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Mesures de sécurité, origine du feu… Les zones d'ombre de l'enquête sur l'incendie à Wintzenheim

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Onze personnes sont mortes dans l'incendie d'un gîte à Wintzenheim mercredi matin. Une enquête a été ouverte en recherche des causes de la mort. Ce jeudi, la vice-procureure de la République a déclaré que le gîte n'était pas aux normes.

Plus de 24h après le drame, le temps est désormais à l'enquête à Wintzenheim. Ce mercredi matin, un incendie s'est déclaré dans un gîte de cette commune du Haut-Rhin faisant 11 morts.

Le lieu accueillait des personnes handicapées en vacances, âgées entre 27 et 50 ans, venant principalement de la ville de Nancy. 28 personnes étaient présentes dans le gîte au moment du départ du feu. 17 personnes, principalement situées au rez-de-chaussée, sont parvenues à évacuer le lieu à temps.

Les onze autres personnes présentes dans les étages n'ont pas réussi à sortir et ont péri dans l'incendie. Les raisons pour lesquelles ces personnes ont été piégées par les flammes sont pour l'heure inconnues.

• Un feu qui a couvé

Une enquête, ouverte dès ce mercredi en recherche des causes de la mort, est actuellement en cours afin d'établir le plus précisément possible les circonstances de cet incendie et les éventuelles responsabilités.

Les pompiers sont d'ores et déjà parvenus à identifier la zone de départ de l'incendie. Dès ce mercredi après-midi, la vice-procureure de la République de Colmar Nathalie Kielwasser a indiqué que l'origine du sinistre serait "vraisemblablement un feu qui a couvé".

"Au regard de l’embrasement de ce bâtiment qui est en partie en colombage, c’est du bois qui a dû mettre quelques heures avant de réellement s’embraser", a-t-elle indiqué avant de préciser ce jeudi sur BFMTV que l'incendie est parti du 2e niveau du bâtiment.

"C'est un feu qui a vraisemblablement couvé pendant un certain temps avec un feu naissant et une accumulation de gaz chaud. Puis, à un moment donné, il y a une montée en température qui provoque un embrasement généralisé de toute la structure en bois", a détaillé sur BFMTV le lieutenant-colonel Bruno Ducarouge, représentant des services d'incendie et de secours (SDIS) du Haut-Rhin.

• Recherche minutieuse d'éléments

Les causes de ce feu couvant restent toutefois indéterminées pour le moment. Des enquêteurs scientifiques de l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) poursuivent ce jeudi matin le travail débuté mercredi. Ils essaient de rassembler le maximum d'éléments au sein du gîte permettant d'expliquer le départ de ce feu.

"Il s'agit de retrouver dans ce qui a brûlé, des éléments qui permettraient de comprendre d'abord, non pas le lieu, mais la cause de l'incendie et ensuite la cause et la manière de la propagation (...) Cette recherche est extrêmement technique, extrêmement minutieuse", a expliqué sur BFMTV, Daniel Merchat, avocat et ancien commissaire de police.

Selon ce dernier, les enquêteurs vont également s'intéresser aux matériaux afin de comprendre pourquoi ils ont pris feu de cette manière et de façon aussi soudaine. "Que ce soit les câbles, les gaines, est-ce que c'était sous plastique, est-ce qu'il y avait des plinthes, est-ce que dans les éléments de construction, il y avait des éléments particulièrement inflammables?", énumère Daniel Merchat.

Mercredi, la vice-procureure de Colmar a indiqué qu'aucun chauffage d'appoint n'était présent dans le bâtiment et que la piste d'une défaillance électrique était pour le moment écartée.

• Le gîte pas aux normes de sécurité

Au-delà des investigations bâtimentaires, la propriétaire du gîte a été entendue par les enquêteurs. Elle habite la maison qui se situe en face de l'endroit incendié. C'est elle qui a déclenché l'alerte et a entendu les victimes appeler au secours.

Ce jeudi, la vice-procureure de la République de Colmar a déclaré que le gîte n'était pas équipé de portes coupe-feu aux normes de sécurité contre l'incendie. "Le gîte n'avait pas subi le passage de la commission de sécurité qui est obligatoire" et "ne disposait pas des caractéristiques pour accueillir du public", a déclaré Nathalie Kielwasser à l'AFP.

"Une commission de sécurité doit passer pour veiller à vérifier si tout ce qui concerne la sécurité des personnes est mis en œuvre (...) Ça peut être notamment des portes coupe-feu, des alarmes de détection qui ne sont pas simplement que des détecteurs de fumée mais précisément reliés à des alarmes incendie, cela peut aussi être d'avoir à disposition des couloirs et des fenêtres qui permettent des doubles évacuations ce qui n'était visiblement pas le cas", a détaillé la vice-procureure ce jeudi matin sur BFMTV.

L'endroit disposait bien de détecteurs de fumée mais pas du type prévu pour des structures accueillant du public. L'enquête doit également permettre de savoir si le gîte était équipé ou non d'extincteurs.

La magistrate de Colmar a précisé que les investigations qui sont actuellement menées doivent permettre de déterminer "ce qui aurait dû être fait" au sein de ce gîte en termes de sécurité. "On va interroger les services administratifs et en particulier le SDIS pour savoir, sur ce type d'établissement, ce qui aurait été préconisé pour permettre l'évacuation des personnes et de circonscrire les flammes", a poursuivi la magistrate.

• Le "gîte avait le droit d'accueillir 28 personnes"

Alors que depuis le déclenchement de ce drame, des interrogations ont été posées sur la capacité d'accueil du gîte, Nathalie Kielwasser a indiqué ce jeudi matin sur BFMTV que le "gîte avait le droit d'accueillir 28 personnes", la catégorie de ce type d'établissement permettant de recevoir de "15 à 100 personnes".

"Selon les premiers éléments d'enquête qui nous reviennent, cette capacité à accueillir était tout à fait respectée. On avait deux étages avec 12 personnes au rez-de-chaussée et 16 personnes à l'étage avec des couchages et des chambres qui respectaient visiblement les capacités d'accueil", a-t-elle souligné.

Les investigations se poursuivent toutefois pour savoir si cette capacité d'accueil pouvait être réduite étant donné que les personnes accueillies étaient en situation de handicap.

Si les responsabilités de la propriétaire pourraient êtres engagées dans le cadre de l'enquête, il est encore trop tôt pour le déterminer. "Il faut savoir d'abord l'origine de ce feu et il faut savoir si on peut faire, sans trop de raccourci, un lien entre 'est-ce que ces normes auraient permis d'éviter ce drame' ou si le feu par sa nature ne l'aurait pas permis", a expliqué la vice-procureure.

Dans le cas où une responsabilité éventuelle serait reconnue, l'enquête pourrait être requalifiée en faits d'homicide involontaire.

Gauthier Hartmann