Auchan, Leroy-Merlin, Decathlon... Le groupe Mulliez très exposé en Russie et Ukraine

Auchan Russie - AFP
Le gouvernement se veut rassurant. Les conséquences de la crise russo-ukrainienne seront "contenues" car "l'économie française est peu exposée", avait assuré ce mercredi Bruno Le Maire sur BFM Business puis lors d'une audition devant la commission des Finances du Sénat.
"La France exporte moins de 7 milliards d'euros par an vers la Russie soit à peine plus de 1% des exportations françaises, a minimisé le ministre de l'Economie. Nous importons moins de 10 milliards d'euros par an de Russie, c'est moins de 2% des importations françaises."
Si globalement l'économie française ne devrait pas trop souffrir selon le gouvernement, certaines entreprises françaises parmi les 500 présentes sur le territoire sont toutefois particulièrement exposées. En particulier celles du groupe Mulliez.
Le géant français de la grande distribution a fait ces 20 dernières années de la Russie - et dans une moindre mesure de l'Ukraine - un territoire d'expansion. A commencer par le navire amiral Auchan.
L'enseigne de grande distribution a ouvert en 2002 ses premiers hypermarchés. A une époque où les Russes rêvent d'un mode de vie à l'occidentale sans avoir le pouvoir d'achat adéquat, Auchan inaugure un hypermarché en banlieue de Moscou avec un slogan "Oudar po tsénam" ("coup sur les prix").
Le succès est au rendez-vous et Auchan multiplie les ouvertures. L'enseigne nordiste compte jusqu'à 314 magasins et réalise plus de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Avant de décrocher au milieu des années 2010. En 2015, lors de la précédente crise avec l'Ukraine, le groupe poursuit sa politique de prix bas sans promo et de marques propres alors que le niveau de vie moyen des Russes a progressé et le consommateur boude cette enseigne qu'il associe au hard-discount. Le chiffre d'affaires plonge de 18% entre 2015 et 2018 sur un marché pourtant en croissance de 11%.
Auchan était en croissance en Ukraine
Après quelques années difficiles et deux renouvellements de direction, le groupe s'allège, cède ou vend près de 80 points de vente et réduit les effectifs de 30%. Surtout le groupe parie sur le e-commerce alimentaire en plein boom en Russie en s'associant au spécialiste russe SberMarket et réussit à accroître ses ventes.
Hormis un hypothétique boycott par les consommateurs russes des enseignes occidentales, Auchan qui se fournit principalement au niveau local n'a pas de raison de souffrir du conflit armé en cours. Sauf si les sanctions économiques occidentales se durcissent et n'impactent durablement l'économie russe et le pouvoir d'achat.
Mais Auchan est aussi présent en Ukraine et a même renforcé ses positions dans le pays ces dernières années. L'enseigne qui disposait de neuf points de vente dans le pays en 2017 en détient désormais 26 et compte plus de 6000 collaborateurs. Si les semaines qui viennent risquent d'être difficiles pour les Ukrainiens, Auchan est malgré tout faiblement exposé. Bien qu'étant le troisième groupe de distribution en Ukraine, Auchan n'y possède que 22 magasins ce qui représente à peine 0,5% du parc des 4084 magasins dans le monde. Surtout il ne possède aucun point de vente dans le Donbass, la région dans laquelle se tient le conflit.
Le distributeur alimentaire n'est pas le seul du groupe Mulliez à avoir parié sur la Russie. Leroy-Merlin y est même relativement davantage présent. L'enseigne de bricolage qui s'y est installée en 2004 est devenue leader du secteur dans le pays avec un chiffre d'affaires de près de 5 milliards d'euros en 2020 pour une centaine de magasins. Un succès qui rend le groupe très dépendant de la Russie. Avec 18,3% de son chiffre d'affaires réalisé dans le pays, Leroy-Merlin est la troisième entreprise étrangère au monde la plus exposée en Russie selon Forbes derrière les entreprises Elko et Japan Tobacco. L'enseigne possède aussi six magasins en Ukraine mais principalement autour de la capitale.
Decathlon "reste attentif"
Enfin une dernière entreprise Mulliez est très russophile: il s'agit de Decathlon. Le leader mondial du sport s'y est lancé en 2006, deux ans après Leroy-Merlin et quatre après Auchan. Si la filiale russe rencontre un franc succès avec une soixantaine de magasins ouverts en 15 ans, elle n'est que la sixième du groupe après la France, la Chine, l'Espagne, l'Italie et l'Inde.
L'enseigne d'articles de sport est aussi présente en Ukraine depuis 2019 où elle possède cinq points de vente autour de Kiev et d'Odessa. Une faible exposition donc mais Decathlon y possède aussi un site de production où elle emploie 500 personnes pour fabriquer des skis et des chaussures de montagne pour le marché français. Le conflit actuel pourrait avoir des conséquences sur l'approvisionnement.
Le groupe assure "rester attentif à la situation dans le pays et suivre les consignes du grouvernement français".
