"Une erreur, une honte": le directeur de Sciences Po Strasbourg s’est "opposé très fermement" à la suspension du partenariat avec une fac israélienne

Les locaux de Sciences Po Strasbourg. - Wikipedia Creative Commons
Une décision qui n'est pas soutenue par la direction. Jean-Philippe Heurtin, le directeur de Sciences Po Strasbourg, affirme auprès de BFM Alsace jeudi 31 octobre, s'être "opposé très fermement à la motion" qui a entraîné la suspension du partenariat avec la faculté israélienne Reichman.
"Je peux continuer de vous dire que pour moi c'est une erreur, une honte que cette motion ait été votée. Je suis honteux de cette situation. Je suis extrêmement peiné. Le mot est faible. Et surtout choqué par cette situation", a déclaré Jean-Philippe Heurtin.
Avant d'ajouter: "Je vais attendre que la poussière retombe. Je ne prends aucune décision dans l'urgence. Tout cela suppose que le conseil d'administration se réunisse à nouveau en décembre. En accord avec la direction, je présenterai un certain nombre de choses."
Douze voix contre sept
À douze voix pour, sept contre et deux abstentions, le conseil d'administration de Sciences Po Strasbourg a approuvé la suspension de son partenariat d'échange d'étudiants avec l'université Reichman, basée à Herzliya, au nord de Tel Aviv, en Israël. La proposition émanait des élus de Solidarit'Étudiante, qui l'avaient soumise à délibération fin juin, mais le procès-verbal n'a été validé que ce mois-ci.
Les débats et le vote -auquel douze administrateurs n'ont pas participé- ont été houleux mais il a tourné en faveur des étudiants, malgré l'opposition farouche de la direction.
Élu au conseil d'administration, Vladimir Gilg avait justifié cette suspension auprès de BFM Alsace: "cette université privée a des positions très problématiques concernant ce qu'il se passe à Gaza".
Un rendez-vous avec le Crif Alsace
Mercredi, le ministère de l'Enseignement supérieur a également fait part de son mécontentement. "Le ministère déplore cette décision, adoptée à des fins de prise de position politique par le conseil d’administration d’un établissement public, et en désaccord avec la direction de l’établissement", indique l'entourage du ministre Patrick Hetzel dans une réaction communiquée à BFMTV.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a lui aussi dénoncé sur BFMTV une décision "affligeante".
De son côté, le directeur de Sciences Po Strasbourg assure avoir été contacté par le Crif Alsace et qu'un rendez-vous a été proposé pour la semaine prochaine.