"Ça ne peut pas durer": les commerçants de Rosans s'inquiètent de déviations causées par des travaux

"Demi-tour conseillé", "route fermée", "circulation compliquée", "route barrée"... Des commerçants de Rosans (Hautes-Alpes) dénoncent l'installation de panneaux par le département de la Drôme, sans concertation avec leur propre département.
Un problème de taille pour les commerçants de la commune, qui déplorent une importe baisse de leur chiffre d'affaires.
"C'est 50 à 70% de perte depuis deux semaines sur nos deux magasins", déclare Armin Gossiaux, gérant de la boulangerie La Rosanaise. L'un de ses magasins est situé à Serres, l'autre à Rosans. Pour ce commerçant, la situation est déjà alarmante. "Le dimanche, on fait 300 euros à la place de 900, ce n'est pas possible. C'est très compliqué, d'autant plus que la fermeture est prévue pour six mois."
"La situation ne peut pas durer"
Les panneaux sont placés dès la commune d'Orange, mais aussi à Serres, et invitent les automobilistes à passer par le Col de Cabre qui, une fois enneigé, sera fermé. Une déviation existe bel et bien par le col de Soubeyrand et celui de Lescou (qui ne devrait pas être accessible aux poids lourds une fois enneigé).
Les commerçants ont contacté Marcel Cannat, vice-président au département en charge des routes, et Gérard Tenoux, vice-président du Conseil départemental, en début de semaine pour leur faire part de leurs inquiétudes.
"La situation ne peut pas durer encore un mois comme ça", s'inquiète Armin. Le boulanger ne sait pas s'il pourra garder son ouvrier qui travaille la nuit, si la situation ne change pas rapidement.
Alors en parallèle, une dizaine de personnes ont déjà signé une pétition. Pour Muriel Brunet, co-gérante du garage Rosans Automobiles, la situation est pour le moment moins grave: "On est impacté sur le carburant, nous savons que les entreprises et les habitants viennent se servir, mais au niveau du garage, on travaille beaucoup avec les locaux, et c'est la pleine saison. Le problème c'est qu'il y a un manque de communication entre les deux départements, mais ce n'est pas par manque d'informations, car ils les ont eues", raconte la gérante.
"J'ai contacté le département, ils m'ont dit qu'ils s'étaient plutôt occupés de la route coupée sur Aspres/Sisteron, et la Drôme n'a pas forcément précisé ce qu'ils allaient faire dans les Hautes-Alpes." D'après les commerçants rencontrés par BFM DICI, des panneaux sont barrés avec du scotch noir sur les directions Orange, Montpellier, Nyons.
"C'est inquiétant", commente Muriel. "Au niveau des déviations, il n'y a rien d'indiqué, il faudrait le faire au moins pour les véhicules légers." Les commerçants insistent, ils comprennent bien la tenue de ses travaux, plus que nécessaires, après l'éboulement mortel en août dernier dans la commune de Villeperdrix, où une sexagénaire a perdu la vie, mais demandent une indication claire au niveau des routes.
Le département dénonce une situation "inacceptable"
Shirley Agniel travaille dans le bar-restaurant Le Tourisme à Rosans depuis le mois de mai 2022, et depuis deux semaines, elle a bien remarqué la baisse de fréquentation: "Depuis jeudi, on a vraiment vu la différence, on a eu deux clients de passage alors que d'habitude, il y en a beaucoup plus qui viennent prendre le café, même en cette saison. Cette déviation via le col de Cabre est essentielle pour les poids lourds."
"Depuis le mois de juin, il y a déjà eu beaucoup de déviations. Un an sans passage ici, ce serait dramatique. Heureusement qu'on a nos locaux qui viennent, c'est ce qui nous sauve. Nous, on est ouvert sept jours sur sept, toute l'année, c'est aussi pour apporter de la vie dans le village", poursuit Shirley.
La commerçante a déjà perdu 25% de son chiffre d'affaires au mois de novembre. Une situation très préoccupante pour le vice-président du conseil départemental des Hautes-Alpes, Gérard Tenoux, qui n'a pas encore réussi à rentrer en contact avec le département de la Drôme.
"Je trouve, moi aussi, cette situation inacceptable. On ne peut pas se permettre de ne pas avoir une réflexion approfondie sur les impacts qu'il peut y avoir dans nos départements", conclut-il.