"Il peut arriver n'importe quoi": à Risoul, le hameau de Barbein encore coupé du monde après les intempéries

Dans la commune de Risoul, c'est le seul hameau encore coupé du monde après les intempéries. BFM DICI a réussi à aller à la rencontre des habitants, qui ne désespèrent pas de la situation.

Seul le bruit de la nature résonne. À Barbein, un hameau de la commune de Risoul (Hautes-Alpes), la dizaine d'habitants est coupée du monde depuis vendredi 1er décembre dernier. C'est ce jour-là que l'unique pont qui les reliait au village a été emporté par les eaux après les intempéries qui ont touché le Guillestrois.

Lundi 4 décembre, le maire de Risoul, Régis Simond, indiquait sur BFM DICI que le hameau était le seul encore isolé. "On pense aux habitants qui sont encore isolés. Notamment le hameau de Barbein, où on fait ce que l'on peut pour les rejoindre. Ils ont encore de l'électricité", précisait l'édile.

BFM DICI a réussi à passer le torrent de Chalps ce mardi 5 décembre pour aller à la rencontre des habitants du hameau.

"On sait qu'on est coupé et qu'il peut arriver n'importe quoi"

Dans ce petit village, la neige a recouvert les toitures des maisons, celles des voitures et les petites rues escarpées sont à peine dégagées. Parmi les habitants, Francis, 77 ans, fait partie de ceux qui n'ont pas vu la civilisation depuis plusieurs jours.

Si ce dernier, bonnet noir vissé sur la tête et lunettes de vue imposantes, ne désespère pas, il sait que les prochains jours seront encore difficiles.

"On a du bétail, on a besoin d'aliments. Même avec une passerelle, ça va être difficile de voyager avec la voiture", martèle-t-il au micro de BFM DICI.

Car pour franchir le torrent et pouvoir rejoindre Risoul ou Guillestre, une passerelle pédestre vient d'être installée. C'est la solution temporaire trouvée pour passer l'hiver mais impossible à ce stade d'accéder au hameau en voiture, il faudra laisser les véhicules de chaque côté. Face à cela, l'hypothèse d'un souci quelconque fait frissonner Francis.

Une passerelle piétonne provisoire installée pour relier Risoul à son hameau de Barbein (Hautes-Alpes), début décembre 2023. © Régis Simond, maire de Risoul

"Ça met un peu de stress parce que l'on sait qu'on est coupé et qu'il peut arriver n'importe quoi", craint le septuagénaire.

La solidarité en place dans le village

Mais dans le village, qui compte quatre familles, la solidarité s'impose par ces temps d'isolement. "Il y a des jeunes qui nous demandent si on a besoin de quelque chose comme du pain ou autre quand ils partent. On s'entend assez bien dans le village", se rassure Patrice.

Plus loin, un autre ancien du hameau observe les travaux de construction de la passerelle. Pour l'homme, en tenue de ski des années 80, pas question de s'apitoyer.

"Ce n'est pas trop grave. Tout va bien, il y a des gens plus malheureux. Il ne faut juste pas que ça s'éternise", admet-il au micro de BFM DICI.

Ce qui pose problème aujourd'hui, c'est l'accès au village. Depuis Guillestre, il ne peut se faire qu'a pied. "Pour descendre ça va, mais il faut une heure pour remonter", regrette l'homme.

Le chemin que doivent emprunter les habitants se trouve dans la route forestière. Cette dernière doit être aménagée pour permettre la circulation des 4x4 et assurer un minimum de sécurité aux habitants. Juste pour l'hiver.

Risoul fortement impacté par la crue du torrent

La commune de Risoul a fortement été impactée par les intempéries et la crue du torrent que ces dernières ont engendrée. Samedi 2 décembre, au lendemain, les routes étaient totalement impraticables et le réseau électrique encore impacté.

Ces incidents ont aussi empêché l'accès à la station de ski de Risoul 1850. Dimanche 3 décembre, la station, située plus en altitude, restait encore "inaccessible", la route étant coupée, a déclaré à l'AFP Marcel Cannat, vice-président du département chargé des routes.

Des entreprises du département ont été réquisitionnées pour venir aider à ouvrir une piste pour véhicules 4x4, a-t-il indiqué. Une dizaine de pelles mécaniques, des chargeurs, des tombereaux sont à l'oeuvre, ainsi que 269 pompiers mobilisés depuis d'autres régions.

Dans la ville, ce mardi 5 décembre, la route pour accéder à la commune était toujours coupée.

Jérémie Cazaux avec Martin Regley