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Académie, entraînements, nouvelle patinoire... Luciano Basile, manager des Rapaces de Gap, se confie

Luciano Basile, de retour chez les Rapaces de Gap, souhaite faire "le mieux" pour le club, le 26 novembre 2024.

Luciano Basile, de retour chez les Rapaces de Gap, souhaite faire "le mieux" pour le club, le 26 novembre 2024. - BFM DICI

Près de deux mois après son retour à la tête des Rapaces de Gap, Luciano Basile s'étale sur les ambitions du club et notamment la structuration de son académie, le recrutement et l'augmentation des créneaux d'entraînements.

Après avoir obtenu le label "Centre de formation" en juillet dernier et après l'arrivée de leur nouveau manager, Luciano Basile, de retour depuis le 26 novembre 2024, le club des Rapaces de Gap souhaite intensifier et approfondir le développement de leurs jeunes.

Un projet ambitieux qui est encore en réflexion et en pourparlers avec la ville de Gap. Le club de la ville a la volonté de devenir un club formateur de référence. "Aujourd’hui, on a la fondation mais on n’a pas de maison, on est en pleine construction", présente Luciano Basile, manager des Rapaces de Gap, qui dévoile, pour BFM DICI, les contours de ce projet.

La création d'une "académie" U18/ U20

"Aujourd’hui, on a une équipe U20 qui n’est pas vraiment une équipe. Ce sont des jeunes qui sont prêtés en Division 2 ou en Division 1, qui s’entraînent sur Gap pendant la semaine et qui vont jouer leurs matchs en D2", constate l'entraîneur. Un modèle qu'il ne considère pas optimal. À la place, Luciano Basile souhaiterait une équipe U20 qui s’entraîne directement à Gap.

"On réfléchit à créer soit une D2, soit une D3. On va voir si on s’accroche sur la D3 de Briançon." L’équipe qu'imagine Luciano Basile est l'équipe U20 actuelle complétée par un staff technique. Il faudra ainsi pour les Rapaces, recruter un entraîneur chef qui entraînera l’équipe à Gap durant la semaine.

"Celle-ci jouera le samedi en sénior (en D2/D3) et le dimanche son match en U20", poursuit le manager. En effet, en U20, les joueurs ne jouent qu’un match par semaine. Ce qui n’est pas suffisant pour Luciano Basile. "On bricole aujourd’hui. Des fois on fait des entraînements avec six, sept joueurs, ce ne sont pas des entraînements de haute qualité. On veut changer tout ça."

Une association avec Briançon?

Ces projets en cours devraient voir le jour l’année prochaine d’après le Canado-Italien. Mais alors en D2, ou en D3? "Il y a des avantages des deux côtés. Si on s’associe avec Briançon, on aurait l’avantage de demander une dérogation car ils ont déjà une équipe existante. On évoluerait donc tout de suite en D2", avance-t-il d'abord.

Et de poursuivre: le désavantage, c’est que l’on ne maîtriserait pas totalement notre truc. Nos U20 doivent jouer dans cette équipe-là. Le rôle de cette équipe serait de permettre à des jeunes joueurs de 17/18/19/20 ans d’avoir du temps de jeu et de franchir un palier pour peut-être jouer un jour en D1 ou en Magnus."

Des entraîneurs en plus, une "priorité"

Et pour cela, le manager se renseigne déjà pour recruter un entraîneur chef et un entraineur des gardiens. "C’est une priorité pour nous car nous avons trois jeunes gardiens qui se suivent, ils sont vraiment très intéressants pour l’avenir en France. Un de nos jeunes a d'ailleurs eu des invitations pour aller à Rouen ou à Grenoble mais nous, ce qu’on souhaite, c’est le garder."

Garder ses pépites fait partie des objectifs accrochés à cette équipe U20. Il souhaite fidéliser ces talents précoces pour ainsi limiter leurs départs. Luciano Basile note que ce projet "indépendant de l’équipe première" pour Luciano Basile.

"Je dirais même quelque chose qui va choquer beaucoup de gens. Si on parle strictement de développement de joueurs, si Gap part avec une D3 toute seule (sans Briançon), et qu’on a une D1 au lieu de la Magnus, c'est aussi un avantage de faire un pas en arrière, de mettre en place une structure pour être plus tard compétitif en Magnus mais avec nos joueurs. Pas comme aujourd’hui, où on ne garde pas nos jeunes dans les Hautes-Alpes. Les bons joueurs partent déjà dès les U13 à Briançon et à Gap ce n’est guère mieux."

Plus d’heures d’entraînements pour les jeunes

Ces jeunes joueurs quittent leur club à cause, selon le technicien, d’un manque d’organisation au niveau de la formation. "Si tu ne développes pas des joueurs, tu n’existes pas. Tu n’existeras plus", affirme le manager.

Avant de poursuivre: "aujourd’hui, Gap et Briançon se battent en Magnus pour se maintenir. Briançon veut devancer Gap, Gap veut devancer Briançon, mais honnêtement, ce sera une victoire à court terme. C’est quoi l’avenir du hockey haut-alpin si les jeunes partent dès 13/14 ans ? Je vois que le plafond a été atteint."

Luciano Basile rappelle néanmoins que les Rapaces de Gap veulent se maintenir cette année. C’est pour cela qu’ils ont effectué quelques changements depuis un mois et demi: "Et ça va mieux, mais le futur du hockey à Gap ne dépend pas du maintien de l’équipe première. Mais, il passe par une réelle construction d’un centre de formation, avec un hockey mineur qui fonctionne et plus d’heures de glace."

Parmi les volontés affichées par Luciano Basile réside également le "besoin de plus d'heures de glace". La requête a été faite au maire de la ville qui a "promis" un aménagement de la petite patinoire, assure le manager.

Une petite glace qui est utilisée seulement l’hiver, car elle n’est pas couverte et n'est pas suffisamment grande pour des entraînements de hockey. Elle l'est toutefois assez pour les U7 ou U9 et pour les débutants. À l’Alp’Arena, plus aucun créneau n'est disponible. "On est bloqué", ajoute le manager.

S'inspirer de la méthode hongroise

Luciano Basile s’inspire de la méthode hongroise concernant les formations. Celle qu'il voit quand il travaille à l’Académie de Budapest (en dernière année de contrat). "On a contourné ce problème de besoin de glace en construisant des patinoires qui coûtent 3 millions d’euros. En France ça doit sûrement coûter plus cher", statue-t-il.

"Ils construisent une surface avec de la glace artificielle et une espèce de hangar. Les vestiaires sont des algécos à côté. Il n’y a pas de tribunes car ces patinoires ne sont utilisées que pour le hockey mineur. Même si ce n’est pas chouette à regarder, c’est hyper efficace. En Hongrie, il y en a pleins qui permettent de mettre les enfants U10 sur la glace six jours par semaine. À Gap, ils n’y sont que deux fois par semaine. Si on parle de développement de joueurs, ça passe aussi par de la disponibilité sur la glace."

Une petite surface promise par la ville qui pourrait permettre d’acquérir du temps d’entraînement. Sur le long terme, Luciano Basile imagine une autre patinoire "basique", juste une surface pour "l’artistique et le hockey mineur". "La grande glace servirait pour les matchs de Magnus, mais aussi pour des événements, des concerts", décrit le technicien.

Le manager souhaite que l’équipe U20 soit organisée comme une équipe professionnelle. "Il faudrait quatre entraînements par semaine, avec deux matchs et un jour de repos." L’idée de Luciano Basile serait qu’en ayant une équipe en D1 et une en D2, que les U20 et les U18 doublent leurs matchs. Les bons joueurs en U18 joueraient le samedi en U18 et le dimanche en U20.

Le Canado-Italien compare alors avec le système hongrois: "Un U14 joue plus de 40 matchs par saison en Hongrie, en France ils jouent entre 15 et 20 matchs. Ce n’est pas assez. Et aujourd’hui, ce n’est pas le cas car on n’a pas d’équipe de D2 et D3."

Une plus grande collaboration avec le hockey mineur

Les U18 appartiennent à l’association du hockey mineur. Avec la SASP, Luciano Basile souhaite utiliser "(leurs) ressources" pour un encadrement "plus étoffé" avec l'équipe U18.

"Si on va chercher un entraîneur de gardiens de but, par exemple, on va lui demander de travailler avec l’équipe première et les U20 mais aussi avec les U18. En travaillant ensemble, on va arriver à créer un meilleur environnement sportif pour les jeunes", promet-il.

L’idée principale du manager est de mettre les jeunes joueurs dans le niveau où ils doivent s’accrocher pour progresser. "Si tu mets un jeune joueur dans son niveau d’âge et qu’il est trop fort, il se balade. Ça ne lui sert à rien, il ne progresse pas", conclut ainsi Luciano Basile.

Fanny Pechiney