Procès de l'attentat de Strasbourg: le parcours de l'assaillant retracé dans une modélisation 3D

Quel parcours a suivi Chérif Chekatt ce funeste soir du 11 décembre 2018? Au deuxième jour de procès de l'attentat de Strasbourg, vendredi 1er mars, la question avait été déjà été abordée à travers le témoignage d'un agent de la Sous-direction de l'antiterrorisme (Sdat). Elle l'a de nouveau été ce mercredi 6 mars via une projection vidéo.
Ce clip retraçant étape par étape les mouvements du jihadiste de 29 ans, un multirécidiviste fiché "S" pour radicalisation islamiste, a été diffusé devant la cour d'assises spéciale de Paris pour permettre à chacun de mieux visualiser les faits. Une séquence de dix minutes, soit la durée de l'attaque, étalée sur 800 mètres en plein cœur de la capitale alsacienne.
Une séquence qui commence rue des Orfèvres, petite artère piétonne située à deux pas de la cathédrale. Comme indiqué par l'agent du Sdat en fin de semaine dernière, "la foule est dense", "le marché (de Noël, NDLR) bat son plein" ce soir-là.
19h48, Chérif Chekatt ouvre le feu
À 19h48, Chérif Chekatt ouvre le feu sur deux passants, des journalistes venus couvrir l'actualité européenne. Ils succomberont tous les deux à leurs blessures quelques jours plus tard.
L'assaillant continue à tirer en criant "Allah Akbar". Puis il emprunte une ruelle. Il porte un coup de couteau à l'abdomen d'un homme et poursuit son chemin. Il ne cesse de faire usage de son arme et touche plusieurs personnes, dont plusieurs dans la tête. Alertés, des militaires de l'opération Sentinelle tentent de le neutraliser. Un échange de tirs débute. Deux civils tentent de désarmer Chérif Chekatt, mais ils sont frappés de coups de couteau.
Ensuite, à 19h58, le terroriste strasbourgeois grimpe dans un taxi et intime au chauffeur de le déposer dans le Neudorf, un quartier où il a passé son enfance. Il y croise des policiers à moto. Après un nouvel échange de tirs, il se volatilise. Les agents perdent sa trace. Le bilan est lourd: cinq morts et 11 blessés graves.
Mettre des images sur le nom des rues
L'intérêt du clip: mettre des images sur des noms de rues souvent cités depuis le début du procès et parfois abstraits, y compris pour des Strasbourgeois. La station de tram de Lansberg, par exemple, ou les bars Le Trolleybus et Les Savons d'Hélène.
Chaque étape de l'enquête, longue de cinq ans, sera parcourue jusqu'à la fin du procès. Car pour énoncer son verdict, la cour doit disposer de chaque élément, chaque pièce, chaque preuve versée à ce dossier.
Viendront ensuite les dépositions des différentes parties: les parties civiles puis les témoins et enfin l'interrogatoire des accusés. Quatre suspects comparaissent, dont Audrey Mondjehi. Soupçonné d'avoir aidé Chérif Chekatt à se procurer l'arme à feu utilisée lors de l'attentat, l'homme est jugé pour "complicité d’assassinat" et "tentatives d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste". "Il a cœur de pouvoir s'expliquer", promet Me Wacquez, son avocat.
Le terroriste, lui, ne figure pas sur le banc des accusés. L'homme a été abattu par les forces de l'ordre dans le Neudorf, au terme de deux jours de traque.