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ChatGPT: la vague de dessins Ghibli pose de nouvelles questions sur le droit d'auteur

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Certains experts se demandent si l'IA de ChatGPT ne se serait pas entraînée sur des millions d'images de films Ghibli pour développer sa nouvelle fonctionnalité de génération d'images.

C'est une invasion sur les réseaux sociaux. Depuis ce mardi 25 mars, les utilisateurs sur les plateformes, X (ex-Twitter) en tête, s'amusent à transformer photos historiques, mèmes d'internet ou encore leurs photos personnelles façon studio Ghibli.

En effet, OpenAI a lancé une nouvelle fonction de ChatGPT: la génération d'images avec GPT-4o. Ce modèle est capable de créer des images mais aussi de s'inspirer de vraies images et de les modifier.

Sur quoi entraîner les modèles d'IA?

Mais ce que la startup californienne n'avait peut-être pas anticipé, c'est que les internautes s'amusent à transformer des clichés célèbres à la façon des films d'animation Ghibli ou des marionnettes du Muppet Show.

Au programme, des clichés de la rencontre de Donald Trump et Volodymyr Zelensky, le célèbre cliché après la tentative d'assassinat de Donald Trump ou des images du Seigneur des anneaux. Même Sam Altman, le PDG d'OpenAI a modifier sa photo de profil X dans le style du studio japonais.

Une fonctionnalité amusante, donc, mais qui pose de nouvelles questions autour du droit d'auteur. Pour Evan Brown, avocat spécialisé en propriété intellectuelle, des IA comme le générateur d'images de GPT-4o évoluent aujourd'hui dans une zone grise juridique.

En effet, si le style d'une oeuvre n'est pas explicitement protégé par le droit d'auteur, l'avocat estime qu'il est plausible qu'OpenAI ait obtenu cette ressemblance en entraînant son modèle sur des millions d'images des films de Ghibli.

"Je pense que cela soulève la même question que nous nous posons depuis quelques années", observe-t-il pour Techcrunch. "Quelles sont les conséquences en matière de violation du droit d'auteur liées à la consultation, à l'exploration du web et à la copie dans ces bases de données?"

Des inquiétudes croissantes

Depuis le boom de ChatGPT il y a plus de deux ans, les inquiétudes montent concernant le respect du droit d'auteur lors de l'entraînement des modèles. OpenAI et Microsoft, son principal investisseur, font ainsi l'objet de plusieurs actions en justice pour violation d'œuvres protégées par le droit d'auteurs. Les deux entreprises sont accusées d'utiliser ces contenus pour entraîner les modèles de langage (LLM) d'OpenAI.

Des accusations similaires ont été portées contre d'autres grandes entreprises d'IA, notamment Meta et la startup de génération d'images par IA Midjourney. En mars, en France, plusieurs organisations représentatives des éditeurs et auteurs ont par exemple porté plainte contre Meta pour avoir entraîné son IA avec des livres protégés par le droit d'auteur.

De son côté, un porte-parole d'OpenAI affirme à Techcrunch que ChatGPT "refuse de reproduire le style d'artistes vivants individuels. En revanche, le chatbot est autorisé à reproduire "les styles de studios plus larges".

"Nous continuons d'empêcher les générations de reproduire le style des artistes vivants, mais nous autorisons des styles de studio plus larges, que certains ont utilisés pour créer et partager des créations originales de fans vraiment délicieuses et inspirantes", détaille ainsi le porte-parole.

A noter qu'OpenAI interdit de reproduire certaines licences comme Disney ou Dragon Ball: en pratique, il efface l'image générée au moment où elle se finalise.

Salomé Ferraris