Gap : le père d'un trafiquant présumé jugé et relaxé pour détention de drogue après la mort de son fils

Palais de justice de Gap, juin 2025. - Gabriel del Castillo
Des poursuites qui n'ont pas de sens d'après l'avocate de Mohamed Ghennam. Maître Amafroi-Broisat n'a d'ailleurs pas hésité à évoquer son client comme un ovni dans cette procédure. En l'absence du fils, Anis Ghennam, c'est son père qui était jugé pour détention de stupéfiants ce jeudi 12 juin au tribunal de Gap. L'accusé n'a toutefois pas souhaité comparaître en raison de son état psychologique.
Le 24 mars 2019, les policiers retrouvent un peu plus de 80 kilos de stupéfiants dans un box situé dans le quartier des Coteaux du Forest à Gap. Des valises contenant 73 kg de résine de cannabis, 6,5 kg d'herbes de cannabis, environ 900 g d'héroïne et près de 700 g d'amphétamines.
Le locataire du box, un homme de 63 ans au casier judiciaire vierge, s'appelle Mohamed Ghennam: il s'agit du père d'Anis Ghennam, le trafiquant présumé visé à l'origine par la police.
Ce n'est pas la première affaire qui concerne Anis Ghennam. Le 9 novembre 2018 à Saint-Firmin, les douaniers et la gendarmerie trouvent 20.300 euros en liquide dans un sac en plastique dissimulé au niveau de la roue de secours. Quelques mois plus tard, le 6 mars 2019, l'ADN d'Anis Ghennam est retrouvé sur le sac en plastique.
Celui-ci sera interpellé à son domicile rue Carnot à Gap et mis en examen pour trafic de stupéfiants. Près de 100g de résine de cannabis et 800 g de cocaïne sont découverts chez lui pendant la perquisition.
Une réaction de père de famille
La mort d'Anis Ghennam, victime d'un traumatisme crânien et dont le corps a été retrouvé le 29 avril dernier près du golf du col de Bayard, a cependant rebattu les cartes du procès. L'avocate de Mohamed Ghennam a axé sa défense sur la dimension humaine de cette affaire. Son client n'était pas au courant que son fils utilisait son box pour déposer la drogue.
Mohamed Ghennam n'a certes pas prévenu la police de l'existence de la drogue, mais il a réagi en père de famille. Son intention n'était pas de détenir les stupéfiants, bien au contraire puisque, quelque temps après l'arrestation de son fils, il est retourné dans le box pour s'en débarrasser.
La procureure, qui a reconnu le contexte familial complexe qui entoure le procès, a requis 8 mois avec sursis contre Mohamed Ghennam. Il sera finalement relaxé. Les poursuites à l'encontre de son fils se sont quant à elles éteintes avec sa mort. L'enquête pour homicide volontaire envers Anis Ghennam est toujours en cours.