"Elle perd espoir": l'Alsacienne Cécile Kohler, détenue en Iran depuis 1.000 jours

L'enseignante alsacienne a été arrêtée lors d'un voyage, le 7 mai 2022, en Iran. Depuis, elle est détenue dans une prison de haute sécurité, accusée d'espionnage. Les derniers échanges avec sa famille inquiètent.

Il y a maintenant 1.000 jours, Cécile Kohler était arrêtée avec son conjoint Jacques Paris lors d'un voyage en Iran, le 7 mai 2022. Durant six mois, le régime iranien a nié détenir l'enseignante alsacienne. Mais le 6 octobre de la même année, une vidéo de propagande était diffusée par la télévision d'État. Dans celle-ci, Cécile avouait des faits d'espionnage; une "pratique odieuse des aveux forcés et publics" avait dénoncé le quai d'Orsay.

Elle est depuis retenue dans la section 209 de la prison d'Evin, à Téhéran. Une section de haute sécurité connue pour ses conditions de détention difficiles.

Des conditions de détention "extrêmement inquiétantes"

"Les informations que j'ai de Cécile Kohler sont extrêmement inquiétantes, tant physiques que mentales. Pas d'accès à l'extérieur, une situation d'isolement incroyable", détaille Narges Mohammadi, activiste iranienne, également prix Nobel de la paix.

Son comité de soutien dénonçait, malgré les dires du régime iranien, des conditions inhumaines. Elle serait dans une cellule sans fenêtre et sans meuble et dormirait à même le sol. Seulement une sortie de 30 minutes, trois fois par semaine, lui serait permise. De plus, le comité affirme qu'elle n'a "aucun effet personnel, livre, courrier, stylo", et également que le changement régulier de codétenu ne lui permet de nouer aucun contact, décrivant cela comme "un isolement total du monde extérieur".

Les manifestations et rassemblements s'enchaînent afin de faire libérer l'Alsacienne. Samedi, trois manifestations s'élanceront à 11 heures depuis les villes de Rennes, Montpellier et Flers. À midi, une marche sera organisée à Granville. Le dernier rassemblement aura lieu à Paris, où les manifestants se rassembleront à 14 heures au Panthéon.

"Elle perd espoir de sortir un jour"

Lors de la Conférence des ambassadrices et des ambassadeurs du 6 janvier dernier, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot expliquait: "Nos otages doivent être libérés. Nos relations bilatérales et l'avenir des sanctions en dépendent, et jusqu'à la libération complète de nos otages, je demande à nos compatriotes de ne pas se rendre en Iran."

Les échanges entre Cécile Kohler et sa famille, ces derniers temps, sont alarmants: "Elle essaye de nous montrer qu'elle tient le coup, elle veut nous rassurer, mais on sent quand même que son désespoir est de plus en plus profond, et à sa façon de parler, de s'exprimer, on sent qu'elle perd espoir de sortir un jour", témoigne Noémie Kohler, sa sœur. Leur dernier appel date du dimanche 26 janvier.

Le 8 janvier dernier, une journaliste italienne est ressortie libre des geôles iraniennes, laissant renaître l'espoir de voir un jour Cécile Kohler de retour sur le sol français. Un troisième français, Olivier Grondeau, est aussi actuellement retenu en Iran.

Léo Fleurence avec Maïwenn Furic