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"Attention, ce n'est pas un cas isolé": l'avocat de la famille de Hichem, victime d'un assassinat raciste, dénonce une "idéologie profonde"

L'avocat Mourad Battikh, à Paris le 3 mars 2021 (image d'illustration)

L'avocat Mourad Battikh, à Paris le 3 mars 2021 (image d'illustration) - JOEL SAGET / AFP

Mourad Battikh, avocat de la famille de Hichem Miraoui, tué ce samedi 31 mai, estime que l'assassinat raciste de Puget-sur-Argens est "le fruit d'une atmosphère qui se durcit chaque jour un peu plus".

L'avocat de la famille de Hichem Miraoui, Mourad Battikh, a dénoncé le "climat politique qui règne aujourd'hui en France" après l'assassinat raciste survenu ce samedi 31 mai, à Puget-sur-Argens (Var). S'il salue la réponse "appropriée" du ministre de l'Intérieur, l'avocat déplore la responsabilité de "pompiers pyromanes qui viennent éteindre le feu qu'ils ont eux-mêmes allumé", sur Franceinfo.

Il ajoute: "Cet individu qui a pris les armes il y a quelques jours à l'encontre de Hichem est le fruit d'une atmosphère qui existe dans le pays depuis quelques mois, quelques années, et qui se durcit chaque jour un peu plus."

"On est face à une idéologie"

La saisie par le parquet national antiterroriste de cette affaire est "un message fort", poursuit l'avocat. "Ça veut dire qu'on est face à une idéologie, une préméditation, on est face à un individu qui n'a probablement pas agi seul, probablement pas agi seulement sous le coup d'une impulsion, qui agit avec une idéologie profonde."

C’est la première fois que le PNAT se saisit d’un attentat d’ultradroite suspecté d’avoir été commis sur le sol français. Également avocat de la famille d'Aboubakar Cissé, tué dans la mosquée de La Grand-Combe (Gard) le 25 avril dernier, Mourad Battikh avait "tiré une première sonnette d'alarme" à la suite de ce drame.

L'hypothèse de l'implication d'autres personnes

"Attention, ce n'est pas un cas isolé, ce qui est en train de se passer est le fruit de quelque chose de plus large qui est en train de nous dépasser. Aujourd'hui, malheureusement, les faits me donnent raison."

L'avocat se dit également persuadé de la possibilité de l'implication d'autres personnes ou d'une organisation. "C'est ce que l'enquête qui sera longue déterminera probablement. Il va falloir que l'on voit et que l'on trouve les raisons pour lesquelles cet individu est passé à l'acte, quelles sont ses lectures, ses influences, à quelle idéologie plus large il appartenait, au nom de quoi il a commis ce crime terroriste et raciste."

"Terroriser la population"

Le PNAT s'est saisi du dossier en raison du message publié peu de temps après les faits par le tireur présumé contenant, selon une source proche de l’enquête, "des revendications politiques" et un "discours hostile à l’immigration". Son but est de "terroriser la population", selon la même source.

Le suspect, Christophe B, chaudronnier âgé de 53 ans, résidait dans la commune. Le soir de cet assassinat, il s'est rendu armé chez ses voisins qui organisaient une soirée et a tiré à cinq reprises sur la victime, avant de toucher par deux fois à la main un homme de nationalité turque. Il a été interpellé.

Arthus Vaillant