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Moisissures, températures glaciales... Le cauchemar des habitants d'une résidence de Gap

Comme quatre autres locataires, Sandrine habite dans une passoire thermique et son logement est envahi par la moisissure.

Comme quatre autres locataires, Sandrine habite dans une passoire thermique et son logement est envahi par la moisissure. - Gabriel del Castillo

Températures glaciales, problèmes d'humidité ou encore squatteurs... Les nuisances s'accumulent pour les locataires de la résidence située au 27 rue du Mazel à Gap. L'office public de l'habitat des Hautes-Alpes ne leur apporte pas de réponse satisfaisante.

Chez Sandrine, habitante du 27 rue du Mazel à Gap (Hautes-Alpes), des traces de moisissure noircissent le plafond ici et là. "J'ai de l'eau qui a commencé à goutter au moment des pluies", raconte-t-elle en montrant du doigt les dégâts. Et d'ajouter: "On voit sur les coins que c'est alvéolé." Arrivée ici en 2017, cette dame d'une cinquantaine d'années est la plus ancienne locataire de la résidence gapençaise.

Cela fait plus d'un an qu'elle tire la sonnette d'alarme : des câbles électriques apparents, à peine enrobés dans du papier journal, lui font craindre à tout moment un départ de feu et, surtout, l'humidité maintient un froid permanent dans l'appartement exigu.

"Moi quand je vois toute cette eau qui goutte à travers le plafond, je me demande s'il n'y a pas un danger qu'un jour ça me tombe sur le coin du nez parce que c'est gorgé d'eau", s'inquiète-t-elle.

Des craintes pour leur sécurité

Sandrine n'est pas la seule à souffrir des problèmes dans la résidence: ils sont cinq locataires sur six à se plaindre de nuisances. Au premier étage, le froid oblige David Beaume à rester en manteau chez lui. Le thermostat affiche constamment 15 degrés, et même 13°C au plus fort de l'hiver.

"Je suis en colère parce que ce n'est pas ce qu'on m'avait promis", s'emporte-t-il. "Le chauffage au grille-pain chauffe mal et je l'allume rarement parce que les factures s'envolent. Les fenêtres aussi sont mal isolées, j'entends tout le temps le bar d'en bas". David veut partir, mais il attend toujours qu'on lui attribue un nouvel appartement. Une des chambres est d'ailleurs remplie de cartons, preuve qu'il ne se sent pas à l'aise chez lui.

Ce n'est pas tout. La porte d'entrée de la résidence n'est jamais fermée et des SDF en profitent pour dormir dans la cage d'escalier, provoquant de nombreux désagréments: chaussures et draps à l'abandon, odeurs d'urine, canettes de bière, et même des matières fécales dans le jardin... La situation est telle que les habitants craignent pour leur sécurité.

Face à cette situation, David a multiplié les alertes auprès de la mairie, la préfecture, l'ADIL ou encore l'ARS. Sans réponse de la part de l'Office public de l'habitat des Hautes-Alpes (OPH05), qui gère la résidence, il a fini par assigner le bailleur social en justice.

"Les oubliés du 27"

Contacté par BFM DICI, le directeur général de l'OPH05, Christophe Aloisio, assure quant à lui prendre le dossier en main.

"On souhaite changer les convecteurs électriques pour passer au gaz, ce qui fera baisser les charges, mais il n'y a pas d'entreprise qui réponde pour l'instant aux appels d'offres", avance Christophe Aloisio.

À l'heure actuelle, l'appartement de David est classé G au DPE (Diagnostic de performance Energétique), ce qui le place dans la catégorie des passoires thermiques. Il sera donc interdit à la relocation à partir du 1er janvier 2025. En attendant, David songe même à créer une association pour prolonger le combat avec un nom équivoque: "les oubliés du 27".

Gabriel del Castillo