BFM DICI
bfmdici

Fermeture partielle, télésiège, tourisme... L'avenir de la station de Crévoux divise encore

placeholder video
L'avenir de la station de ski crée des tensions entre la mairie et les professionnels. En cause notamment, la fermeture partielle de la station en décembre dernier ou encore le projet de création d'un télésiège.

6.050. C'est le nombre de signataires de la pétition. Depuis le début de l'année, la colère monte à Crévoux à travers la voix de l'association UDSC (Union pour le Dynamisme de la Station de Crévoux) fondée par Bruno Sturlèse, ancien candidat aux élections municipales. Au cœur de la colère: la fermeture partielle de la station en décembre dernier.

Pour Gilles Buffard, moniteur de ski et membre de l'association, les conséquences pour les commerçants sont énormes. "On a perdu la quasi-totalité des réservations de l'école de ski sauf que sans nous, ce sont tous les commerces qui souffrent, je ne comprends pas pourquoi la station n'était pas ouverte, avec 10 canons à neige, on pourrait facilement enneiger les zones qui subissent le réchauffement climatique".

Un manque de transparence

Pour Bruno Sturlèse, il y aurait une opacité sur le fonctionnement de la station. Il déplore un manque de transparence et s'interroge sur le bien fondé des décisions prises par le SIVU, le syndicat intercommunal à vocation unique qui gère le domaine. Minoritaire à 30%, la commune de Crévoux ne prend pas les décisions pour la station gérée plutôt par la Sem-Sedev, la société d'exploitation des remontées mécaniques de Vars.

"On est là pour faire la lumière sur le fonctionnement de cette station qui est compliqué, on se demande si ce mode de gouvernance est encore adapté en 2024 pour un projet de montagne 4 saisons", s'alarme-t-il avant d'ajouter: "on nous avance des arguments climatiques mais avec de la bonne volonté on aurait pu éviter de fermer la station pendant 15 jours".

Autre point de crispation: l'investissement pour la création d'un télésiège. Pour Bruno Sturlèse et Gilles Buffard, le télésiège est un investissement trop important qui ne serait pas adapté à la conjoncture ni au domaine skiable.

"On a pas besoin de gros investissements pour faire de Crévoux une station modèle qui pourrait être une vraie vitrine de la station future respectueuse de l'environnement, nous avons 95% de neige naturelle, l'investissement de quelques canons à neige pourrait faire toute la différence".

Pour Valéry Ragot, un habitué de la station de Crévoux depuis 10 ans, il s'agit d’agir vite pour ne pas se faire rattraper par le changement climatique. "Il faut pérenniser le fonctionnement de la station en installant des canons pour pouvoir descendre jusqu'au bas de la station. On joue avec le feu et il est urgent de faire quelque chose, on est sûr que cette super station disparaîtra si on ne fait rien".

Des commerces qui ferment faute d’une fréquentation touristique suffisante

Selon Bruno Sturlese et Gilles Buffard, trois commerces fragilisés par ce qui est considéré comme un manque de dynamisme économique sur les ailes de saison ont déjà fermé leurs portes.

Pour le gérant du restaurant du front de neige "La Tanière", Bruno Zimmer, la décision est déjà prise. "La fréquentation ne dure que 5 semaines et ce n'est pas suffisant donc je ferme pour ma survie financière. Je ne vise personne mais je comptais sur des avancées majeures qui tardent à venir".

À quelques mètres de là, toujours sur le front de neige, Aurélie Chastan tient un magasin de location et déplore elle aussi une temporalité qui pose problème, en faisant référence au projet de résidence de tourisme censé dynamiser l'attractivité de la station.

"Notre village station fait vivre des habitants de la vallée et on en a besoin pour vivre, la volonté politique est là et je n'en doute pas, mais les projets n'avancent pas assez vite, les terrains de la future ZAC (zone d'aménagement concerté), par exemple, n'appartiennent toujours pas à la municipalité".

Le meilleur chiffre d'affaires jamais réalisé selon la mairie

Si les périodes creuses comme le mois de janvier ou le mois de mars sont pointées du doigt par les commerçants qui espèrent la création d'une résidence de tourisme pour faire venir plus de monde, le maire de la commune, Stéphane Scarafagio, se veut au contraire rassurant en évoquant "les bons chiffres" de la station.

"Le chiffre d'affaires de la saison dernière a été exceptionnel, c'est un des meilleurs qu'a pu réaliser la station ces dernières années, la fréquentation est bonne, il y a de nouvelles personnes et Crévoux a une forte attractivité pour de nouvelles pratiques, cette année le chiffre du mois de mars est aussi très bon". 

Concernant la pétition et le risque de "graves conséquences humaines et financières" évoqué par les signataires, l'élu se dit ouvert au dialogue et explique avoir proposé un rendez-vous "refusé" par Bruno Sturlese, Gilles Buffard et Ève Le Berre.

Le rendez-vous aurait été annulé la veille selon le maire qui s'étonne de l'absence de dialogue. "Depuis la création du Sivu il y a 22 ans, on n'a jamais vu ces personnes lors des réunions publiques pour évoquer la station (…) donc c'est difficile pour moi d'imaginer qu'ils aient un niveau de compétence et de connaissance assez avancé pour porter un jugement".

"Aujourd'hui la région investit, c'est un travail de longue haleine, des mois voire des années de travail et beaucoup d'argent public, il faut être raisonné et raisonnable et quelles que soient les paroles portées il faut être sur des choses concrètes et pas sur du y a qu'à, faut qu'on", ajoute-t-il.

De leur côté, Bruno Sturlese et Gilles Buffard affirment ne pas avoir reçu de proposition pour une entrevue.

Jérémie Cazaux