Pourquoi les Français ont acheté aussi peu de voitures neuves en 2022

A nouveau en baisse l'an passé, les immatriculations ont quasiment retrouvé leur niveau de 1975. Si les problèmes de production justifiaient les méventes de 2020 et 2021, l'inflation en a clairement amplifié l'ampleur en 2022.

A peine plus d’un million et demi. C’est le nombre de voitures neuves immatriculées l’année dernière. Pour retrouver un chiffre aussi bas, il faut remonter à... 1975. A titre de comparaison, entre 2013 et 2019, il s’était en moyenne vendu 2 millions de voitures par an. La décrue que connaissent les ventes de voitures neuves en France est d’autant plus inquiétante qu’elle a débuté voici maintenant trois ans.

Par rapport à 2019 –qui fut un excellent millésime- le déficit cumulé des immatriculations de nouvelles voitures approche les deux millions d’exemplaires. Autrement dit, la moyenne d’âge des voitures circulant en France continue à augmenter, année après année. Le 1er janvier 2022, il avait déjà augmenté de 2 mois, passant à tout juste 11 ans, soit deux fois plus qu’en 1990.

Des voitures neuves dont le prix à grimpé de 8,6%

Les difficultés que connaissent les concessionnaires automobiles français s’expliquent aisément. En 2020 et 2021, elles étaient, à juste titre, mises sur le compte du manque de disponibilité. Les constructeurs faisaient face à des pénuries ayant réduit drastiquement les cadences de production dans leurs usines.

Mais en 2022, les automobilistes ont dû faire face à une nouvelle donne: une hausse des prix très importante. L’Insee l’estime à 8,6% en moyenne sur un an. Et cette inflation a touché de façon encore plus sensible les citadines et, plus largement, les modèles les moins chers et les plus demandés.

La Dacia Spring, voiture électrique la plus vendue aux particuliers

La Dacia Sandero 3, par exemple, qui s’est imposée en 2022 comme la deuxième voiture la plus vendue en France (64.293 exemplaires contre 88.812 pour la Peugeot 208 II) a vu le prix de sa version de base passer de moins de 10.000 euros à quasiment 11.500 euros, soit une augmentation de 15%. Par ailleurs, les taux des crédits automobiles ont augmenté, réduisant mécaniquement le nombre de ménages en mesure de s’offrir une voiture neuve.

Ce qui est vrai pour les voitures thermiques l’est évidemment aussi pour les versions 100% électrique. L’année dernière, la Dacia Spring –la plus abordable du marché- s’est imposée comme la plus achetée en France par les particuliers (16.257 exemplaires) devant la Tesla Model 3 (12.504) vendue 35.000 euros plus cher.

De ce point de vue, on peut dire que le marché français ressemble de plus en plus à l’espagnol et à l’italien, marquant sa différence avec le marché allemand, où Tesla domine largement le marché et où la Dacia Spring peine à séduire des automobilistes très exigeants en termes de qualité.

Le succès d'Alpine, maigre consolation pour Renault
Maigre consolation, il reste néanmoins une poignée d’automobilistes français qui achètent des voitures haut de gamme. Les ventes de Maserati s’affichent en forte hausse (+44%). Et Renault ne peut que se féliciter d’avoir donné sa chance à l’usine qui produit à Dieppe les Alpine.
La marque haut de gamme du groupe a connu une excellente année sur le marché français avec 2138 exemplaires immatriculés (+32% par rapport à 2021). De bon augure pour les ingénieurs et les designers qui travaillent sur les trois nouveaux modèles qu’Alpine entend mettre sur le marché dans les prochaines années.

https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco