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ESSAI. Avec son Cyberster, MG propose enfin un cabriolet sportif 100% électrique

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La marque MG, qui appartient au groupe chinois SAIC, a récemment lancé un modèle qui fait référence à son glorieux passé, tout en proposant un coupé-cabriolet deux places ultra-moderne et 100% électrique avec jusqu'à 510 chevaux de puissance.

C'est une recette assez classique dans l'industrie automobile... et qui a souvent fait ses preuves. Quand on est un constructeur dit "généraliste", l'idée reste de proposer des véhicules au plus grand nombre, sans vraiment faire rêver. Mais un modèle permet parfois de changer l'image que l'on peut avoir d'une marque: la Mustang par exemple chez Ford ou la petite sportive Supra chez Toyota. En clair, peu de volumes, mais une attractivité qui ruisselle d'une certaine manière sur toute la gamme.

Chez les marques françaises, on a plutôt misé sur des déclinaisons de modèle existant, avec le badge GTI chez Peugeot par exemple, ou une R5 Turbo chez Renault, avec d'ailleurs des retours programmés prochainement pour ces deux exemples, d'ici à la fin de l'année pour la marque au lion et en 2027 pour la future bombe du losange.

C'est ce qui pousse aussi certains constructeurs à se lancer dans le sport automobile avec, au-delà du laboratoire technologique, cette vitrine publicitaire avec un effet indéniable sur l'image de marque.

En attendant le Tesla Roadster... le coup de poker du Cyberster

On peut ainsi faire ce parallèle avec le Cyberster, un modèle lancé par MG en fin d'année dernière. La marque anglaise, rachetée par le groupe chinois SAIC en 2006, s'est relancée en Europe depuis quelques années. Au programme, des véhicules électriques et hybrides produits en Chine offrant un bon rapport qualité-prix (notamment les MG4 et MG3 Hybrid+), mais pas vraiment de quoi faire rêver... et surtout bien éloigné de ce qu'on connaissait auparavant chez MG.

Un design spectaculaire pour ce MG Cyberster qui ressuscite la longue tradition des roadsters de la marque britannique.
Un design spectaculaire pour ce MG Cyberster qui ressuscite la longue tradition des roadsters de la marque britannique. © JB

Le Cyberster se présente en effet comme un impressionnant coupé-cabriolet 2 places : un roadster nouvelle génération, mais qui replace du même coup MG dans une certaine tradition. C'est aussi un joli cadeau d'anniversaire du centenaire pour la marque britannique fondée en 1924, avec une inscription "100th anniversary" sur le bas de caisse de ce Cyberster.

Un badge vient rappeler que le MG Cyberster célèbre les 100 ans de la marque britannique, qui appartient depuis 2006 au groupe chinois SAIC.
Un badge vient rappeler que le MG Cyberster célèbre les 100 ans de la marque britannique, qui appartient depuis 2006 au groupe chinois SAIC. © JB

Un drôle de nom au passage qu'on peut interpréter comme la contraction de "cyber", pour la modernité de cette voiture, et cette évocation de l'univers de roadsters. Une manière aussi de renvoyer un certain Tesla dans les cordes, avec un Cybertruck qui ne connaitrait pas le succès attendu et, surtout, un nouveau Roadster attendu depuis 2017... le prototype dévoilé par Elon Musk était prévu pour 2020 et ne semble plus vraiment au programme de la marque américaine.

Dans ce contexte, ce Cyberster va donc chercher à rappeler ce glorieux passé et casser cette image low-cost de MG, le tout en se positionnant sur ce marché de niche des voitures de sport et des cabriolets. Une proposition désormais rare dans l’offre automobile, avec des modèles thermiques fortement pénalisés par le malus CO2 en France. Une surtaxe qui sur une Porsche 911 cabriolet représente, par exemple, un montant de 70.000 euros, supérieur au prix d'achat du Cyberster.

Les voitures sportives, deux places ou avec deux places d'appoint à l'arrière, sans être forcément cabriolet, représentent seulement quelques milliers d’unités par an sur le marché français, principalement chez les marques allemandes, BMW, Mercedes et Porsche, mais on peut aussi citer une fierté française, l’Alpine A110, ou également la mythique Mazda MX-5.

MG a donc eu le nez fin en proposant ce format de carrosserie en version 100% électrique, avec comme seul concurrent mais bien plus haut de gamme (plus de 200.000 euros), la Maserati GranCabrio Folgore, elle aussi zéro émission, mais en coupé-cabriolet 2+2, alors que le Cyberster est strictement limité à deux places.

Un design qui fait tourner les têtes

C'est sans doute la voiture électrique la plus audacieuse du moment : ce qui s'est confirmé lors de notre essai et un véhicule prêté une semaine entre la fin juillet et le début du mois d'août en région parisienne, où, il est vrai, le coupé-cabriolet reste une espèce plus rare que dans le Sud de la France.

Et autant dire que le véhicule a fait sensation, avec beaucoup de têtes qui se retournaient sur son passage, de commentaires et des questions comme "de quel marque s'agit-il?" ou "c'est une électrique?". Même avec des volumes limités, ce véhicule peut sans aucun doute complètement changer l'image de MG et pourquoi pas aussi de la motorisation électrique.

Un look détonnant pour ce MG Cyberster, qui fait écho aux anciens modèles de la marque britannique.
Un look détonnant pour ce MG Cyberster, qui fait écho aux anciens modèles de la marque britannique. © JB

Nous disposions pourtant d'une configuration relativement sobre, avec le gris clair (Cosmic Silver) en couleur de carrosserie, associé à un toit rouge. Le véhicule est aussi proposé dans des couleurs bien plus voyantes : un rouge vif, un bleu cyan ou encore un jaune "Pikachu" (pour rester dans le thème de l'électrique).

Mais, même en gris, qui lui va très bien en outre, difficile de passer inaperçu, malgré le silence de sa motorisation électrique. On retrouve tous les codes du roadster, avec ce très long capot (sans frunk malheureusement), des grandes jantes 20 pouces et une silhouette très sportive.

Côté dimensions, on est très proche d'une Porsche 911, avec 4,53 mètres de long, 1,9 mètre de large et 1,33 mètre de hauteur.

Avec le toit rentré, le Cyberster se mue en cabriolet deux places, idéal pour profiter du soleil cheveux au vent.
Avec le toit rentré, le Cyberster se mue en cabriolet deux places, idéal pour profiter du soleil cheveux au vent. © JB

L'appui sur un bouton à l'intérieur permet d'ouvrir le toit en 10 secondes et jusqu'à 50 km/h, avec une cinématique toujours impressionnante à observer. Le design devient alors encore plus spectaculaire et on se prend vite à jouer la star américaine ou le joueur de football au volant de son dernier joujou.

La fermeture et l'ouverture du toit prend seulement 10 secondes et peut s'effectuer jusqu'à 50 km/h.
La fermeture et l'ouverture du toit prend seulement 10 secondes et peut s'effectuer jusqu'à 50 km/h. © MG Motor Europe

A l'arrière, les feux en forme de flèches apportent un côté assez futuriste. Des flèches qui jouent le rôle de clignotants et donc plus que jamais raccord avec leur nom officiel d'indicateurs de changements de direction.

Une signature lumineuse très originale à l'arrière pour ce MG Cyberster.
Une signature lumineuse très originale à l'arrière pour ce MG Cyberster. © JB

Les portières en élytre à ouverture électrique avec deux vérins imposants parachève l'audace du design de ce Cyberster. Même en arrivant discrètement sur un parking, difficile de ne pas remarquer cette bascule vers l'avant et le haut, qui apporte aussi un côté pratique. Avec une ouverture classique, il serait bien moins aisé de sortir du véhicule si un véhicule était garé à côté.

Des portières qui s'ouvrent principalement de trois façons : tout dabord, de l'extérieur, via la clé du véhicule. avec un peu d'entraînement, on peut ainsi parfaitement synchroniser l'ouverture avec son approche du véhicule. On peut aussi actionner l'ouverture via un bouton placé discrètement sur le dessus de la portière. Enfin à l'intérieur, chaque portière dispose de sa commande de fermeture et d'ouverture, au niveau de la console centrale.

Les portières en élytre viennent parachever le design très réussi de ce MG Cyberster. "Effet wahoo" garanti à chaque ouverture.
Les portières en élytre viennent parachever le design très réussi de ce MG Cyberster. "Effet wahoo" garanti à chaque ouverture. © JB

Si le Cyberster ne dispose pas de frunk sous son long capot, le coffre à l'arrière offre un volume de 249 litres, ce qui reste assez important pour la catégorie. De quoi accueillir largemement les bagages des deux personnes qui auront la chance de voyager dans ce vaisseau.

Pas de frunk, mais un coffre arrière assez volumineux pour ce MG Cyberster.
Pas de frunk, mais un coffre arrière assez volumineux pour ce MG Cyberster. © MG Motor Europe

Un intérieur soigné et moderne

MG a également particulièrement soigné l'intérieur de son Cyberster, surtout dans cette configuration rouge et noir. L'ensemble fait bonne figure, surtout en comparaison des autres modèles récents de la marque. On reste sur cette idée d'un porte-étendard, qui doit montrer jusqu'où MG peut aller, en particulier au niveau de la qualité de finition.

L'intérieur offre une jolie présentation avec cette association entre le rouge et le noir, des sièges sport et un combiné quatre écrans, dont trois tactiles.
L'intérieur offre une jolie présentation avec cette association entre le rouge et le noir, des sièges sport et un combiné quatre écrans, dont trois tactiles. © MG

Derrière le volant, avec un dessin plutôt réussi lui aussi, on retrouve un inédit combiné quatre écrans. Celui des compteurs permet d'afficher les informations principales sur 10,25 pouces. Il est complété par trois écrans tactiles de 7 pouces. Le premier, à gauche, est dédié à l'infodivertissement en permettant d'accéder à Android Auto/Carplay, à la navigation GPS, ou encore à la radio.

L'écran directement à droite des compteurs réunit l'affichage de la consommation, mais aussi l'accès aux paramètres. On retrouve aussi les prévisions météo (pratique pour savoir si on va pouvoir bien rouler sans le toit de son Cyberster) ou encore la liste des points de vente MG.

Enfin, en partie basse, on retrouve un écran avec les réglages de climatisation ou des systèmes d'assistance à la conduite. Pas forcément le meilleur endroit, car il faut forcément baisser le regard bien loin du pare-brise. Heureusement, un bandeau avec des raccourcis vers des fonctions essentielles est plutôt bien placé, directement à droite du volant.

Sur la route, le charme d'un cabriolet silencieux

Bien installé à bord, il est temps de partir. Chez MG, comme chez Tesla, pas de bouton "Start", il suffit d'appuyer sur la pédale de frein avec la clé à bord pour démarrer le véhicule. Si le véhicule reste assez bas, avec une garde au sol de 10 centimètres qui demande de passer les ralentisseurs avec une grande prudence, la position de conduite reste légèrement relevée, en raison de la batterie logée dans le plancher.

Une batterie 77 kWh qui promet une recharge de 10 à 80% en une trentaine de minutes sur une borne rapide en courant continu et jusqu'à 11 kW en courant alternatif. Elle équipe les deux versions proposées sur ce Cyberster : une version propulsion avec un moteur 340 chevaux à l'arrière, ou une version transmission intégrale, celle de notre essai, avec deux moteurs pour une puissance totale de 510 chevaux. Le 0 à 100 km/h peut ainsi être réalisé en à peine plus de 3 secondes, proche du chrono annoncé par une Tesla Model 3 Performance, et en 5 secondes pour la version propulsion.

Sans surprise, le poids reste assez élevé, un peu plus de 2 tonnes pour notre version tranmission intégrale (un peu moins de 2 tonnes pour la version Propulsion), ce qui se ressent à la conduite. Si les performances sont au rendez-vous, le Cyberster ne fait pas preuve d'une très grande agilité dans les virages. Pas vraiment un souci, tant ce véhicule invite plutôt à la ballade (à rythme plutôt soutenu si on le souhaite), plutôt qu'à une conduite réellement sportive.

Un Cyberster qui reste ainsi rassurant malgré cette puissance impressionnante : le poids de la batterie concentré dans le plancher assure un centre de gravité bas et donc de la stabilité, le tout avec une répartition des masses idéale, à 50-50 entre l'avant et l'arrière. Les suspensions classiques, sans faire de merveilles, assurent un confort assez correct à l'ensemble.

Le travail sur l'aérodynamisme permet aussi de gagner en efficience. Et cela reste fondamental sur un cabriolet : toit replié, mais avec les vitres bien relevées, on peut ainsi rouler même sur autoroute à 130, sans être trop balayé par le flux d'air et discuter avec son passager sans avoir à crier. L'occasion aussi de souligner un certain bonheur à rouler cheveux au vent dans le silence de la motorisation électrique. On désactive assez vite les bruits de moteurs artificiels proposés par MG qui viennent d'une certaine manière gâcher ce plaisir quasi-inédit du cabriolet zéro émission (sonore et C02).

L'accumulation d'écrans derrière le volant peut être un peu perturbant, mais l'ensembre reste plutôt ergonomique.
L'accumulation d'écrans derrière le volant peut être un peu perturbant, mais l'ensembre reste plutôt ergonomique. © JB

La version Propulsion annonce un peu plus de 500 km d'autonomie théorique, contre 440 km pour notre version transmission intégrale. Ce fut d'ailleurs un des bons points de notre essai : sans ménager notre monture, le Cyberster a affiché un bilan prometteur avec une consommation de 20,1 kWh aux 100 km sur un peu plus de 520 km parcourus. Cela donne certes une autonomie réelle autour des 385 km, mais reste plutôt prometteur vu les conditions de notre essai.

En ville notamment, le Cyberster peut se montrer très sobre. Il reste aussi très agréable à conduire, avec trois niveaux de freinage régénératif qu'on peut ajuster via la palette de gauche au volant. On dispose même d'un mode "One Pedal" qui permet vraiment de se passer de la pédale de frein en ville.

Enfin, la direction se montre plutot ferme et reste assez précise même en mode Confort. De quoi apprécier d'autant plus ce volant, avec son joli bouton rouge pour activer le mode "Super Sport+" qui assure d'envoyer toute la puissance disponible aux roues. Un autre bouton avec un symbole de volant permet d'activer le régulateur adaptatif qu'on peut coupler au suivi des lignes de la route. Un assistant de conduite qui s'est montré plutôt fiable lors de notre essai.

Un cabriolet électrique à prix canon?

Avec ce look ravageur et ses performances, ce Cyberster remplit donc bien son rôle de véhicule plaisir et de nouveau porte-étendard de MG. Compte-tenu de la clientèle pour ce genre de modèles et d'une concurrence thermique qui affiche des tarifs souvent bien plus élevés, le Cyberster est plutôt bien positionné. Il démarre en effet à 62.990 euros en version Propulsion et à 67.990 euros en transmission intégrale, soit 5.000 euros de plus.

A voir si ce modèle invite les constructeurs concurrents à se lancer en proposant des cabriolets électriques ce qui n'est pour le moment pas vraiment à l'ordre du jour... ou que Tesla se réveille en donnant des nouvelles du futur Roadster. En attendant, le Cyberster peut ainsi régner en maître sur la catégorie, en renforcant au passage son image de marque sur les autres modèles de sa gamme.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto