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Nid submergé, températures... Pourquoi il y a eu bien moins de naissances de tortues cette année dans le Var

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Sur les plages de Saint-Raphaël et de Hyères, trois pontes de tortues ont été observées cette saison. Le taux de survie est cependant très faible: sur les 189 œufs pondus, seuls trois tortillons ont survécu. Une situation préoccupante, alors même que les naissances avaient été nombreuses l'année dernière.

C'est une année difficile pour les pontes de tortues sur les plages varoises. Alors que l’an dernier, six activités de ponte de tortues caouannes avaient été observées dans le Var, seules trois pontes ont eu lieu cette année: une sur la plage d'Agay à Saint-Raphaël, et deux autres sur la plage d’Almanarre, à Hyères.

Un bilan décevant, d’autant plus alarmant que sur les 98 œufs pondus à Saint-Raphaël, aucun n’a éclos après 71 jours d’incubation, et seuls trois tortillons sur 91 œufs pondus à Hyères ont réussi à atteindre la mer.

Une météo défavorable

Sur le site d'Agay, les œufs, morts à l’état d’embryon, étaient à plusieurs jours de l’éclosion, explique Sidonie Catteau, coordinatrice du Réseau tortues marines Méditerranée française, sur BFM Toulon Var.

"Il manquait peut-être 10 jours d'incubations avant de percer la membrane et d'éclore." Elle précise: "Les conditions d’incubation sont différentes ici, avec des durées souvent plus longues."

À Hyères, où le nid s'est retrouvé dans une situation similaire, les oeufs sont en revanche allés jusqu'à l'éclosion. "Mais ils n'avaient plus d'énergie suffisante pour mener à bien l'ascension du nid."

La spécialiste s’inquiète surtout des risques d’inondation des nids par la mer. "Après avoir vu la mer remonter plusieurs fois et recouvrir le nid, on était quand même inquiet de savoir dans quel état pouvait être la chambre d'incubation, et qu'elle ne soit pas inondée."

Les basses températures n'aident pas

Outre les conditions météos qui peuvent voir les nids recouverts par la mer, les températures basses enregistrées en septembre ont aussi contribué à des conditions d’incubation loin d’être idéales.

Des capteurs de température, installés dans tous les nids pour suivre les variations, ont mesuré 17 degrés en septembre à l’Almanarre, contre plus de 26 degrés en août. Selon Marie-Claire Gomez, référente Natura 2000 au parc national de Port-Cros, ces écarts ont affecté le développement des œufs.

Pour qu'une incubation soit optimale, la température doit être autour de 30 degrés, avec une durée d’incubation d’environ 55 jours, explique Sidonie Catteau. "Si on reste longtemps à température basse, ça rallonge la durée d'incubation, et petit à petit ça s'arrête", poursuit-elle

Malgré ce bilan préoccupant, les deux spécialistes restent optimistes. La présence de ces tortues caouannes près des côtes méditerranéennes offre de nouvelles perspectives pour comprendre leurs cycles de ponte.

"C’est encourageant: ça montre que les milieux évoluent, que les espèces se déplacent et on apprend des nouvelles données intéressantes pour la suite", conclut Marie-Claire Gomez.

Alexandre Simoes