Manosque : une plainte déposée après des épandages illégaux

La ville de Manosque va porter plainte contre la filiale de la saur Alliance environnement - BFM DICI
La ville de Manosque va porter plainte contre la filiale de la SAUR Alliance Environnement, dont elle est le bailleur, après qu'au moins un épandage a été réalisé sans autorisations.
À deux reprises, en novembre 2024 et février 2025, les autorités ont été alertés au sujet d'épandages de lixiviats, à Manosque. Il s'agit de liquides contaminés résultant du passage de l'eau au travers de déchets enfouis. Selon un communiqué de France Nature Environnement du département (FNE 04), ces lixiviats sont "très polluants tant par leur qualité bactérienne que par leur composition chimique".
Toujours selon FNE 04 ce sont 1.500 m3 qui auraient été déversés sans aucune autorisation dans la zone des Naïsses à Manosque. Un épandage qui proviendrait d'un site à Tourrettes, dans le Var, qui a connu des dysfonctionnements en 2024.
Une surveillance renforcée mise en place
"Il y a eu des informations qui sont remontées aux administrations en novembre dernier et début février, si pour le premier événement on a pas eu de confirmation, en février on a pu constater ces épandages qui n'étaient pas autorisés", explique Serge Faudrin, Vice-Président délégué à la Politique de l’Eau et à la GEPU et Président de la Régie des Eaux DLVAgglo.
Suite à cette constatation l'agglomération a pris des mesures immédiates et les élus se veulent aujourd'hui rassurants en ce qui concerne la qualité de l'eau.
"C'est un site qui se situe à environ 1,5km des captages, donc suffisamment loin mais assez prêt pour qu'il puisse y avoir des conséquences", explique Serge Faudrin.
Et d'ajouter: "Donc dans un cas comme ça qui est inhabituel, on a mis en place une surveillance renforcée avec des mesures, tous les jours, pour s'assurer qu'on avait aucune contamination. Ensuite, par précaution, dans le mix entre l'eau du verdon et l'eau des forages, on a nettement augmenté la partie eaux du verdon pour être tranquille si jamais il y avait un événement qui interviendrait entre deux mesures", explique Serge Faudrin.
"Cette pratique illégale qui ne peut être cautionné"
En temps normal, les épandages doivent être très contrôlés, comme le précise l'élu: "En ce qui concerne l'agglomération, il n'y a pas d'épandage. Ça ne fait pas partie de notre politique, donc les boues de stations partent au compostage et les lixiviats sont traités en stations d'épuration. Il y a des épandages qui proviennent quelques fois d'autres départements, mais s'il doit y avoir un plan d'épandage, il doit être réalisé avec des contraintes de quantité et de qualité pour s'assurer qu'il n'y a pas de risques."
Dans un communiqué signé par Serge Faudrin, ainsi que par le maire de Manosque Camille Galtier qui est également président de DLVAgglo il est précisé qu'un "arrêté Préfectoral de mise en demeure de cesser toute élimination de Lixiviats non conforme à la règlementation a été pris à l’encontre de la société Alliance Environnement et une enquête judiciaire est en cours."
Et ajoute que: "Même en l'absence d'impact sur la qualité de l'eau cette pratique illégale qui ne peut être cautionnée."
"Les effluents épandus ne sont en aucun cas des lixiviats"
Contactée, la Saur précise que si les épandages ont bien été réalisés, il ne s'agit pas de lixiviats: "Les effluents épandus ne sont en aucun cas des lixiviats issus de l’enfouissement de déchets, mais des eaux de ruissellement et de ressuyage provenant de la plateforme de compostage. Ces effluents, régulièrement analysés, présentent des caractéristiques agronomiques permettant leur retour au sol dans des conditions conformes aux réglementations en vigueur."
Concernant l'impact environnemental, selon la SAUR, les analyses indépendantes menées ne montrent aucune pollution des sols ou des eaux de surface. Pour la société le seul problème concerne l'administratif.
"Le plan d'épandage n'a pas officiellement été validé, mais il a bien été déposé et il est aux normes", explique un porte-parole du groupe Saur.
"L’incident ne résulte pas d’une problématique liée à la qualité des effluents, mais d’un malentendu administratif concernant la validation du plan d’épandage. Ce plan, bien que déposé et en cours d’instruction, n’avait pas encore été officiellement validé. Dès que nous avons eu connaissance de cette situation, nous avons immédiatement cessé les opérations d’épandage et collaboré étroitement avec la DREAL pour clarifier les démarches à suivre."
La société insiste également sur les actions correctives mises en place. Elle affirme que pour éviter toute confusion, la coordination a été renforcée, et une convention avec l’agglomération de Manosque a été mise en place pour assurer l’évacuation des effluents vers la station d’épuration.