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Guerre en Ukraine: que risque Renault, constructeur numéro un en Russie, avec la marque Lada?

Propriétaire d'Avtovaz depuis 2017, le groupe Renault pourrait ainsi subir les conséquences des sanctions internationales prises contre la Russie, suite à la guerre déclenchée contre l'Ukraine.

C'est sans doute l'entreprise française qui pourrait le plus pâtir des nouvelles sanctions internationales prises contre la Russie, qui a déclenché dans la nuit de mercredi à jeudi une guerre contre l'Ukraine. En 2008, le groupe Renault avait en effet pris 25% du capital d'Avtovaz, le fabricant de la marque mythique Lada, avant d'en devenir actionnaire majoritaire en 2017.

Constructeur numéro un en Russie

A la Bourse de Paris ce jeudi, l'action Renault plongeait de plus de 10% en début d'après-midi. Et pour cause, la présence du groupe français est importante: Lada est la marque numéro un en Russie, avec 21% de part de marché en 2021. Mais Renault est aussi présent avec sa propre marque et produit principalement pour le marché local des Duster, Arkana et Captur (ou plutôt "Kaptur", son patronyme local) ou encore le Nissan Terrano (sur une base de Duster pour les marchés russe et indien), dans le cadre de l'alliance avec le constructeur japonais.

Des véhicules essentiellement destinés au marché local: d'après les données du cabinet Inovev, seulement 6,5% de la production cumulée de Lada, Renault et Nissan a été exportée en 2021.

Un marché important pour le groupe

L'an dernier, avec 482.264 unités vendues, la Russie s'est en tout cas imposée comme le deuxième marché pour Renault après la France. C'est assez proche du niveau de ventes dans l'Hexagone, 521.710 exemplaires, le premier marché de Renault et loin devant le troisième marché, l'Allemagne. Comme le rappelle L'Usine Nouvelle, Avtovaz a contribué à hauteur de 2,8 milliards d'euros au chiffre d'affaires de 46,2 milliards d'euros réalisés par le Groupe Renault l'an dernier.

Précision importante: le SUV coupé Arkana commercialisé en France et qui a réalisé un très bon lancement commercial l'an dernier, n'est pas produit en Russie mais en Corée du Sud. Les livraisons ne devraient donc a priori pas être perturbées en raison du conflit en Ukraine.

Sécuriser les approvisionnements des usines locales

En cas de sanctions durcies, la principale inquiétude réside dans la fourniture de composants pour les sites industriels russes. A l'usine Avtovaz de Togliatti, 20% des pièces sont importées, un taux qui monte à 40% pour l'usine Renault de Moscou. Le groupe française explique rechercher des alternatives pour les pièces qui pourraient ne plus être livrées ou éventuellement de suspendre la production. La semaine dernière, lors de la présentation des résultats annuels, le directeur général du groupe s’était voulu rassurant, Luca De Meo précisait "suivre cela de très très près".

Selon l'agence Reuters, l'un des points cruciaux est l'approvisionnement en semi-conducteurs que Renault essaie de sécuriser en cas de nouvelles sanctions. "Nous étudions les possibilités de trouver des alternatives en cas de sanctions", expliquait mardi à Reuters Nicolas Maure, directeur général d'Avtovaz.

Reste la question financière: de possibles sanctions concernant l'accès aux marchés financiers ont été évoquées. Si tel est le cas, Renault pourra-t-il continuer d'opérer en Russie?

"La dette de nos entreprises en Russie est locale, ainsi que leur financement, sans soutien du groupe Renault. Elles sont entièrement autonomes même si elles sont fortement endettées, surtout Avtovaz. Tout est local, donc à notre avis c’est très sécurisé", avait précisé Clotilde Delbos, la directrice financière du Groupe, lors des résultats annuels citée par L’Usine Nouvelle.

Joint par BFM Business, un porte-parole de Renault explique que le groupe suit de très près la situation, sans plus de commentaires sur d'éventuelles mesures.

D'autres constructeurs présents en Russie
Parmi les constructeurs qui produisent le plus en Russie, après Renault, on retrouve Hyundai-Kia, avec 583.000 unités assemblées en 2021, et Volkswagen, 173.000 exemplaires, indiquent les données fournies par le cabinet Inovev. On peut aussi noter la présence de Toyota, avec un peu plus de 80.000 unités produites l'an dernier. Comme Renault, la production de ces constructeurs est principalement destinée au marché local.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto