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"Trésors irremplaçables": le gouvernement japonais demande à OpenAI de cesser de piller ses mangas et ses animés

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Le gouvernement japonais a déposé une demande officielle auprès de la start-up de Sam Altman pour qu'elle cesse ses violations des droits d'auteur. Plusieurs agences et studios américains ont également demandé à OpenAI de prendre des mesures.

La pression monte autour d'OpenAI. Comme le rapporte le média japonais IT Media, le gouvernement japonais est monté au créneau. Il a officiellement déposé une demande officielle auprès de la start-up de Sam Altman pour qu'elle cesse de copier ses animés.

La demande a été faite par Minoru Kiuchi, le ministre chargé de la Sécurité économique et de la propriété intellectuelle au Japon, lors d'une conférence de presse au Cabinet Office, vendredi 10 octobre. Il a accusé l'entreprise de violation de droits d'auteur.

"Le manga et l'animé sont des trésors irremplaçables dont le Japon est fier devant le monde entier", insiste-t-il. "Nous avons demandé à OpenAI de ne commettre aucune action susceptible de constituer une violation du droit d'auteur."

Il s'appuie notamment sur la loi japonaise sur la promotion de l'IA. Entrée en vigueur le 1er septembre dernier, elle stipule que le gouvernement peut "analyser les cas où les droits ou les intérêts des citoyens ont été violés par la recherche, le développement ou l'utilisation de technologies liées à l'IA à des fins inappropriées ou par des méthodes inappropriées, et envisager des contre-mesures sur la base de ces analyses". En revanche, la loi ne prévoit pas de sanctions claires en cas d'utilisation abusive de l'IA

"Contrôle plus précis" sur la génération de personnages

L'entreprise d'IA a attiré l'attention du Japon depuis plusieurs mois. Depuis mars, et la mise en ligne d'un nouveau modèle de création d'images directement intégré à ChatGPT, de nombreux internautes ont généré sur les réseaux sociaux des images visiblement inspirées du style du Studio Ghibli. Le hic, c'est que la société américaine n'a passé aucun accord de licence avec le studio japonais. Mais le gouvernement n'avait pas réagi.

Fin septembre, le lancement de Sora 2, la nouvelle version majeure de son générateur de vidéos par intelligence artificielle, a ravivé des inquiétudes. L'application a rapidement rencontré un large succès. Les internautes se sont rapidement amusés à générer des vidéos montrant des personnages de séries et de jeux vidéo protégés par le droit d'auteur. Au programme, Mario qui conduit comme un fou, Pikachu qui attaque les plages de Normandie ou quelques vidéos inspirées de One Piece.

De son côté, Sam Altman, le PDG d'OpenAI, a assuré dans un billet de blog offrir un "contrôle plus précis sur la génération de personnages, similaire au modèle d'adhésion pour la ressemblance, mais avec des contrôles supplémentaires". Les ayants droit peuvent déjà demander à ce que leur propriété intellectuelle ne soit pas utilisée sur Sora. Le créateur de ChatGPT a également annoncé le 9 octobre avoir mis en place des garde-fous pour empêcher la création de personnages célèbres.

Dans son billet de blog, l'entrepreneur n'a pas manqué de "saluer la remarquable créativité du Japon". "Nous sommes frappés par la profondeur du lien entre les utilisateurs et le contenu japonais", a-t-il ajouté. Aucune réponse formelle d'OpenAI n'a en revanche été transmise au gouvernement japonais pour le moment.

Et le Japon est loin d'être une exception. Plusieurs agences et studios américains ont critiqué et appelé OpenAI à prendre des mesures concernant son application Sora. C'est le cas de la Creative Artists Agency (CAA). "Il est clair qu'OpenAI/Sora expose nos clients et leur propriété intellectuelle à des risques importants", a fustigé l'agence, qui représente Scarlett Johansson, Doja Cat ou encore Tom Hanks. De son côté, la United Talent Agency, a qualifié l'application "d'exploitation, et non d'innovation", affirmant son soutien aux artistes dans ce combat.

Salomé Ferraris