Var: un élevage victime de deux attaques de loup en deux jours

Guillaume Menut est catégorique. À la découverte des plaies qui émaillent le corps de ses bêtes, il a immédiatement su que le prédateur avait de nouveau frappé. "C'est mieux qu'un boucher. C'est raclé. (...) C'est vraiment typique du loup", souffle cet éleveur ovin, installé dans le village de La Verdière.
Le Varois décompte deux attaques récentes, une samedi et une dimanche. Il déplore la perte d'une vingtaine de brebis et d'agneaux.
"On subit énormément la prédation du loup parce qu'on met les animaux dehors", regrette Guillaume Menut, dont les animaux sont uniquement élevés au lait de leur mère et à l'herbe des prairies dans lesquelles ils pâturent.
"Ils ne sont pas en âge de se nourrir tout seuls"
L'éleveur s'inquiète du devenir de ses petits agneaux. "Vous avez les brebis qui sont là, décrit-il, indiquant les victimes des loups. Mais l'agneau, il est encore en vie, au troupeau, là-bas. L'agneau, il n'a pas plus de mère. J'en fais quoi? Ils ne sont pas encore en âge de se nourrir tout seuls donc ils vont dépérir."
Certains sont très affaiblis et présentent une allure squelettique. Guillaume Menut doit les nourrir au biberon. Autre contrainte pour l'éleveur: les brebis blessées.
"Tous les jours, on est obligés de la traire, explique-t-il, en saisissant l'une d'entre elles. Sinon, la mamelle devient dure et, à l'intérieur, le lait caille." De quoi laisser craindre un développement de la mammite, "l'une des maladies les plus graves pour les ovins".
Se protéger du loup, une charge administrative
À son grand regret, Guillaume Menut n'en est pas à sa première attaque de loup. Entre le 15 décembre et le 15 février dernier, il a perdu pas moins de 250 bêtes. Pour défendre son troupeau, il a eu un temps eu recours aux "brigades loup" de l'État.
"On s'était protégé, même sur-protégé la nuit, se souvient-il. On n'avait plus d'attaques. On avait mis les filets anti-loup, les patous, les bergers qui dormaient avec les moutons. Et qu'est-ce qui s'est passé? Quand on sortait la journée faire paître les moutons, on se faisait attaquer en plein jour. Des solutions, je n'en ai plus. Il faut bien que je sorte les moutons la journée pour qu'ils aillent paître."
Quelque peu fataliste, l'éleveur regrette la charge administrative qu'il doit s'infliger pour se protéger des prédateurs.
"On est Jacques Mesrine si on tue un loup"
"Il faut remplir un dossier pour pouvoir se défendre contre le loup. Si on n'a pas rempli le dossier, on est Jacques Mesrine si on tue un loup. Il vaut mieux tuer quelqu'un que tuer un loup", ironise-t-il, amer.
Le loup étant une espèce protégée, les prélèvements sont limités chaque année pour permettre leur reproduction. Cette année, le total a été fixé à 110. Un chiffre jugé trop faible par les éleveurs d'autres départements, comme les Alpes-Maritimes, les Hautes-Alpes ou les Alpes-de-Haute-Provence, eux aussi confrontés au problème de la prédation.