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Sciences Po Strasbourg: le ministère de l'Enseignement supérieur "déplore" la fin du partenariat avec une faculté israélienne

Les locaux de Sciences Po Strasbourg.

Les locaux de Sciences Po Strasbourg. - Wikipedia Creative Commons

Le conseil d'administration de Sciences Po Strasbourg a suspendu son partenariat d'échange d'étudiants avec l'université Reichman, basée à Herzliya, en Israël. Le ministère de l'Enseignement supérieur "déplore cette décision, adoptée à des fins de prise de position politique".

Une décision qui ne plaît pas au sein du ministère. Alors que Sciences Po Strasbourg a annoncé suspendre son partenariat avec la faculté israélienne Reichman, le ministère de l'Enseignement supérieur a fait part de son mécontentement face à ce choix approuvé par le conseil d'administration de l'école.

"Le ministère déplore cette décision, adoptée à des fins de prise de position politique par le conseil d’administration d’un établissement public, et en désaccord avec la direction de l’établissement", indique l'entourage du ministre Patrick Hetzel dans une réaction communiquée à BFMTV.

"Le partenariat annulé était de toute façon suspendu pour raisons de sécurité depuis les tragiques événements du 7 octobre", ajoute-t-il.

Une proposition émise en juin

A douze voix pour, sept contre et deux abstentions, le conseil d'administration de Sciences Po Strasbourg avait approuvé la suspension de son partenariat d'échange d'étudiants avec l'université Reichman, basée à Herzliya, au nord de Tel Aviv, en Israël. La proposition émanait des élus de Solidarit'Étudiante, qui l'avaient soumise à délibération fin juin, mais le procès-verbal n'a été validé que ce mois-ci.

Les débats et le vote -auquel douze administrateurs n'ont pas participé- ont été houleux mais il a tourné en faveur des étudiants, malgré l'opposition farouche de la direction.

Élu au conseil d'administration, Vladimir Gilg avait justifié cette suspension auprès de BFM Alsace: "cette université privée a des positions très problématiques concernant ce qu'il se passe à Gaza".

Les positions de l'université pointée du doigt

Dans une proposition de communiqué datant de juin, les étudiants ont aussi développé leur point de vue. "Cette proposition n’est nullement liée à une volonté de pénaliser les étudiant.es israelien.nes mais bien aux positions de l’université en question, profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste, pacifiste et critique au regard de la guerre en cours à Gaza", peut-on lire.

Les élus de Solidarit'Étudiante "condamnent sans réserve l’attaque terroriste subie par la population israélienne le 7 octobre 2023", tout en appelant à conserver un "regard critique sur la réponse menée par l’armée israélienne depuis le printemps dernier".

Or dans des vidéos ou dans des communiqués, la direction de l'université israélienne défend ouvertement les actions de l'armée israélienne, pointent les auteurs de la proposition.

Vladimir Gilg espère que la décision du conseil d'administratif alsacien "pourra inspirer d'autres établissements". L'étudiant pense notamment à Sciences Po Aix, également lié à l'université Reichman par un partenariat de même type. De son côté, le ministère de l'Enseignement supérieur souligne "qu'à ce jour, cette décision reste isolée dans le milieu universitaire".

Marine Langlois avec Véronique Fèvre