Sora 2: les agences d'artistes et studios américains somment OpenAI de respecter leur propriété intellectuelle

OpenAI ne fait pas que des heureux avec Sora. Fin septembre, l'entreprise a dévoilé son application permettant de générer des vidéos grâce à son nouveau modèle d'IA, Sora 2. Elle a rapidement rencontré un grand succès, mais provoque aussi des problèmes car elle regorge de vidéos montrant des personnages de séries et de jeux vidéo protégés par le droit d'auteur.
Et les agences de stars américaines n'ont pas tardé à faire entendre leur voix face à cette violation. "Il est clair qu'OpenAI/Sora expose nos clients et leur propriété intellectuelle à des risques importants", a fustigé la Creative Artists Agency (CAA), qui représente Scarlett Johansson, Doja Cat ou encore Tom Hanks, comme le rapporte le site américain Deadline.
"OpenAI et ses entreprises partenaires estiment-elles que les êtres humains, les auteurs, les artistes, les acteurs, les réalisateurs, les producteurs, les musiciens et les athlètes méritent d'être rémunérés et reconnus pour leur travail?", demande l'agence.
"Ou OpenAI croit-elle pouvoir tout simplement le voler, au mépris des principes internationaux du droit d'auteur et au mépris flagrant des droits des créateurs, ainsi que des nombreuses personnes et entreprises qui financent la production, la création et la publication de leurs oeuvres? À notre avis, la réponse à cette question est évidente", a-t-elle fustigé.
Plus de contrôle pour les détenteurs de droits
L'agence se dit cependant "ouverte et à l'écoute" des solutions d'OpenAI. Face aux critiques, le patron de la start-up, Sam Altman, a d'ailleurs déclaré, sur son blog le 4 octobre que sa société allait bientôt donner aux détenteurs de droits "un contrôle plus précis sur la génération de personnages, similaire au modèle d'adhésion pour la ressemblance, mais avec des contrôles supplémentaires".
OpenAI ayant fait le choix de lancer Sora avec un système de refus, il est actuellement possible d'utiliser des contenus protégés par le droit d'auteur sauf si les agences ou studios demandent à ce que leur propriété intellectuelle ne soit pas utilisée.
Le créateur de ChatGPT a en outre annoncé le 9 octobre avoir mis en place des garde-fous pour empêcher la création de personnages célèbres. La start-up examine aussi les vidéos existantes de Sora afin de déceler tout contenu non conforme à la politique mise à jour.
"Nous supprimons les personnages générés du flux public de Sora et déploierons des mises à jour qui donneront aux détenteurs de droit davantage de contrôle (...) sur la manière dont les fans peuvent les utiliser", a déclaré Varun Shetty, vice-président des partenariats médias d'OpenAI, à CNBC.
OpenAI sommé d'agir
La CAA a par ailleurs révélé qu'elle travaillait avec les responsables de la propriété intellectuelle, les syndicats, les législateurs et les décideurs politiques mondiaux sur la question.
"Le contrôle, l'autorisation d'utilisation et la rémunération constituent un droit fondamental de ces travailleurs", a-t-elle assuré, ajoutant que "toute protection insuffisante des créateurs et de leurs droits est inacceptable".
D'autres agences ont aussi critiqué Sora, comme la United Talent Agency, qui a qualifié l'application "d'exploitation, et non d'innovation", affirmant son soutien aux artistes dans ce combat. L'agence artistique WME a, elle, "notifié OpenAI que tous [ses] clients devaient être retirés de la dernière mise à jour de l'IA de Sora, que les titulaires de droits de propriété intellectuelle aient ou non refusé la propriété intellectuelle à laquelle nos clients sont associés", comme l'indique le Los Angeles Times.
La Motion Picture Association, qui représente les intérêts des plus grands studios hollywoodiens avait, elle, exhorté la start-up à prendre des "mesures immédiates et décisives" contre les vidéos utilisant Sora 2 pour produire du contenu portant atteinte à ses droits d'auteur le 7 octobre.
Les studios de cinéma ont aussi fini par prendre la parole. Disney, qui a déjà porté plainte contre Midjourney pour violation du droit d'auteur en juin, a adressé une lettre à OpenAI la semaine dernière, lui indiquant ne pas l'avoir autorisé à copier, distribuer, afficher publiquement ou reproduire toute image ou vidéo mettant en scène ses oeuvres et personnages protégés par le droit d'auteur, a confié une source proche du dossier à CNBC.
Le studio aurait cependant précisé qu'il n'avait aucune obligation à se retirer de Sora ou de tout autre système d'OpenAI afin de préserver ses droits en vertu de la loi sur le droit d'auteur.