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"Spirale infernale et mortifère": la députée Laure Miller invite le Festival de Cannes à "reconsidérer" son partenariat avec Tiktok

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Laure Miller, rapporteure de la commission d’enquête sur les effets psychologiques du réseau social sur les mineurs dénonce une "plateforme problématique" et regrette que le festival ne se soit "pas engagé sur ce terrain des droits de nos enfants".

Les ennuis s'accumulent pour Tiktok. Partenaire officiel du Festival de Cannes depuis 2022, l'application de vidéos courtes s'est taillée une place de choix sur le tapis rouge au fil des années. Depuis, le nombre d'influenceurs et créateurs de contenus sur la croisette a drastiquement augmenté.

Si la majorité des vidéastes ont réussi à s'intégrer à cet événement très select, qui se déroule du 13 au 24 mai, le partenariat avec la plateforme reste particulièrement critiqué. Comme le rapporte Le Parisien, Laure Miller, rapporteure d’une commission d’enquête sur les effets psychologiques de Tiktok sur les mineurs a ainsi invité les organisateurs de l'événement à reconsidérer ce partenariat.

"On manipule nos enfants"

"Tiktok accompagne les stars dans leur montée des marches et dans le même temps, enferme de nombreux enfants dans une spirale infernale et mortifère. J’invite le Festival de Cannes à reconsidérer ce partenariat et à s’interroger sur la responsabilité qu’implique un tel choix", lance la députée Ensemble sur X, ex-Twitter, ce 22 mai.

"Tiktok est une plateforme de toute évidence problématique donc il me semble que c'est pour le moins inapproprié d'en faire la promotion", ajoute Laure Miller, interrogée sur France Inter.

"Tiktok, ce n'est pas anodin, c'est des contenus très problématiques, qui ne sont pas modérés, on manipule nos enfants, on les enferme dans des bulles extrêmement néfastes pour leur développement", insiste-t-elle. "Je regrette que le Festival de Cannes, qui est toujours très engagé, ne soit pas engagé sur ce terrain des droits de nos enfants", dit-elle.

En effet, l'algorithme de recommandation de l'application est souvent critiqué, accusé par de nombreuses études comme le plus à même d'enfermer les internautes dans un flot de contenus homogènes et répétitifs, parfois très dangereux.

"Si vous avez le malheur de passer quelques secondes de plus sur une vidéo, y compris parce qu'elle vous choque, l'algorithme considère que ce sont des contenus qui vous plaisent et vous enferme dans des contenus problématiques, qui peuvent être la scarification, la promotion du suicide...", confirme Laure Miller.

Et les conséquences de cet algorithme peuvent être dramatiques. Au total, onze familles française ont assigné Tiktok en justice, reprochant au réseau social d’avoir recommandé à des mineurs des vidéos promouvant le suicide, l’automutilation ou les troubles alimentaires.

C'est justement ces mécaniques que la commission Tiktok à l'Assemblée nationale veut clarifier. Trente députés sont chargés d'étudier l'algorithme de l'application de vidéos courtes et ses répercussions psychologiques sur les enfants et les adolescents. Les conclusions de la commission seront présentées au plus tard le 12 septembre prochain.

De son côté, le réseau social assure appliquer des "règles strictes" pour protéger sa communauté et supprime "98% des contenus qui les enfreignent." L'application propose par exemple aux parents de limiter le temps d'écran de leurs enfants à 60 minutes.

Thomas Leroy