Incendie de Wintzenheim: deux ans après le drame, où en est l'enquête?

A Wintzenheim (Haut-Rhin), les plaies ne sont pas refermées deux ans apès l'incendie mortel qui avait ravagé un gîte. Le 9 août 2023, cet incendie avait causé la mort de 11 personnes, dont 10 adultes en situation de handicap mental et leur accompagnateur.
"C'est toujours délicat et difficile de repenser à cette journée dramatique", confie sur BFM Alsace Denis Renaud, président de l'association AEIM-ADAPEI 54, qui gérait la protection de plusieurs vacanciers du gîte.
"Il y a eu bcp d'investigations qui ont été faites, les choses avancent (...). Je ne doute pas qu'on ait dans un futur assez proche une date de procès", espère-t-il.
Un gîte non conforme
Les investigations ont révélé que le gîte n’était ni déclaré, ni conforme aux normes exigées pour un établissement recevant du public (ERP). Il n’avait pas fait l’objet d’une inspection par une commission de sécurité, obligatoire pour les bâtiments accueillant plus de 15 personnes.
Le rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) pointe quant à lui une "succession de défaillances": opérateurs informés, services de contrôle absents ou inefficaces, absence de suivi rigoureux.
L’organisme ayant organisé le séjour, Oxygène Vacances Adaptées, disposait d’un agrément provisoire, non renouvelé malgré des alertes antérieures.
La gérante mise en examen, le maire témoin assisté
En octobre 2023, la gérante du gîte a été mise en examen pour homicide et blessures involontaires, "notamment en exploitant un établissement recevant du public sans autorisation, en ne déclarant pas la destination du bâtiment ni la capacité d'accueil du public lors du dépôt des permis de construire ou déclarations de travaux auprès de la mairie, en se soustrayant de manière délibérée à la réglementation relative à ce type d'établissement".
A ce stade de l'enquête, le maire de la commune de Wintzenheim, et son adjoint, ont par ailleurs été placés de nouveau sous le statut de témoin assisté. Serge Nicole et Denis Arndt, avaient déjà été entendus sous ce statut par un juge d'instruction à Paris en mars dernier.
"Deux ans après, il n'y a rien"
Après deux années, le souvenir des victimes demeure intact. Le dossier Wintzenheim reste une alerte majeure sur les normes de sécurité et l'application de ces dernières pour les établissements recevant du public (ERP).
Au-delà de l'enquête et des suites judiciaires, Denis Renaud espère des actes concrets pour que le drame ne se reproduise pas. "Normalement il avait été promis par la ministre il y a deux ans qu'une liste des organisateurs de séjours adaptés nous serait fournie avec des agréments qui auraient été vérifiés. Deux ans après il n'y a rien", constate-t-il.
Le président de l'AEIM-ADAPEI 54 confie son amertume. "J'ai eu le sentiement que malheureusement les politiques qui s'étaient pressés pour nous faire part de leurs condoléances et de leur émotion ont un peu été aux abonnés absents. L'ancienne ministre a été d'une inutilité flagrante", tacle-t-il.