"On pérennise l'offre de soins": le centre de soins Paul Nalin ouvre ses portes à Forcalquier

Pour faire face au manque de médecins, la communauté de communes du pays de Forcalquier-Montagne de Lure inaugurera le jeudi 20 juin le centre de soins non-programmés Paul Nalin. Situé à proximité du centre-ville, il sera ouvert 7 jours sur 7 et permettra d'améliorer l'offre de soins.

C'est un établissement qui ne sera pas de trop face aux futurs départs à la retraite de nombreux médecins généralistes dans les prochaines années, combinés aux difficultés rencontrées dernièrement aux urgences de Manosque.

Le pays de Forcalquier a investi dans un centre de soins non-programmés, qui sera inauguré le jeudi 20 juin. 7 jours sur 7, un médecin et un infirmier seront présents pour accueillir les patients sans rendez-vous.

"On a 13 médecins sur le territoire et huit parmi eux seront en retraite dans les 10 prochaines années. Il y a un vieillissement de la population et une attente particulière des habitants au sujet de la santé, générée notamment par la crise sanitaire", explique David Géhant, président de la communauté de communes Pays de Forcalquier-Montagne de Lure et maire de Forcalquier.

Il ajoute: "On pensait avoir le meilleur système de santé du monde et on a vu un certain nombre de dysfonctionnements, donc on a cherché une solution pour y remédier".

Régler les problèmes de "bobologie"

Moins de deux ans auront été nécessaires pour construire l'établissement qui n'a, en aucun cas, l'objectif de remplacer l'offre de soins existante, comme l'explique David Géhant.

"La volonté est que ce soit une brique supplémentaire dans l'écosystème médical et ça ne vient pas prendre la place de praticiens", raconte-t-il. "Ça doit être une brique entre la médecine de ville, l'hôpital de jour de Forcalquier réhabilité l'an dernier et les urgences de Manosque, qui sont en souffrance mais qui, grâce à cette structure, pourront se concentrer sur les urgences vitales, au moins en ce qui concerne la population de Forcalquier dont les problèmes de bobologie pourront être traités ici", détaille l'édile.

Au total, six médecins, dont un échographiste et trois infirmiers âgés de 30 à 45 ans, vont se relayer pour faire fonctionner l'établissement en plus de leur métier principal.

C'est le cas de Tina Picardo, médecin généraliste et urgentiste, qui s'est beaucoup investie pour la création du centre de soins et qui continuera à travailler dans son cabinet tout en étant opérationnelle une journée sur le centre Paul Nalin.

"La médecine générale en ville c'est du suivi. Ce qui est plaisant, c'est de suivre des patients de 0 jusqu'à 100 ans. À côté de ça, il y a moins de gestes techniques et c'est là le côté intéressant du centre de soins", explique-t-elle.

D'après la médecin généraliste, l'établissement sera bien équipé. "On a une salle dédiée aux plâtres et aux sutures pour des petites fractures ou des plaies, une table de radiologie plus à visé traumatologique et une salle de surveillance avec quatre brancards pour faire des perfusions", énumère-t-elle.

Elle poursuit: "On aura aussi un scope et un appareil d'électrocardiogramme et une zone de laboratoire pour faire les premiers examens biologiques pour orienter les patients, et une salle d'échographie sur rendez-vous. Ça ne sera pas de la médecine de suivi, on sera amené à le faire pour les patients qui manquent de médecins traitants, mais c'est complémentaire avec eux et ce sera plutôt pour les consultations d'urgences ou de traumatologie."

Un projet à 2 millions d'euros

Dans ce centre de soins, ce n'est pas la place qui manque. Toutes les salles ne sont pas encore remplies. "L'étage est volontairement vide à ce stade, car on fait le pari de surdimensionner le centre pour avoir des locaux vides pour pouvoir accueillir des médecins et des spécialistes plus tard, parce qu'on pense que ce centre sera attractif", précise David Géhant.

Le maire de Forcalquier explique que cet étage restera vide tant qu'ils ne disposeront pas des médecins qu'ils souhaitent voir exercer sur place.

"On ne cherche pas à le remplir pour le remplir. Il y a deux ans on a raté une occasion d'installer un pédiatre par manque de locaux et on s'est dit plus jamais," se rappelle-t-il.

Le centre de soins Paul Nalin sera inauguré en présence de nombreux élus du territoire. Si le projet a coûté plus de deux millions d'euros à la communauté de communes Pays de Forcalquier-Montagne de Lure, son président est certain qu'il sera utile.

"On pérennise l'offre de soins pour les vingt prochaines années. Partout, les territoires se battent pour trouver un médecin. Ici, on n'en a pas un mais sept grâce au travail de Tina. Les territoires en rêvent, nous on le fait et c'est un levier d'attractivité territoriale", explique-t-il, évoquant les questions récurrentes des nouveaux habitants sur la présence de soignants. Il conclut: "La politique lorsqu'elle est faite de manière noble peut encore améliorer la vie des gens".

Le centre de soins Paul Nalin accueillera officiellement des patients sans rendez-vous dès le samedi 22 juin et sera ouvert 7 jours sur 7 de 11 heures à 21 heures.

Laurie Charrie avec Mélanie Hennebique