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Alpes du Sud: comment expliquer la série d’accidents de planeurs cet été?

L'appareil s'est crashé au décollage ce vendredi 26 juillet et a chuté dans un champ photovoltaïque.

L'appareil s'est crashé au décollage ce vendredi 26 juillet et a chuté dans un champ photovoltaïque. - BFM DICI

Cet été, les accidents impliquant des planeurs se sont succédé dans les Alpes du Sud, certains plus dramatiques que d'autres, avec notamment deux morts début juillet. Comment expliquer cette recrudescence d'accidents?

Crash, atterrissage en catastrophe... Quatre accidents impliquant des planeurs dans les Alpes du Sud ont été recensés au cours de ce mois de juillet.

Vendredi 26 à Aspres-sur-Buëch, un planeur a chuté dans un champ photovoltaïque. Les deux personnes à bord ont été prises en charge par les secours en urgence absolue. La veille, jeudi 25, en fin d’après-midi, un planeur avait atterri en urgence à Méolans-Revel dans l'Ubaye sans faire de blessé. Même chose le lundi 22 en fin de journée sur la commune de Crots entre le torrent de Boscodon et la plage des Italiens.

Le groupement de la gendarmerie aérienne basé à Aix-en-Provence enquête sur ces incidents.

Trop tôt pour des conclusions

Par ailleurs, la saison a été endeuillée par la mort de deux personnes le vendredi 10, disparues en vol après leur décollage au coucher du soleil de l'aérodrome d’Aspres-sur-Buëch et retrouvées deux jours plus tard dans le Val d'Escreins. Une enquête du bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) a été ouverte.

"L'accidentologie est effectivement plus importante en juillet 2024 qu'en 2023 sans nous permettre de tirer des conclusions particulières à ce stade. Il faut plusieurs saisons aéronautiques pour évoquer une tendance", souligne la direction générale de l'aviation civile (DGAC), contactée par BFMTV.com.

"Ça s'est produit à divers endroits du département et dans la majorité des cas, ce sont des pilotes qui connaissent la région", relève le colonel Jean-Yves Brobecker, directeur adjoint des pompiers des Hautes-Alpes.

Les Alpes du Sud, temple européen du planeur

Pour François Grange, président de l'aéroclub alpin basé à l'aérodrome de Gap-Tallard, de tels accidents se produisent régulièrement et sont à mettre en perspective avec le nombre important de pilotes.

"Les Alpes du sud sont la principale destination en Europe pour le planeur en été avec peut-être 80% des vols en planeur dans la vallée de la Durance grâce aux conditions exceptionnelles que nous offrent les montagnes. Pendant la saison, nous passons de trois planeurs à une quarantaine de machines".

Lorsque le soleil rayonne sur les pentes, l'air se réchauffe et créé des ascendances permettant aux planeurs, dépourvus de moteurs, de prolonger longtemps leur vol.

Lors de cette période, la fréquentation est donc importante sur les quatre aérodromes des Hautes-Alpes (Mont-Dauphin-Saint-Crépin, Aspres-sur-Buëch, Serres-La Bâtie-Montsaléon, Gap-Tallard) et les quatre des Alpes-de-Haute-Provence (Barcelonnette-Saint-Pons, Sisteron-Vaumeilh, Château-Arnoux-Saint-Auban et Puimoisson).

Expérience de vol en montagne nécessaire

Mais le cadre attrayant des Alpes du Sud fait parfois oublier les contraintes inhérentes à la pratique du vol en montagne.

"Avec l'altitude et les franchissements de cols, vous êtes soumis à des phénomènes aérologiques. L'air, tout d'un coup est moins porteur. La chaleur peut aussi jouer sur la mécanique. Les aérodromes exigent également une certaine expérience parce que vous allez trouver des pistes en terre ou en herbe, des longueurs réduites voire des terrains en pente", résume le pilote.

Son aéroclub propose des formations de vol en montagne mais elles ne sont pas obligatoires. Le détenteur d'une licence de pilote privé est autorisé à se poser sur un aérodrome.

Des actions de prévention

François Grange, qui a commencé à piloter à Maubeuge assure que le danger est loin de se cantonner à la montagne et qu'il faut sans cesse faire preuve d'humilité.

"La plupart des pilotes se savent très chanceux de pratiquer ce loisir exceptionnel. La remise en question est permanente. Comme sur la route, il y a une minorité de personnes qui ne sont pas conscientes des limites".

Contactée, la préfecture des Hautes-Alpes constate "la récurrence de ces événements" et a demandé à la gendarmerie aérienne d'effectuer davantage de prévention auprès des pilotes.

Toute l'année, la direction de la sécurité de l'aviation civile (DSAC), subdivision régionale de la DGAC mène des actions de promotion de la sécurité (rencontres thématiques avec aéroclubs, forums divers, participation à des événements de communication…).

Florent Bascoul