"J'ai pleuré toute la nuit": les 14 heures folles qui ont fait trembler les partisans de Tiktok

L'arrêt n'aura duré que quelques heures. Ce dimanche 19 janvier, Bytedance, la maison-mère de Tiktok, a rendu inaccessible aux États-Unis son célèbre réseau social de vidéos courtes.
En effet, en avril dernier, le Congrès américain avait voté à une large majorité une loi obligeant Bytedance à céder l'application à un autre propriétaire d'ici au 19 janvier, sous peine d'interdiction aux États-Unis. Saisie par Tiktok en dernier recours, la Cour suprême américaine avait refusé ce vendredi 17 janvier, à l'unanimité, de suspendre la loi. Les neuf hauts magistrats ont estimé que les inquiétudes du Congrès "en matière de sécurité nationale" étaient "bien fondées".
Quatorze heures d'interdiction
Et faute d'accord avec un potentiel acheteur, l'application a tout simplement disparu des boutiques d'applications ce 19 janvier. Capcut et Lemon8, les autres plateformes de Bytedance, étaient également absentes de l'App Store ou du Google Play Store.
De leur côté, les 170 millions d'utilisateurs qui possédaient déjà Tiktok ont été dans l'impossibilité de se connecter. Certains Américains ont bien tenté de se connecter avec des VPN, des logiciels qui permettent de simuler une connexion dans un autre pays, mais en vain. Selon Wired, selon les comptes non-américains qui disposaient d'une carte SIM étrangère permettaient pouvaient se connecter au réseau social.
Les internautes américains tombaient ainsi sur un message automatique: "Une loi interdisant Tiktok a été mise en application aux États-Unis. Cela signifie que vous ne pouvez plus utiliser Tiktok pour l'instant." Mais le texte continuait sur une note plus positive: "Nous avons la chance que le président Trump ait indiqué qu'il allait travailler avec nous à une solution pour rétablir Tiktok une fois entré en fonction (...) Restez branchés !"

Et effectivement, quatorze heures plus tard, l'application était déjà de retour aux États-Unis, galvanisée par les déclarations du futur président américain. Dans un message posté sur sa plateforme Truth Social le 19 janvier, le républicain a partagé son intention de signer un décret offrant un répit de 90 jours au réseau social pour trouver un acheteur. Il propose également que le réseau social soit contrôlé à 50% par des actionnaires américains.
"Ne pas laisser Tiktok dans le noir"
"Je voudrais voir une société commune contrôlée à 50% par des Américains", a écrit le président élu. "Sans accord américain, il n'y a pas de Tiktok. Avec notre validation, cela vaut plusieurs centaines de milliards, voire milliers de milliards."
"Je demande aux entreprises de ne pas laisser Tiktok dans le noir!", enjoint Donald Trump, assurant aux fournisseurs d'internet et boutiques d'applications que son décret les protégerait rétroactivement contre d'éventuelles poursuites. En effet, la loi prévoit de très lourdes amendes pour ces prestataires techniques, jusqu'à 5.000 dollars par utilisateurs pour les boutiques d'application.
Dans un message partagé sur X, le groupe a remercié le président élu, qui sera officiellement investi ce 20 janvier. "Nous allons travailler avec le président Trump à une solution de long terme pour maintenir Tiktok aux États-Unis", a assuré l'entreprise.
Le réseau social a d'ailleurs profité de cet élan de sympathie pour remplacer le message mentionnant la suspension du service par un texte souhaitant de nouveau la bienvenue aux utilisateurs, grâce "aux efforts du président Trump".
"J'ai pleuré toute la nuit"
La suspension, bien que temporaire, a fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux. "Je ne sais pas quoi faire! Oh mon Dieu, j'ai déjà ouvert et fermé l'application probablement six fois juste pour continuer à recevoir le même message d'avertissement stupide. C'est tellement dystopique", a lancé l'influenceur James Charles.
"Tiktok a changé ma vie pour toujours. C'est tellement fou (...) Tu resteras à jamais dans nos cœurs. Merci pour tout", a écrit sur Instagram SpencerX.
De son côté, Alix Earlen suivie par 7 millions d'abonnés sur Tiktok, s'est filmée les larmes aux yeux, un verre de vin à la main. "J'ai l'impression de traverser une période de deuil. Cette plateforme est plus qu'une application ou un travail pour moi. J'ai tellement de souvenirs ici", raconte-t-elle. "J'ai posté tous les jours au cours des 6 dernières années de ma vie. (...) J'ai pleuré toute la nuit."
De nombreux créateurs de contenus se sont ainsi réfugiés sur des plateformes concurrentes, comme Xiaohongshu (appelé RedNote en anglais) ou Instagram. Les deux réseaux sociaux figurent d'ailleurs dans le top 10 des applications gratuites les plus téléchargées sur l'App Store aux États-Unis selon The Verge.
Donald Trump devrait signer ce lundi 20 janvier, sitôt son investiture terminée, un décret offrant un délai supplémentaire de quatre-vingt-dix jours à Tiktok pour trouver un repreneur. Mais jusqu’ici, Bytedance a toujours officiellement refusé de céder son joyau. Plusieurs candidats se sont pourtant manifestés.
Parmi eux, le propriétaire de l'OM Frank McCourt ou encore le youtubeur numéro MrBeast. Selon Bloomberg, la start-up d’intelligence artificielle Perplexity AI aurait "soumis une offre à Bytedance pour fusionner avec ses activités américaines et créer une nouvelle entité".