"La piraterie est la piraterie": Disney et NBCUniversal poursuivent le générateur IA d'images Midjourney

Disney et NBCUniversal ont assigné mercredi devant un tribunal fédéral de Los Angeles la plateforme de génération d'images par intelligence artificielle (IA) Midjourney, qu'ils accusent d'avoir utilisé leurs contenus sans autorisation pour développer ses interfaces.
Depuis l'arrivée de ChatGPT, de nombreux acteurs majeurs de la musique et des médias ont attaqué plusieurs start-up d'IA générative, taxées de piller internet sans se préoccuper du respect du droit de la propriété intellectuelle.
Mais l'industrie du cinéma et de la télévision était, jusqu'ici restée en retrait, bien que le syndicat américain des auteurs (WGA) ait solennellement appelé, en décembre, les studios à "ne plus rester sur la touche".
Une sanction de 150.000 dollars par oeuvre
Disney et NBCUniversal (filiale du câblo-opérateur Comcast) décrivent Midjourney comme "un distributeur numérique, qui génère, à l'infini, des copies non autorisées de travaux" produits par les studios des deux géants du divertissement, selon le document de l'assignation déposé au tribunal mercredi.
Ils comprennent, sous l'ombrelle Disney, Marvel, Lucasfilm (la saga "La guerre des étoiles" et tous ses dérivés) et 20th Century, et côté NBCU, Universal et DreamWorks. Les deux sociétés produisent des exemples, une simple demande permettant, selon eux, de générer une image de Dark Vador ("La guerre des étoiles") ou des Minions, héros de plusieurs films d'animation distribués par Universal.
"La piraterie est la piraterie, et le fait qu'une image ou une vidéo soit créée par IA ou une autre technologie n'en constitue pas moins une infraction au droit de propriété intellectuelle", font valoir les deux entreprises.
Elles indiquent avoir demandé à Midjourney de cesser de puiser dans leurs contenus de façon indue, sans succès, et s'inquiètent de la commercialisation prochaine par la start-up d'une interface d'IA générative pour la vidéo.
Les deux groupes estiment à 300 millions de dollars le chiffre d'affaires dégagé par Midjourney en 2024, deux ans seulement après sa création. Ils demandent à la justice d'enjoindre à Midjourney de ne plus utiliser leurs contenus sans permission, mais aussi la restitution des revenus générés ainsi que le versement de dommages et intérêts.
Ils estiment qu'en vertu des textes en vigueur, la plateforme d'IA générative pourrait être sanctionnée à hauteur de 150.000 dollars par oeuvre. Sollicité par l'AFP, Midjourney n'a pas donné suite dans l'immédiat.
Beaucoup des entreprises d'IA générative mises en cause pour détournement de contenus estiment être couverts par la notion juridique d'utilisation équitable ("fair use"), susceptible de limiter l'application du droit de propriété intellectuelle. Mais si des dizaines de procédures sont en cours, aucun tribunal américain n'a encore tranché sur cette question concernant l'IA.