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Accusant Microsoft d'être complice des bombardements à Gaza, les développeurs de Dishonored réclament la fin de ses collaborations avec Israël

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A la tête de la série Dishonored et désormais chez Microsoft après le rachat de Bethesda en 2020, le studio français Arkane réclame la fin de la collaboration de sa maison-mère avec Israël.

C'est une parole rare qui pourrait bien marquer les esprits. Dans une lettre ouverte diffusée sur le site du Syndicat des travailleurs du jeu vidéo, le studio français Arkane (basé à Lyon) souhaite se faire entendre face à sa direction et son propriétaire, Microsoft. Arkane a été intégré à Xbox après le rachat de Bethesda en 2020 et travaille actuellement sur une adaptation du comics Marvel Blade.

Pour les salariés, il faut que Microsoft cesse ses collaborations avec Israël, alors que l'Etat juif bombarde la bande de Gaza sans discontinuer depuis des mois, et qu'une famine est en cours en raison du manque de vivres autorisés à entrer par l'armée israélienne.

"La politique d'oppression, d'occupation et de colonisation du régime israélien leur ont interdit de jouir de leurs droits à vivre normalement, pourtant universel," écrit ce collectif.

"Microsoft doit prendre les mesures nécessaires"

Réagissant à la campagne de boycott des produits et jeux Xbox initiée par le mouvement BDS (pour Boycott, Désinvestissement et Sanction), qui cherche à faire bouger des entreprises collaborant avec Israël, la lettre réclame que Microsoft prenne "les mesures nécessaires".

"Cette campagne a pour but de mettre en lumière la manière dont le génocide en cours par l'armée israélienne sur la population palestinienne est grandement facilité par l'utilisation des services et technologies fournis par Microsoft," dénonce les salariés.

Si Microsoft a nié faciliter les bombardements sur Gaza, l'entreprise travaille néanmoins activement avec le gouvernement et l'armée israélienne, comme l'a révélé l'agence Associated Press. Pire, cette collaboration aurait été "renforcée" ces dernières années, notamment grâce aux technologies d'Azure, son service de serveur. L'entreprise avait expliqué ne pas pouvoir garantir l'utilisation de ses produits mais n'a pas non plus fait le choix de stopper ses contrats en cours.

En interne, le mouvement prend de l'ampleur

Le mouvement pro-palestinien et contre l'idéologie sioniste au sein de Microsoft a pris de l'ampleur ces derniers mois. Plusieurs employés, dont certains ont été licenciés, avaient ainsi perturbé des conférences célébrant les 50 ans de l'entreprise américaine. Plus de 2.000 salariés de Microsoft avaient également signé une pétition pour que leur société arrête de fournir les services Azur face à ce qu'ils qualifient d'"apartheid".

Malgré la popularité de cette pétition, "Microsoft fait la sourde oreille", explique Arkane Studios : "A ce jour, Microsoft dénigre son engagement moral, auprès du public comme de ses employé·e·s, en étant activement complice de l’invasion de la Palestine et des crimes de guerre qui s’y déroulent. Si ces 'valeurs' sont plus que de simples arguments de vente pour toujours plus pousser à l’achat, il est temps que Microsoft les applique réellement."

Plusieurs choses sont réclamées dans cette lettre ouverte. La résiliation de tous les contrats, présents ou futurs, avec les "forces d'occupation israélienne", la publication des liens de Microsoft avec Israël avec un audit indépendant, un appel au cessez-le-feu "immédiat et permanent" dans la bande de Gaza, et la garantie de la liberté d'expression des salariés pro-palestiniens, notamment sur les plateformes internes de l'entreprise.

Sylvain Trinel