situation moins difficile, nous avons pu ouvrir des capacités d'hospitalisations qui font qu'à date, nous arrivons à faire face à la situation", explique le directeur délégué.

"On peut rapidement se retrouver débordé"

Mais si la situation est gérée, elle peut évoluer à tout moment. "On est vendredi et tous nos lits sont pris. Et si demain il y a des patients qui viennent, on peut se retrouver dans une situation de tension. C'est pourquoi il faut faire attention à ces périodes épidémiques où on a beaucoup de patients malades sur le plan national et régional. On peut avoir d'un seul coup une dizaine de patients qui peuvent nécessiter une hospitalisation avec une absence de lits d'avals, des patients qui seraient en attente couchés", rappelle le docteur Stéphane Sauvat, anesthésiste réanimateur, président de CME et responsable du pôle anesthésies soins continus des urgences.

"Avec une situation régionale tendue et une difficulté pour trouver des lits dans d'autres hôpitaux, c'est là où la situation serait en tension. Donc quand on parle en phase épidémique d'une situation où on est relativement bien, il faut faire attention, car on peut rapidement se retrouver débordé."

L'hôpital peut à tout moment déclencher un plan blanc

Mais alors comment les centres hospitaliers bas-alpins arrivent-ils à gérer quand d'autres établissements de la région Sud ont déjà déclenché leur plan blanc? Selon le docteur Sauvat, il ne faut pas se réjouir de la situation qui est due à plusieurs facteurs: "Il y a une fluctuation du nombre de passages aux urgences et d'un moment à un autre tout peut basculer. On peut passer aux urgences le matin à 9 heures et tout est calme, et à 15 heures, on peut se retrouver avec des dizaines de patients qui attendent, ça c'est le premier paramètre."

Et d'ajouter: "Ensuite, il faut faire attention à ce qu'il se passe au niveau régional. On peut avoir moins de patients qui viennent chez nous lorsqu'on est fermé la nuit, et ce sont des patients qui sont transférés sur d'autres structures et qui reçoivent plus de patients que ce qu'ils devraient recevoir et c'est à ce moment qu'ils se retrouvent en situation de tensions. Donc il y a un effet domino sur ces phénomènes de fermeture d'urgences". En cas de tensions, l'hôpital peut à tout moment déclencher un plan blanc.

Pour rappel, en plus de remettre quelques gestes barrières au goût du jour, se faire vacciner contre la grippe est toujours possible, l'épidémie dure en général jusqu'au début du printemps.

Laurie Charrié