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"Un projet inhumain": des riverains du Muy menacés d'expropriation pour la construction de la future prison

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Au Muy, la construction d’une prison l’année prochaine fait débat au sein du village. Située juste en face du nouveau centre de secours, elle obligera l'expropriation de plusieurs habitants. Les riverains dénoncent cette situation.

Depuis des années, les riverains du Muy sont vent debout contre le projet de prison dans leur village. Alors que sa construction est prévue la fin d'année 2025, certains sont désormais sommés de quitter leur terrain, comme Pierre Terrier.

Le viticulteur ne décolère pas. Depuis plus de cinq ans, il se bat pour sauver ses terres familiales, sous le coup d’une expropriation pour construire à la place le nouveau centre pénitentiaire. Une prison de 650 places, à l’entrée du Muy, dans un secteur aujourd'hui couvert de vignes.

"Pourquoi prendre des terres agricoles en exploitation cultivées en AOP?", demande le viticulteur du domaine du Collet Redon. "Au départ, la prison avait été prévue un peu plus bas, sur des terres incultes où il y a des serres à l'abandon."

Pierre Terrier point également du doigt le manque de sécurité du lieu, situé juste à côté du site de stockage Stogaz, site classé Seveso. "Ça a déjà explosé, avec des blessés graves. Et là, il y a juste un chemin de terre qui sépare le site dangereux de la prison."

Deux prisons dans la même agglomération

Le viticulteur a déjà déposé deux plaintes et saisi le conseil supérieur de la magistrature. Mais ce n’est pas le seul concerné par les expropriations. Julie Lechanteux, députée RN de la 5e circonscription du Var, est au soutien des propriétaires des parcelles concernées.

"L'État décide et dit 'vous dégagez et on implante la prison ici'", résume-t-elle. "On aimerait savoir pourquoi ici! Regardez tout l'espace potentiel qui correspondrait à l'implantation d'une prison."

Si la prison voyait le jour, elle se situerait à proximité du centre pénitentiaire déjà existant de Draguignan. Une situation ubuesque pour les habitants. "On a une autre prison à 17 kilomètres, donc ça ferait deux prisons dans la même agglomération", raconte Adrien Gand, conseiller d'opposition RN au Muy.

"On a donc voté contre cette prison, pour faire barrage à ce projet inhumain", explique l'élu.

Le couple Terrier espère désormais voir l’État faire marche arrière sur le projet. Le ministère de la Justice avait annoncé un début des travaux fin 2025 pour une ouverture en 2027.

Laury Holste, avec Léa Ramsamy