"On se retrouve à faire du tri aux urgences": une grève illimitée démarre à l'hôpital de Digne-les-Bains

Si tout semble normal au centre hospitalier de Digne-les-Bains, le personnel soignant est pourtant en grève. Les soignants ont pour obligation de continuer à travailler, mais l'exaspération est bien présente.
"Les urgences ont été régulées plusieurs jours à cause d'un manque de médecins en arrêt maladie depuis plusieurs mois, pour certains, ou en congés maternité. C'est quelque chose qui aurait pu être anticipé et on se retrouve à faire une espèce de tri à l'entrée des urgences", déplore Anne-Laure Reynaud, déléguée CGT à l'hôpital de Digne-les-Bains.
Elle rappelle que le service d'urgences de Digne-les-Bains est le seul qui fonctionnait 24h/24 et 7j/7.
"On travaille à l'hôpital public, donc on doit accueillir tout le monde. On vit dans un département où la médecine libérale n'est pas au meilleur de sa forme et, souvent, le dernier recours pour les gens, ce sont les urgences", ajoute-t-elle.
Cette situation singulière s'ajoute aux problématiques déjà connus des Alpes-de-Haute-Provence, comme l'explique Hugues Breton, délégué syndical de l'association des médecins urgentistes de France pour le département.
"Les jours compliqués n'ont pas attendu l'été pour s'installer. Cela fait presque deux ans qu'on est confronté à des fermetures occasionnelles sur Manosque et Sisteron. À Digne, on a une activité de régulation sur l'ensemble du département et on a vu s'installer progressivement les difficultés sur le territoire et les conséquences sur le centre hospitalier d'Aix, Pertuis et Apt", explique-t-il.
Il ajoute: "Les fermetures ont eu aussi un impact sur notre centre hospitalier de Digne. Le surplus de patients se rajoute sur des structures déjà très fragilisées".
Des solutions à grande échelle attendues
Selon les syndicats, le problème n'est pas uniquement local et les solutions doivent être prises à l'échelle nationale.
"La solution est surtout gouvernementale. Il faudrait vraiment déployer une vraie politique de santé publique avec un déploiement des médecins partout en France là où il y en a besoin, mais aussi avoir plus de médecins formés et une revalorisation de l'hôpital public", détaille Anne-Laure Reynaud.
De son côté, Hugues Breton pense aussi à d'autres pistes. "Les solutions à l'échelle locale, ça commence à devenir compliqué. On a des médecins étrangers qui sont formés et qui devraient pouvoir rejoindre les services en exercice plein de manière relativement urgente quand leur activité sera validée par le service. Ce serait une première possibilité pour disposer de médecins supplémentaires", raconte le délégué syndical.
Il évoque le rétablissement des capacités à la médecine d'urgences qui permettaient de faire des passerelles entre médecine générale et médecine d'urgences.
"Avant, il y avait ces filières universitaires qui permettaient aux médecins généralistes qui prenaient des gardes dans les urgences de se former de manière complète et d'avoir ensuite un diplôme d'urgences tout en conservant leur cabinet à côté", ajoute-t-il.
Les syndicats pensent également à mobiliser les élus locaux pour les alerter sur la situation sanitaire du territoire et demander leur soutien pour avoir l'opportunité d'interpeller à un plus haut niveau. À ce jour, la grève dans l'établissement de santé dignois continue pour une durée indéterminée.