Hautes-Alpes: des ambulanciers portent plainte contre un médecin de Risoul pour "menaces"

La station de Risoul dans les Hautes-Alpes. (image d'illustration). - BFM DICI
Un médecin de Risoul est visé par une plainte. Selon nos informations, une enquête est menée par les gendarmes de la compagnie de Briançon sur ordre du parquet de Gap.
"Une enquête est en cours suite au dépôt d’une plainte par des ambulanciers pour des faits de menaces", confirme Florent Crouhy à BFM DICI. "D’autres procédures judiciaires avaient été initiées début 2022 et une médiation pénale avait été décidée par le parquet", précise le procureur de Gap.
L'entreprise confirme la plainte
La société d’ambulances concernée, l’entreprise Durand à Guillestre et Eygliers, "confirme le dépôt de cette plainte", mais ne souhaite pas en dévoiler plus.
Plusieurs salariés de l’entreprise se seraient présentés à la station pour prendre en charge un patient. Au moment d’entrer dans le cabinet, le docteur Lionel Bajolle aurait menacé de s’en prendre directement, avec des armes, aux ambulanciers s’ils venaient à pénétrer dans la structure.
"Il a des soucis avec la mairie, avec le pharmacien, avec les médecins régulateurs du 15, avec les salariés de la station et avec des patients. C’est un docteur qui a besoin d’un docteur", sourit un membre du personnel de l’entreprise d’ambulances.
Dans la station, de nombreux avis sont aussi tranchés. "Ce monsieur a refusé certains patients. Il a aussi eu de gros problèmes avec les secouristes de Labellemontagne", souligne un élu risoulin.
Des rapports compliqués entre le médecin et les secours
Joint par téléphone, le maire de Risoul, Régis Simond, affirme "ne pas être informé de cette plainte". Mais ne semble pas pour autant surpris lorsqu’on lui pose la question. "Le comportement de ce médecin a plusieurs fois été pointé du doigt", indique l’édile, sans entrer dans le détail.
C’est avant tout des problèmes relationnels qui remontent à la surface lorsque l’on évoque les rapports entretenus entre docteur Lionel Bajolle, installé depuis une vingtaine d'années dans la vallée, et les autres maillons de la chaîne des secours, qui ont parfois du mal à collaborer avec lui.
Des ambulanciers, donc, qui ont déposé plainte. Mais aussi des pompiers qui ont, par le passé, dénoncé des attitudes exécrables. "Une fois, une altercation physique a failli avoir lieu entre des pompiers et l’assistant de ce docteur. Nous avons dû menacer de déposer plainte pour que la situation s’apaise. Depuis deux ans, nous sommes tranquilles", note un cadre du SDIS 05.
Même sentiment pour ce ponte de la gendarmerie qui, depuis son arrivée dans les Hautes-Alpes, "entend parler de ce professionnel de santé chaque saison à Risoul".
Au sein de l’entreprise Labellemontagne, le sujet est aussi connu de longue date. Et les liens directs avec le médecin concerné sont médiocres. "Ce monsieur a des réactions épidermiques. Nous avons été contraints de mettre une barrière entre lui et les salariés de la station parce qu'il a été plusieurs fois désobligeant", constate Jean-Yves Rémy, président de Labellemontagne.
Depuis le début de saison, une nouvelle organisation a été mise en place dans la prise en charge des blessés sur le domaine skiable afin que plus personne n’ait de rapports avec le médecin mis en cause.
Plusieurs médecins vont se relayer à Risoul
Selon nos informations, les relations se seraient encore plus tendues ces derniers mois au sein de la station lorsque le praticien a été plus ou moins écarté par la commune sur décision politique. La Communauté de Communes du Guillestrois-Queyras a récemment lancé un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI). Sans succès.
Ni le docteur Bajolle, ni le docteur Donon se sont manifestés et le village de Risoul a récupéré la compétence "Santé". Avec le récent départ précipité de Stéphane Donon, parti vers Orcières après de sérieuses brouilles avec son confrère, le village se devait de réagir en attirant de nouveaux praticiens.
"La commune de Risoul recherchait un salarié et clairement, ils n’avaient pas envie d’avoir Bajolle dans les pattes. C’est donc un autre qui s’installera dans le cabinet", explique une source qui suit ce dossier de prêt. Ainsi, plusieurs médecins se relaieront et assureront prochainement une permanence au sein de la station.
Deux parties irréconciliables?
Une situation qui navre le docteur Georges Stoltz, président du conseil départemental de l'ordre des médecins des Hautes-Alpes. "Franchement, nous avons essayé de réconcilier les deux parties. Mais cela ne s’est pas fait. Nous le regrettons car il y a beaucoup de choses à faire en station".
La crainte à présent de l’Ordre des Médecins? Que la situation ne s’envenime encore plus. Avec l’arrivée de nouveaux médecins qui s’installent dans le cabinet communal, les secouristes du groupe Labellemontagne pourraient favoriser l’envoi de patients dans cette structure plutôt que chez le praticien mis au ban.
Contacté à plusieurs reprises par téléphone, le docteur Lionel Bajolle ne souhaite faire aucun commentaire.