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Présidence de DLVAgglo: le match Allevard-Galtier est lancé dans les Alpes-de-Haute-Provence

Pour la présidence de Durance Luberon Verdon Agglomération, le match Allevard-Galtier est lancé entre Vincent Allevard et Camille Galtier.

Pour la présidence de Durance Luberon Verdon Agglomération, le match Allevard-Galtier est lancé entre Vincent Allevard et Camille Galtier. - BFM DICI

L’un des deux doit prendre la succession de Jean-Christophe Pétrigny, président démissionnaire. À moins qu’une troisième voix s’élève afin de présider aux destinées de la plus grosse agglomération des Alpes-de-Haute-Provence jusqu'en 2026.

Les tractations sont déjà féroces, et elles vont s’accentuer furieusement jusqu’au début du mois de septembre. Tous les élus ou presque voient leur téléphone sonner et des repas sur le pouce sont programmés entre deux congés.

La présidence de Durance Luberon Verdon Agglomération (DLVA) est en jeu, et deux candidats, l’un désigné, l’autre naturel, sont en lice pour prendre la suite de Jean-Christophe Pétrigny jusqu’en 2026: Vincent Allevard ou Camille Galtier.

Bataille entre élus

Le premier est coordonnateur budgétaire et comptable au conseil départemental, mais aussi premier adjoint de la ville d’Oraison et vice-président de DLVA en charge de la collecte et du traitement des déchets. "Je ne souhaite faire aucun commentaire pour le moment", nous fait savoir l’élu, qui attend "de faire le tour des maires pour se prononcer". Dans les prochaines semaines, il devrait annoncer officiellement sa position par voie de presse.

Le second n’est autre que le maire de Manosque, président du groupe majoritaire au sein du conseil départemental et accessoirement l’un des élus les plus influents politiquement du territoire. "Il nous faut discuter tous ensemble et non avoir une décision impactant l’ensemble du territoire prise à cinq", déclare l'intéressé auprès de BFM DICI.

Au mois de septembre, Camille Galtier ou Vincent Allevard devrait s’installer sur le fauteuil de Jean-Christophe Pétrigny qui a décidé de démissionner pour des raisons de santé, tout en restant membre de l’agglomération pour le compte de Saint-Martin-de-Brômes.

Pour l’instant, sa démission n’a pas encore été acceptée par le préfet des Alpes-de-Haute-Provence qui devrait le faire vers le 15 août. À partir de cette date, c’est Pascal Antiq, premier vice-président, qui gérera les affaires courantes et organisera les élections à venir avant le 30 septembre.

L'hypothèse Gérard Aurric?

L’entourage du président Pétrigny pousse pour que cela se fasse dès le début du mois. Mais c’est Pascal Antiq, proche de Camille Galtier, qui demeurera maître des horloges.

"Que ce soit Vincent ou Camille, les deux sont légitimes puisque les deux ont montré leur capacité à travailler", avance Jérôme Dubois, le maire de Volx.

Une commune, qui comptabilisera d'ailleurs deux voix au moment du vote. "Deux voix sur 60, ce n’est clairement pas Volx qui va faire l’élection", nuance toutefois l’édile. Sauf que ce sont bien l’ensemble des voix des "petites" communes qui pourraient faire basculer le scrutin.

"Beaucoup de ces maires, qui ne siègent pas avec les dix du bureau exécutif, ont mal vécu le fait d’apprendre le choix d’Allevard dans La Provence et de recevoir un coup de fil dans la foulée. Cette décision en petit comité a été mal perçue", peste un proche du maire de Manosque.

D’autres élus avaient aussi une légitimité pour assurer la transition jusqu’en 2026. "Jusqu’à cette date, ma priorité reste Valensole", coupe immédiatement Gérard Aurric lorsque l’on prononce le mot 'DLVA'. Élu implanté et apprécié, réélu facilement depuis 2008, l’édile de Valensole sait que son nom est régulièrement avancé pour faire le trait d’union jusqu’en 2026 au sein de l’agglomération.

À commencer par Camille Galtier qui aimerait beaucoup que Gérard Aurric y aille avant de s’effacer naturellement puisqu’il ne devrait pas rempiler pour un quatrième mandat à Valensole.

"Les petites communes ne doivent pas être oubliées"

Car le maire de Manosque le sait, le timing n’est pas le bon pour lui et il n’a que des coups à prendre jusqu’en 2026. "Le président a démissionné, la directrice générale des services aussi. Si Camille y va, il devra mobiliser son DGS aussi sur les affaires de l’agglomération. Ce n’est pas simple", explique Jean-Claude Castel. Mais le maire de Corbières-en-Provence estime que son voisin a toutes les compétences pour y arriver.

"C’est un garçon intelligent. Il connaît ses dossiers et il fait un gros travail à Manosque. Personne ne peut dire le contraire", poursuit ce dernier au micro de BFM DICI.

Si le vote avait lieu demain, nul doute que Jean-Claude Castel glisserait un bulletin 'Galtier' dans l’urne.

Ce qui ne sera pas le cas d’André Mille. "Allevard est une bonne personne, tout neuf et apprécié des élus. Manosque reçoit le trois-quarts des investissements, ce qui est tout à fait normal puisque tout se passe là-bas. Mais les petites communes ne doivent pas être oubliées. Le problème, ce n’est pas Galtier. C’est que je ne veux pas que le président vienne de la plus grosse collectivité, c’est tout", assume le maire de Pierrevert.

Un élu de l’agglomération va plus loin: "Camille est dans une situation délicate. Soit il y va et il n’est pas certain d’avoir une majorité, ce qui serait une claque terrible. Soit il laisse Allevard y aller avec le risque que ce soit un vrai challenger pour 2026".

Équation et calculs politiques

L’équation pour le maire de Manosque est difficile. D’autant que ses plans n’étaient pas ceux-là. En devenant président de DLVA, Camille Galtier pourrait perdre ses délégations au conseil départemental et dire adieu au poste de président de l’Agence de Développement (AD 04) qu’il était certain d’obtenir.

En 2026, le Manosquin vise une réélection municipale dès le premier tour et espérait donc se présenter avec une légitimité incontestable devant ses pairs de l'agglomération. Autour de lui, à commencer par la présidente Éliane Barreille, on se dit que Galtier n’a pas d’autre choix que d’y aller dès septembre puisqu’un maire de son standing doit prendre ses responsabilités lorsque l’occasion se présente.

Quitte à se mettre en danger? "Camille ne veut pas y aller tout de suite. Mais franchement, Allevard, c’est le choix de Pétrigny qui a décidé avant d’en parler aux autres", tance un vice-président de DLVA.

"Le maire de Manosque ne peut pas accepter qu’un premier adjoint qui n’a que trois ans de politique derrière lui préside aux destinées de l’agglomération", poursuit ce dernier.

"Vous imaginez Allevard, fonctionnaire du département, qui va négocier avec sa propre patronne, Éliane Barreille, le contrat départemental pour le développement de l’agglomération? Allevard va aussi négocier avec la région la loi 'ZAN'? Mais on marche sur la tête", grince un élu manosquin de premier plan. Galtier et ses proches ne veulent pas d’Allevard. 

"Il n’y a pas de front anti-Galtier"

Mais plusieurs élus ne veulent pas non plus de Galtier, à qui l’on reproche sa sévérité et son manque d’unité ces dernières années au moment de voter en conseil communautaire. "Il n’y a pas de front anti-Galtier", jure Claude Cheilan, le maire de la commune de Vinon-sur-Verdon, et proche du président Pétrigny.

"Mais il y a des élus qui défendent plus l’intérêt communautaire que d’autres. Moi, toutes ces polémiques des trois dernières années, j’en ai assez. Allevard est quelqu’un avec qui je m’entends très bien. N’oubliez pas qu’un président élu n’est jamais seul. Il est entouré, et si c’est l’expérience qui pose un problème, je peux vous trouver des maires qui ont peu d’expérience aussi", déclare le deuxième vice-président de DLVA.

S’il veut gagner en septembre, le maire de Manosque n’aura d’autres choix que de faire des compromis. Camille Galtier doit par exemple déjeuner prochainement avec Serge Faudrin, le maire de Villeneuve.

Même si le vice-président en charge de l’eau semble déjà avoir fait son choix. "Ce mandat était celui de l’alternance à une présidence manosquine. Je trouve logique que ce soit le cas jusqu’en 2026 pour que les projets mûrs soient concrétisés par une équipe en place depuis le début", analyse Serge Faudrin.

Vincent Allevard et Camille Galtier ont un peu plus d’un mois pour convaincre et affiner leurs arguments afin de décrocher les 31 voix nécessaires à l'obtention d'une majorité. La bataille interne pour la présidence de DLVA ne fait que commencer.

Valentin Doyen avec Alixan Lavorel